Quiconque s’intéresse un peu à la phylogénétique et plus particulièrement à la lignée humaine s’est déjà rendu compte qu’il existe un grand flou au niveau de la terminologie employée. Termes latins, traductions françaises et anglaises sèment le trouble entre des mots qui se ressemblent et dont la définition varie en fonction des études scientifiques !
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Quand on aborde l'histoire de la lignée humaine, on voit apparaître des termes comme HominoïdesHominoïdes, HominidésHominidés, HomininésHomininés ou Hominines. Des termes assez proches et souvent confondus, d'autant plus lorsqu'il faut jongler avec les termes anglo-saxons... et souvent latins. De quoi se mélanger les pinceaux ! Une mise au clair s'impose donc si l'on veut correctement appréhender notre histoire évolutive.
Classification du vivant et embranchements
Cette terminologie appartient au domaine de la taxonomietaxonomie, dont l'objectif est de décrire la diversité du vivant, notamment en regroupant les organismes sous différentes catégories hiérarchisées entre elles et que l'on appelle des taxonstaxons. Cette classification s'organise ainsi en sept niveaux principaux, eux-mêmes subdivisés en catégories plus fines (préfixe infra, super, sous...)). C’est l’idée de l’arbre, dont la base est large et unique et regroupe l'ensemble du monde vivant, qui se subdivise ensuite en branches, chacune d'entre elles se ramifiant encore en rameaux de plus en plus fins.
Du monde vivant on va ainsi décrire différents domaines, règnes, phylums (embranchementsembranchements), classes, ordres, familles puis genres, eux-mêmes ramifiés en différentes espècesespèces. À noter que les familles sont sous-divisées en sous-famille, tribu et sous-tribu. Chaque être vivant peut ainsi être défini suivant un chemin taxonomique qui est, en quelque sorte, sa carte d'identité. Il est alors possible de voir les embranchements à partir d'ancêtres communsancêtres communs qui ont mené à la formidable diversification de la vie terrestre. Ainsi, la fourmifourmi appartient au règne Animalia, au phylum Arthropoda, à la classe Insecta, à l'ordre Hymenoptera, à la super-famille Formicoidea et à la famille Formicidae.
La terminologie latine reste la plus claire et évite les confusions
On note que la terminologie scientifique utilise le latin pour la classification taxonomique et que les noms des super-familles se terminent par le suffixe -oidea (francisé en -oïdes), les noms des familles par -idae (francisé en -idés), les noms des sous-familles par -inae (francisé en -inés), ceux des tribus par -ini et ceux des sous-tribus par -ina.
Tiens, tiens... cela devrait déjà nous permettre d'y voir plus clair dans la taxonomie de la lignée humaine et de démêler tous ces termes qui commencent par « homin- ». De prime abord, on a donc le terme (latin/français) :
- Hominoidea/Hominoïdes qui fait référence à la super-famille regroupant les humains, les gibbons, les orangs-outans, les gorillesgorilles, les chimpanzéschimpanzés et les bonobosbonobos ;
- Hominidae/Hominidés pour la famille (Hominids en anglais) regroupant les humains, les orangs-outans, les gorilles et les chimpanzés et les bonobos ;
- Homininae/Homininés pour la sous-famille (Hominines en anglais) qui regroupe les humains, les gorilles, les chimpanzés et les bonobos ;
- Hominini pour la tribu (Hominin en anglais), qui regroupe les genres de la lignée humaine Homo, Australopithecus et Paranthropus, mais également les chimpanzés et les bonobos ;
- et enfin Hominina/Hominines pour la sous-tribu qui ne regroupe que les genres HomoHomo, AustralopithecusAustralopithecus et ParanthropusParanthropus. La séparation avec les chimpanzés et les bonobos (sous-tribu Panina) se serait opérée il n’y a que 7 millions d’années environ.
Des termes dont le contenu est encore discuté
On remarque déjà certaines confusions entre les termes français et anglais. De fait, il semble plus clair de rester sur une terminologie latine, qui respecte un code précis grâce au suffixe.
Mais cela ne va pas permettre de tout clarifier, car c'était sans compter sur les divergences scientifiques. On se rend compte en effet qu'il existe plusieurs classifications, tout simplement parce que la place de l’Homme, par rapport notamment aux grands singes, n’est pas encore claire. Les appartenances notamment aux tribus et sous-tribus ne sont donc pas uniformisées. Les gorilles doivent-ils être associés à la sous-tribu des Hominina ? Ou bien doivent-ils être mis dans une tribu à part (Gorillini), comme proposé plus haut ? Autre hypothèse existante dans la littérature, les sous-tribus Gorillina et Hominina (genre Pan et Homo) seraient regroupées dans la tribu des Hominini. On comprend pourquoi l'on s'y perd !
Si l'utilisation des termes latins permet déjà une meilleure clarté, notamment au niveau international, c'est ce qu'ils contiennent qui est pour l'instant encore fluctuant d'une étude à l'autre. Difficile, donc, à l'heure actuelle, de donner une définition précise de ce qu'est un Homininae, un Hominini ou un Hominina.