L'étude de plusieurs traces de mains trouvées à côté de peintures rupestres prouverait que les artistes étaient plutôt des femmes que des hommes. C'est ce qu'affirme un chercheur américain. De nombreux indices avaient déjà montré que l'art rupestre n'était pas l'apanage des mâles.

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    Dans la grotte du Pech Merle, une main en négatif côtoie treize points. Que voulait nous dire l'artiste ? On l'ignore, mais Dean Snow pense que c'était une femme. © Centre de préhistoire du Pech Merle

    Dans la grotte du Pech Merle, une main en négatif côtoie treize points. Que voulait nous dire l'artiste ? On l'ignore, mais Dean Snow pense que c'était une femme. © Centre de préhistoire du Pech Merle

    Les « hommes du paléolithique » qui ont laissé les peintures rupestres étaient-ils plutôt les « femmes du paléolithique » ? C'est ce que pense Dean Snow, professeur d'anthropologie archéologique à la PennState University (Etats-Unis). La révélation lui est venue en étudiant les empreintes de mains en négatif de la grotte du Pech Merle, située en France, dans le Lot, sur la commune de Cabrerets.

    Datées de 25.000 ans, ces représentations de mains entourent une figure bien connue d'un cheval décoré de points. Le chercheur américain a soigneusement mesuré les dimensions de ces dessins, réalisés par la technique du pochoirpochoir, l'artiste soufflant de la peinture sur sa main pour en laisser la trace sur la pierre.

    Financièrement aidé par la société du National Geographic, il a ensuite comparé les proportions mesurées avec celles d'hommes et de femmes vivant actuellement en Europe et qui ont bien voulu poser leurs mains sur son scanner. Selon lui, la plupart des traces de mains trouvées sur le site du Pech Merle sont celles de femmes, contrairement à ce qu'avançaient les archéologues. Pourtant, « même un examen superficiel des images de ces empreintes me suggéraient qu'il y avait là de nombreuses mains de femmes », affirme le chercheur dans la revue National Geographic.

    Dean Snow appuie sa démonstration sur l'observation de trois autres grottes, celle de Gargas, en France (Hautes-Pyrénées) et, en Espagne, celles de Maltravieso (Extrémadure) et d'El Castillo (Cantabrie). Toutes ces œuvres sont datées entre 20.000 et 30.000 ans, donc du paléolithique supérieur. Là encore, les empreintes de mains qu'il a pu étudier seraient féminines. Si les affirmations de Dean Snow sont exactes, elles remettent en cause la vision de l'artiste paléolithique, toujours représenté comme un homme.

    Un logiciel pour déterminer le sexe

    Pour autant, la découverte n'est pas si surprenante. Les mains de la grotte de Gargas, par exemple, datées du Gravettien (- 29 000 à - 22 000 ans), sont depuis longtemps attribuées aux deux sexes et même à tous les âges puisqu'on trouve des empreintes de mains de bébés.

    L'hypothèse de femmes artistes a maintes fois été évoquée. Mais la détermination du sexe par les proportions des doigts, n'est pas si évidente que semble le penser Dean Snow. Au CNRS, un logiciellogiciel spécial, Kalimain, a été développé et commence à donner des résultats. Il a notamment été utilisé pour un magnifique ensemble de peintures rupestres découvert récemment en Papouasie.

    Jean-Michel Chazine, ethno-archéologue au CNRS, a relaté pour Futura-Sciences l'étude qu'il en a réalisée. Kalimain a démontré que les empreintes étaient bien celles de mains de femmes. Associée à la présence de nombreux symboles féminins et à d'autres éléments, cette découverte avait conduit à l'hypothèse que ces peintures, présentes sur une île, avaient été réalisées par des groupes de femmes venues ensemble en bateau.

    La nouvelle n'est donc pas un scoop mais une confirmation de plus que les femmes ont joué un grand rôle dans les manifestations artistiques du paléolithique...