Et si demain nos vêtements mesuraient notre tension ou nous avertissaient lorsqu'une personne âgée tombe ? Certaines entreprises de la région Rhône-Alpes spécialisées dans les textiles techniques multiplient les applications médicales du futur.

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    L'ancienne capitale mondiale de la soie s'appuie sur son savoir-faire. « On a commencé par tisser du fil de soie, qui est un fil continu, ce qui le rend mécaniquement plus résistant. Les entreprises ont ensuite repris cette technique pour travailler le fil de nylonnylon, puis le fil de verre et de carbonecarbone », explique Jean-Charles Potelle, président d'Unitex, l'interprofession régionale du textile, à l'occasion du Textival, une convention d'affaires du secteur qui s'est tenue mardi à Lyon.

    « C'est méconnu du grand public mais les industries textiles fournissent plus de dix marchés d'applicationapplication : l'aéronautique avec les matériaux composites plus légers que le métalmétal, le bâtiment, la téléphonie ou le secteur de la santé », énumère Corinne Farace, déléguée générale de Techtera (Technical Textiles Rhône-Alpes), labellisé pôle de compétitivité par l'État depuis dix ans.

    Avec le vieillissement de la population et l'évolution des technologies, les applications médicales explosent. Depuis plusieurs années, les chirurgiens ont l'habitude d'utiliser des implants en tissus pour éviter les récidives de hernie ou lutter contre l'incontinence urinaire. Dans ce dernier cas, une bandelette est placée sous la vessie pour soutenir les organes qui tombent et provoquent l'incontinence urinaire. La mise au point de ces implants, qui se vendent plusieurs centaines d'euros pièce, nécessite une grande technicité. Pour les hernies, « la difficulté est d'avoir un tissu poreux mais avec une performance suffisante pour renforcer la paroi abdominale », illustre Damien Simons, responsable recherche et développement textile pour Medtronic.

    Ce fabricant américain d'appareillages médicaux a choisi la région pour produire ces implants et mener ses recherches. « La hernie est la deuxième opération la plus courante après l'appendicite. Et, avec les pays émergentsémergents qui augmentent leurs dépenses de santé, le site de Trévoux (Ain) a multiplié sa production par six en dix ans », ajoute-t-il. « Il y a maintenant une réflexion sur les implants résorbables. Par exemple, on sait que dans les deux ans qui suivent une césarienne, il y a un risque de hernie. L'idée serait de trouver un produit permettant d'en éviter l'apparition, résorbable dans un temps maîtrisé », glisse Damien Simons.

    Le D-Shirt contient des capteurs (accéléromètres, GPS…) et des fines électrodes reliés à un boîtier traitant les données. Il peut ainsi suivre les battements cardiaques. Apparaissant actuellement dans le domaine du sport, cette technologie pourra aussi être utilisée pour suivre différents paramètres physiologiques et pour des applications médicales. © <em>Cityzen Sciences </em>

    Le D-Shirt contient des capteurs (accéléromètres, GPS…) et des fines électrodes reliés à un boîtier traitant les données. Il peut ainsi suivre les battements cardiaques. Apparaissant actuellement dans le domaine du sport, cette technologie pourra aussi être utilisée pour suivre différents paramètres physiologiques et pour des applications médicales. © Cityzen Sciences

    Textile lumineux et semelles connectées

    Les innovations dans le secteur juteux des textiles du futur peuvent aller beaucoup plus loin. MDB Texinov, basée en Isère, planche par exemple sur un textile intelligent lumineux mis au point avec le CHU de Lille, qui permettrait de rendre plus homogène la photothérapie dynamique pour soigner les cancers de la peaucancers de la peau, détaille Nadège Boucard, responsable R&D. Historiquement, cette petite PME de 60 personnes fabriquait de la tulle pour les mariages. Aujourd'hui, elle en est loin avec ses tissus innovants pour la santé, l'agricultureagriculture (filets de protection), le bâtiment ou l'aéronautique.

    Les vêtements regorgent eux aussi d'innovations. Facil'en fil, propriété de Boldoduc, vend par exemple aux maisons de retraite des vêtements qui s'enfilent sans effort pour les personnes âgées. Et demain, ces robes et pantalons seront peut-être dotés d'un détecteur de verticalité. La filière travaille sur un vêtement intelligent qui alerterait un smartphone lorsqu'une personne tombe, selon Jean-Charles Potelle, PDG de Boldoduc, basé dans le Rhône. « On peut aussi imaginer un textile qui mesure la pression artériellepression artérielle ou la tension avec un fil continu dans le vêtement qui soit conducteur d'une information ».

    Thuasne, PME stéphanoise, vient à ce sujet de signer un partenariat avec la start-upstart-up FeetMe. L'accord porteporte sur une semelle connectée qui envoie en temps réel des informations aux patients diabétiquesdiabétiques ayant perdu la sensibilité au niveau du pied, pour éviter l'apparition de plaies et d'ulcères.

    Après le numériquenumérique, l'impression 3D sera sans doute la prochaine étape. Pour l'heure les PME de la région peuvent déjà compter sur la plateforme MistralMistral qui accueille à Ecully, près de Lyon, l'unique tresseuse 2,5D de France. Elle permet par exemple de fabriquer des fibres à l'échelle nanométrique pour apporter des fonctionnalités nouvelles comme la perspiration, qui laisse passer la transpirationtranspiration.