L'Union européenne et les Etats-Unis sont sur le point de concrétiser un accord leur permettant de mettre en commun les ressources apportées par Galileo et le GPS, leurs systèmes de positionnement par satellites respectifs.

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    Le satellite GIOVE-A, démonstrateur de Galileo et actuellement en orbite. Crédit ESA.

    Le satellite GIOVE-A, démonstrateur de Galileo et actuellement en orbite. Crédit ESA.

    Cet accord d'interopérabilité n'est toutefois pas une surprise. Il ne fait que mettre en pratique une précédente entente, scellée entre le secrétaire d'État américain Colin Powell, la vice-présidente de la Commission Loyola de Palacio et le ministre irlandais des Affaires étrangères Brian Cowen agissant pour le compte du Conseil de l'UE le 26 juin 2004 en Irlande (alors siège de l'UE).

    Grâce à cette entente, les réseaux satellitaires pourront opérer sur les mêmes fréquences, en éliminant tout risque d'interférenceinterférence accidentelle. De concurrentes, les deux constellationsconstellations de 30 satellites chacune deviendront donc complémentaires et permettront une plus grande précision de positionnement au moyen de récepteurs compatibles combinant les données entre elles.

    Conséquences politiques et économiques

    Cet accord, dès qu'il sera entériné, mettra aussi fin à un conflit pseudo-militaire sur fond commercial. Rappelons-nous que le secrétaire adjoint à la Défense Paul Wolfowitz avait adressé le 1er décembre 2001 aux ministres homologues des quinze pays membres de l'Union européenne une lettre officielle leur demandant de rejeter le programme GalileoGalileo en prétextant des possibilités d'interférences radio et un risque de sécurité nationale.

    Le bénéfice de cet accord politique sera double. Non seulement le GPS, dont la technologie remonte à plus de 30 ans, pourra bénéficier de l'avancée technologique de Galileo, mais ce dernier pourra faire son entrée en force dans l'usage courant en éliminant le frein de la concurrence par la commercialisation d'appareils hybrideshybrides. Ceux-ci seront capables de recevoir et de combiner les signaux de l'un et de l'autre, mais aussi de passer de l'un à l'autre le cas échéant de façon totalement transparente pour l'utilisateur.

    Selon les responsables américains du GPS, ces appareils hybrides remplaceront progressivement les récepteurs actuels sans aucun surcoût, les technologies utilisées ne se réclamant pas d'une complexité particulière. Tout au plus devront-ils opérer leur choix parmi 60 canaux au lieu des 30 disponibles actuellement.

    Et l'autonomie européenne, dans tout cela ?

    L'autonomie européenne ne semble pas remise en cause, dès lors que les signaux utilisés pourront provenir indifféremment du GPS ou de Galileo, mais aussi de l'un d'eux seulement. Avec pour corollaire que cette généralisation pourrait contraindre les militaires américains à ne plus envisager un blocus de leur propre réseau en cas de conflit ou de crise grave (comme durant la Guerre du Golfe), cette mesure devenant en pratique inopérante.

    Bien que ce changement de politique ne manquera pas d'être présenté par certains comme une faiblesse de l'Europe, il faut plutôt y voir une réponse américaine devant la menace représentée par une technologie européenne beaucoup plus performante, la mise à jour du réseau GPS au même niveau technologique que Galileo n'étant pas prévue avant 2010-2020.

    Reste qu'avant que ces promesses se concrétisent, il faudra encore que Galileo existe ailleurs que sur le papier, c'est-à-dire en orbiteorbite. Pour l'instant, un seul démonstrateurdémonstrateur a été lancé et le programme s'est enlisé durant deux années, les sociétés privées en charge de son développement n'ayant pu se s'entendre malgré les menaces de l'Union Européenne, qui s'est vue contrainte de retirer le marché au domaine privé et d'orienter le programme vers un financement totalement public.