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La dernière gamme de Minitel... Ils n'étaient donc pas tous marron et ont même connu les écrans plats, grâce à Matra et à son Minitel 5 portable. © Minitel.com
Voilà, c'est fait. Prévue de longue date, la fin du Minitel prend effet ce 30 juin 2012. Le boîtier marron et ses successeurs, avec leurs 1.000 pixels et leur grelot qui sonne à la connexion ne seront plus que des objets à recyclerrecycler. On ne pourra plus les faire fonctionner, même pour rire. Les musées ne montreront qu'un appareil éteint, en attendant qu'un électronicien bricole un ordinateur capable d'afficher du texte et des caractères semi-graphiques (des petites formes géométriques à assembler savamment) répondant à la norme Vidéotex.
Combien reste-t-il de Minitels (Médium interactifinteractif par numérisation d'information téléphonique) ? Peu d'utilisateurs (420.000 connexions mensuelles en 2011) mais beaucoup d'appareils. Des millions sûrement, puisque qu'on en comptait 9 millions en 2002 et 2 millions en 2010.
Le 12 septembre 1979, sur TF1, Roger Gicquel, présentateur du journal de 20 heures, annonce à la France médusée l'avènement de la télématique, « économe en énergie et créatrice d'emplois », selon les mots du président de la République, Valéry Giscard d'Estaing. Michel Chevalet nous explique cette évolution d'avenir et nous présente le Minitel, qui sera bientôt diffusé, à titre expérimental, en Ille-et-Vilaine. © Ina
La fin de Transpac
Si le service Télétel (le réseau des MinitelMinitel) prend fin, c'est parce que le réseau TranspacTranspac s'arrête. Filiale de France Télécom, Transpac avait mis en place à partir de 1979 un réseau de transmission par paquetspaquets à la norme X 25, que le protocoleprotocole TCP/IPTCP/IP a rendu obsolète. Le Minitel n'en étant plus que le seul utilisateur, avec un réseau privatif entre banques (Etebac), il fallait bien que tout cela s'arrête un jour.
Il ne reste donc plus que les vidéos d'amateurs et les reportages enregistrés par l'Ina (Institut national de l'audiovisuel) pour restituer ce qu'a été cet Ovni français à partir de 1982. InternetInternet n'était pas encore ce qu'il est mais on parlait déjà de « convergence entre informatique et télécommunications », un concept traduit par un néologisme heureux : télématiquetélématique. Le mot rimait avec magique et annonçait des lendemains connectés, ce qui n'était pas faux.
La télématique démarre avec Prestel et le Minitel
Au Royaume-Uni, on avait lancé le projet PrestelPrestel pour diffuser des actualités sur des écrans, avec un système s'appuyant lui aussi sur cette norme Vidéotex. La France raisonne différemment et, dans les années 1970, planche sur un terminal presque gratuit et largement diffusé, qui donnera accès à des services payés directement par l'usager sur sa facture téléphonique. Ce principe de tarification, baptisé « le kiosquekiosque », avec des prix identifiés par le numéro d'appel (3611, 3613, 3614 ou 3615), simple et fiable pour les fournisseurs de services (rémunérés par France Télécom sur chaque communication) contribuera beaucoup au succès, venu rapidement et qui durera une vingtaine d'années. Le plus gros du trafic va vers l'annuaire téléphonique, les réservations de la SNCF et les services du « Minitel rose » (messageriesmessageries érotiques et petites annonces), qui rapporteront des fortunes à leurs organisateurs et iront jusqu'à absorber la moitié des temps de connexions.
Les services Minitel se sont quelque peu prolongés sur Internet avec iMinitel, un émulateur sur ordinateur mais lui aussi s'arrête...