En raison du nombre relativement élevé de lanceurs en service et en développement capables de mettre en orbite des satellites de petite taille pour un coût raisonnable, Stratolaunch change de stratégie et met de côté ses projets de lanceurs et véhicules spatiaux. La société, qui a développé le plus grand avion hexaréacteur, se concentre dorénavant sur Talon-A, un véhicule de test hypersonique. Dans la course à cette technologie, ce programme suscite un intérêt certain.


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    Après une interruption due au décès de Paul Allen survenu en octobre 2018, la société Stratolaunch a confirmé abandonner, pour le moment, ses projets de lanceurs de satellites depuis son hexaréacteur, préférant se focaliser sur un programme ambitieux de R&D dans le domaine du vol hypersonique. La société a cependant laissé la porteporte ouverte à de futurs services commerciaux d'accès à l'espace, en fonction de la demande et des besoins du marché des lancements de petits satellites en orbite basse. Parmi ses projets dans ce domaine au calendrier plutôt incertain, figure l'avion spatialavion spatial réutilisable Black Ice de transport de fret dont une version pourrait être adaptée pour transporter des passagers.

    Priorité aux vols hypersoniques

    Hier, Stratolaunch a réaffirmé son intérêt dans le domaine de la technologie hypersonique et annoncé le développement d'un véhicule hypersonique réutilisable conçu pour être lancé à partir de l'hexaréacteur de Stratolaunch, le plus grand avion au monde. Il devrait reprendre ses essais en vol en septembre 2020 avec en ligne de mire sa certificationcertification par la FAA, l'agence américaine chargée des règlementations et des contrôles concernant l'aviation civile aux États-Unis.

    Études de conception du véhicule hypersonique Talon-A de Stratolaunch. © Stratolaunch
    Études de conception du véhicule hypersonique Talon-A de Stratolaunch. © Stratolaunch

    Ce futur véhicule aérien, Talon-A, qui reste à développer, sera propulsé par un moteur-fuséefusée à propergol liquide, capable de voler à des vitesses de Mach 5 à Mach 7. Stratolaunch n'a pas divulgué de détails sur ce système de propulsion, notamment si le moteur sera développé en interne ou acheté auprès d'une autre société. Pour décoller, il utilisera l'hexaréacteur, ou une version adaptée, pour atteindre une certaine altitude d'où il sera largué. Il reviendra se poser au sol comme un avion traditionnel. Dans un second temps, Stratolaunch n'exclut pas de doter Talon-A d'un système de propulsion lui permettant de décoller par lui-même. Cela dit, de belles présentations et des vues artistiques attrayantes ne font évidemment pas un programme. La réalisation de ce véhicule dans les délais annoncés par Stratolaunch (d'ici 2022), nous paraît très optimiste de la part d'une société qui n'est pas parvenue à concrétiser tous les espoirs placés en elle pour la réalisation d'un système de lancement de satellites.

    Course technologique aux armes hypersoniques

    Long de 8,5 mètres avec une envergure de 3,4 mètres et une massemasse au lancement de plus de 2,7 tonnes, Talon-A est un véhicule de test de technologies hypersoniques. Ce véhicule aérien a pour but de tester en vol des technologies hypersoniques maison, ou des charges utiles commerciales pour le compte d'institutions, de sociétés commerciales et l'armée américaine par exemple. À terme, Stratolaunch souhaite se doter d'une flottille de quelques unités de Talon-A de façon à fournir un service commercial régulier à tout type de charges utiles de test ou de démonstrations souhaitant évoluer dans un régime hypersonique.

    Voir aussi

    La France va se doter d'un planeur hypersonique

    Cette annonce intervient dans un contexte mondial de fortes tensions géopolitiques entre la Chine, la Russie et les États-Unis qui contraint ces derniers à accélérer leurs programmes d'acquisition des technologies et systèmes d'armes hypersoniques pour contrer et surpasser des armes similaires développées par la Russie et la Chine. Étonnement, ces deux pays qui ont progressivement rattrapé leur retard sur les États-Unis, voire dépassé selon certains experts occidentaux, s'apprêteraient à mettre en service des missilesmissiles capables d'atteindre des vitesses allant de Mach 5 jusqu'à Mach 25.