Qui a fait tuer Jean le Baptiste ? S'agissait-il du roi Hérode Antipas, inquiet face à la montée de son influence ? Ou de la reine Hérodiade, répudiée par le prêcheur ? Si les textes historiques et religieux s'opposent, l'archéologie pourrait, elle, offrir un élément de réponse.


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    Dans la quête pour la reconstruction des faits historiques, les textes religieux peuvent se révéler d'étonnants alliés, tout comme ils peuvent constituer d’épineux obstacles en troublant la distinction entre indice et pure invention. Dans le cas de Jean le Baptiste, rien n'est encore sûr, mais il se pourrait qu'une nouvelle découverte vienne corroborer le récit que la Bible fait de sa mort. Tout commence au large de la mer Mortemer Morte...

    À qui profite le meurtre ?

    Si l'on en croit les sources religieuses et historiques, le roi Hérode Ier n'aurait pas été le seul à redouter l'arrivée de Jésus. D'après l'Évangile selon Matthieu, le monarque aurait ordonné le massacre de tous les enfants de moins de deux ans dans la région de Bethléem afin d'éviter l'avènement du nouveau messie, sans succès. Quelques décennies plus tard, un prophète du nom de Jean le Baptiste annonce l'arrivée d'une figure messianique plus importante que lui, et c'est cette fois Hérode Antipas, fils d'Hérode Ier, qui choisit de prendre les choses en main, en le faisant exécuter.

    L'historienhistorien Flavius Josephus raconte en effet : « Hérode, qui craignait que la grande influence de Jean sur le peuple ne l'incite à se rebeller (car il semblait prêt à faire tout ce qu'il lui recommandait), pensa qu'il valait mieux, en le mettant à mort, prévenir tout mal qu'il pourrait causer, et ne pas se mettre en difficulté en épargnant un homme qui pourrait le faire se repentir quand il serait trop tard. En conséquence, il fut envoyé prisonnier sous l'impulsion d'Hérode suspicieux, à Macheronte, le château que j'ai précédemment évoqué, et y fut mis à mort. »

    Une reconstitution de la cour du palais d'Hérode Antipas, à Macheronte. © Győző Vörös
    Une reconstitution de la cour du palais d'Hérode Antipas, à Macheronte. © Győző Vörös

    Un trône avec vue

    Les raisons de cette mise à mort sont néanmoins relatées dans la Bible sous une forme quelque peu différente : dans cette version, c'est une femme qui demande l'exécution du prêcheur. Jean reproche en effet à Hérode Antipas d'avoir épousé Hérodiade, l'ex-femme de son frère. Cette dernière tente alors d'obtenir la mort de son détracteur, mais celui-ci bénéficie de la protection du tétrarque, qui le juge saint et bon. Peu de temps après, la fille d'Hérodiade et d'Hérode Antipas, Salomé, exécute une danse qui enchante son père, qui lui propose alors de lui accorder une faveur. Sur l'injonction de sa mère, Salomé réclame la tête de Jean sur un plateau, qu'elle obtient.

    Face à ces deux sources contradictoires, comment démêler le vrai de faux ? S'il serait tentant d'accorder notre crédit à l'historien Flavius Josephus, les vestiges récemment découverts par l'archéologue Győző Vörös et son équipe sur le site de Macheronte semblent, eux, favoriser une autre lecture de l'Histoire. Le chercheur émet en effet l'hypothèse que la niche présidant sur la cour du palais pourrait marquer l'ancien emplacement du trône du roi Hérode Antipas. C'est peut-être dans cette même cour que Salomé aurait dansé devant son père, affirme-t-il.

    Cette hypothèse, exposée dans le dernier livre de Győző Vörös paru chez la Fondazione TerraTerra Santa, ne fait pour l'instant pas l'unanimité chez ses pairs et de plus amples études devront être menées afin d'en établir la légitimité. En effet, deux niches similaires ont également été découvertes dans un autre palais par le passé, mais rien n'a jusqu'à présent permis d'affirmer avec certitude qu'elles auraient abrité des trônes. Le mystère reste donc, pour l'instant, entier.