Face au trafic envahissant des réseaux P2P (peer-to-peer), un groupe d'industriels propose une évolution technique drastique, consistant à introduire un contrôle des échanges. En tenant compte des distances à parcourir et de l'encombrement des réseaux, il conduirait à une nette augmentation des débits, de 60 % si l'on en croit l'expérience qui vient d'être réalisée.
Les échanges par P2P (peer-to-peer) représenteraient plus des deux tiers du trafic Internet mondial (70 % en 2006 d'après une étude de CacheLogic). A ce rythme inflationniste, des déboires sont à craindre. Un fournisseur d'accès américain, Verizon, a constitué un groupe de travail sur le sujet, réunissant des industriels et des groupes de chercheurs. On y trouve notamment des spécialistes du peer-to-peer (comme Bit Torrent), des fournisseurs d'accès, des centres de recherche (l'université de Yale par exemple) et les entreprises déjà regroupées dans la DCIA (Distributed Computing Industry Association).
La solution qui a émergé est de mettre un peu d'ordre dans les échanges. En gros, les serveurs des réseaux Internet choisiraient les sources de données et les chemins pour minimiser les distances et les temps de transferts. Si plusieurs fichiers conviennent au demandeur, le plus proche géographiquement sera privilégié. Actuellement, le premier trouvé est le bon, ce qui laisse au hasard le soin de réguler le trafic...
Optimiser le trafic pour mieux en profiter
Ce principe implique un contrôle intégré à Internet, qui met en jeu à la fois la gestion des réseaux et les applications logicielles. C'est pourquoi elle implique une collaboration entre partenaires industriels. La cinquantaine d'entreprises et d'instituts de recherche ainsi réunis ont fini par accoucher du P4P, alias, selon les documents, Proactive network Provider Participation for P2P, Proactive Provider Assistance for P2P ou Provider portal for P2P.
Un premier test vient d'être réalisé par Verizon et Pando Networks, un fournisseur de services P2P. D'après le communiqué de presse, tout s'est excellemment passé. « Les résultats du test ont été phénoménaux, s'enthousiasme Douglas Pasko, responsable technique de Verizon. [...] Ce nouveau système [...] offre des téléchargements jusqu'à six fois plus rapides. En moyenne, les vitesses de téléchargement, par rapport aux autres méthodes, sont augmentées d'environ 60 % ».
On constate au passage que l'ambiance n'est plus à fustiger les échanges par peer-to-peer mais à en reconnaître l'utilité et même, pour les industriels, à chercher à en tirer profit...