Quelque 13 ans après son lancement officiel, le projet de Grande Muraille Verte pour lutter contre la désertification au Sahel n'avance que peu. À l'occasion du One Planet Summit, une promesse de presque 12 milliards d'euros de financement pourrait lui donner une seconde chance. À condition qu'ils soient réellement versés.


au sommaire


    Officiellement lancé en 2007 par l'Union africaine, la Grande Muraille Verte est en difficulté. Ce projet vise à restaurer 100 millions d'hectares de terres dégradées au Sahel, notamment par la plantation d'arbres, afin de ralentir la progression du désertdésert en Afrique et d'offrir des opportunités d'emploi. Le Sahara, situé au nord du Sahel, avance chaque année vers les savanes au sud du Sahel. Sous l'égide de l'Agence panafricaine de la Grande Muraille Verte, celle-ci traverserait 7.500 km de l'ouest à l'est du continent, avec 11 pays sur son trajet : Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Soudan, Érythrée, Éthiopie, Djibouti.

    Cette muraille aurait dû aboutir en 2030, mais cela paraît compromis. En presque 15 ans, seulement quatre millions d'hectares ont été restaurées selon l'estimation la plus basse, et près de 18 millions d'hectares d'après l'estimation la plus haute. Le compte est loin d'être atteint. Pour cause, plusieurs défis se dressent sur la route des 11 pays. D'une part, certains de ces pays sont parmi les plus pauvres de la Planète, subissent de l'insécurité et des violences en leur sein, et ont globalement d'autres priorités en matièrematière d'investissement. D'autre part, les financements et l'organisation ne semblent pas suffisamment au rendez-vous. Surtout, les financements annoncés par des donateurs peinent à arriver. Sur les quatre milliards de dollars promis en 2015, lors des Accords de Paris, entre 149 et 870 millions ont été versés. 

    Le Sahel est la zone délimitant le passage du Sahara aux savanes africaines. © SotaLCB2416, Adobe Stock
    Le Sahel est la zone délimitant le passage du Sahara aux savanes africaines. © SotaLCB2416, Adobe Stock

    Dernière chance

    Le 11 janvier, le One Planet Summit pour la biodiversité s'est tenu à Paris. Durant cette rencontre internationale, environ 11,8 milliards d'euros sur cinq ans ont à nouveau été promis. Un montant bien plus conséquent, accompagné de la création d'un secrétariat de la Grande Muraille Verte, rattaché à la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertificationdésertification. « Reste maintenant à voir comment tout cela sera compatible avec le respect des souverainetés nationales », avance l'un des des donateurs, dont les propos sont rapportés par Le Monde.

    Cette muraille a un potentiel colossal. Elle pourrait créer dix millions d'emploi et capturer 250 millions de tonnes de carbone. Selon l'ONU, elle est « conçue pour transformer la vie de 100 millions de personnes en cultivant une mosaïque d'arbres, de prairies, de végétation et de plantes ». Pour parvenir à son terme, pas moins de 8,2 millions d'hectares devront être restaurés chaque année jusqu'en 2030. Pour un coût total estimé entre 29 et 35 milliards d'euros. Si les annonces du One Planet Summit sont suivies d'effets, il reste une chance d'enraciner cette utopie dans la réalité.