En annonçant que les premières sépultures du genre Homo seraient plus vieilles d'au moins 100 000 ans par rapport à la datation officielle, c'est une nouvelle question houleuse qui est soulevée dans la communauté scientifique. Pourquoi la datation des premières sépultures est-elle une question aussi complexe ? Qu'est-ce que cela change par rapport à la considération des individus du passé ? Un point sur une actualité controversée concernant Homo naledi.


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    En annonçant avoir découvert que l'espèce Homo naledi inhumait ses morts volontairement 100 000 ans avant les datations arrêtées actuelles, le paléo-anthropologue américain Lee Berger ouvre un grand débat entre les spécialistes de l'histoire de l'Humanité. C'est en Afrique du Sud que le site considéré comme un lieu de sépulturesépulture a été repéré par Lee Berger et son équipe. HomoHomo naledi a été, quant à lui, découvert par le même chercheur en 2013 et annoncé officiellement en 2015. Il s'agit d'un petit homininéhomininé dont les restes osseux ont été repérés dans les grottes de Rising Star.

    Petit gabarit et datation complexe

    Le premier débat concernant Homo naledi s'est concentré sur le fait de déterminer s'il s'agissait davantage d'un AustralopithèqueAustralopithèque, ou bien d'un des premiers représentants du genre Homo. Mesurant probablement 1,50 mètre avec un petit crânecrâne, tout reste pourtant à déterminer le concernant bien que la datation arrêtée se situe entre -335 000 et -241 000 ans. Au regard de squelettes aussi anciens, il est malgré tout difficile de se faire une idée exacte du type de vie menée par ces petits individus. Ils restent mystérieux en de nombreux points, en particulier à propos de leurs capacités cérébrales et cognitives.

    Des ossements et un toboggan naturel

    En 2015 déjà, Lee Berger et son équipe avançaient l'idée, appuyée à nouveau en 2023, de pratiques d'inhumation volontaires de la part de Homo naledi. En effet, diverses chambres très difficilement accessibles du site de Rising Star, ont permis de découvrir de très nombreux fragments osseux et des dépouilles d'individus de tous âges. L'une des chambres souterraines étant accessible uniquement par le biais d'un boyau minuscule pour les chercheurs. Mais, à quoi pouvaient bien ressembler les chambres de ces grottes à l'époque d'Homo naledi ? Pour les chercheurs sur le site, il ne s'agit pas de squelettes qui auraient été jetés par dans les cheminéescheminées naturelles et dont les ossements se seraient retrouvés éparpillés au sol des chambres mais bien des corps déposés soigneusement en position fœtale dans un lieu choisi par Homo naledi. C'est là où la communauté scientifique se divise.

    Des annonces mais pas encore d'articles scientifiques

    Dans le monde scientifique, les annonces de découvertes et d'études se font par le biais d'articles scientifiques normés qui permettent à l'ensemble de la communauté de connaître les méthodes et les raisons des conclusions. Cela permet d'ouvrir également un dialogue officiel entre scientifiques. Or, l'annonce de Lee Berger et son équipe n'a pas fait l'objet pour le moment d'une publication critiquée par les pairs bien qu'un article non validé existe. De plus, l'aspect médiatique de la découverte par le biais de National Geographic interpelle les chercheurs quant à la fiabilité et aux méthodes de l'équipe sur place.

    En faisant cela, l'équipe de Lee Berger pourra expliquer pourquoi elle estime que les trous creusés au sol de la tombe étaient potentiellement des sépultures, pourquoi les gravures sur les parois de la grotte leur semblent être contemporaines d'Homo naledi ou si cela est postérieur, et comprendre la signification des charbonscharbons retrouvés brûlés sur place. En effet, inhumer un mort ne veut pas nécessairement dire qu'il y a forcément une fonction rituelle autour de cet acte, et c'est cela qu'il est parfois difficile d'attester en archéologie, mais encore plus en paléo-anthropologie. 

    Qu'est-ce que cela change si Homo naledi inhumait ses morts ?

    Au regard de la chronologie officielle, c'est un bond immense qui est fait dans le temps par rapport aux datations officielles au Paléolithique. Cela suggèrerait que les individus du genre Homo nalendi auraient eu la capacité cérébrale d'envisager un traitement pour leurs morts, voire une possible ritualisation de cela. Ce qui fait voler en éclat l'idée des individus préhistoriques incapables de réflexions et de se transposer eux-mêmes dans d'autres dimensions que la leur au jour le jour. Cela ne serait alors plus un fait concernant uniquement les genres Homo les plus récents. Si certains scientifiques ne rejettent pas la découverte, ils attendent en revanche des preuves solides et des arguments pointus pour pouvoir envisager la possibilité de tels traitements funéraires.