au sommaire


    D'un point de vue éthique, l'utilisation d'embryonsembryons surnuméraires doit être totalement distinguée du clonageclonage thérapeutique (38). D'abord, parce qu'il n'y a là, ni risque de hâter le passage au clonage reproductif, ni crainte d'ouvrir la voie à un trafic d'ovulesovules.

    Dans le cadre de l'assistance médicale à la procréationassistance médicale à la procréation, les embryons créés ne sont pas tous transférés dans l'utérusutérus maternel. Aujourd'hui, le devenir des embryons non réclamés par les géniteurs reste en suspens. Toute recherche sur l'embryon aboutissant à sa destruction étant exclue par la loi en France et dans de nombreux pays à travers le monde, force est cependant d'en déduire qu'à terme, c'est la destruction des embryons en surnombre qui est envisagée.

    Fécondation in vitro. © Tatania VdB - CC BY-NC 2.0

    Fécondation in vitro. © Tatania VdB - CC BY-NC 2.0

    La déchéance d'embryons humains n'est d'ailleurs pas propre à la fécondation in vitrofécondation in vitro. Rappelons que dans les conditions naturelles, huit sur dix des embryons fécondés ne se développent pas et sont éliminés. Dans le cadre d'un projet de recherche évalué sur les plans éthique et technique, avec l'assentiment des géniteurs, la réalisation de recherches sur les embryons surnuméraires avant qu'ils ne soient détruits doit-elle être considérée comme une atteinte au respect dû à la nature humaine de l'embryon ? La reconnaissance de la dignité des personnes n'a jamais été un obstacle insurmontable à la réalisation de recherches biomédicales à tous les âges de la vie humaine, chez l'enfant, l'adulte ou le vieillard. Il est vrai que la particularité de la recherche sur l'embryon est qu'elle aboutit en général à sa destruction, ce qui la singularise totalement des autres formes de recherches sur l'homme. Cependant, cette objection tombe dès lors que la destruction de l'embryon est programmée indépendamment de tout projet de recherche.

    En quoi serait-il plus respectueux d'un embryon humain de le détruire en le décongelant sans ménagement, plutôt que de le soumettre à une recherche de qualité dont on espère un accroissement des connaissances et des moyens de lutte contre l'infertilitéinfertilité ou les maladies du développement ? Il y a là, me semble-t-il, un élément de solidarité entre une vie qui n'adviendra pas et l'amélioration des conditions d'établissement d'autres vies humaines dans le futur qui rappelle la greffegreffe d'organes de donneurs morts, où des personnes disparues passent à des personnes vivantes en difficulté des « témoins » de vie. Les embryons surnuméraires qui n'ont pas été utilisés par leurs géniteurs et n'ont pas été donnés à d'autres couples , ne se développeront pas et ne seront donc plus jamais associés à un projet humain, sauf éventuellement dans le cadre d'un programme de recherche thérapeutique. Il ne semble donc exister aucune contradiction entre le sentiment d'une singularité de l'embryon humain, et l'emploi d'embryons, sinon voués à l'élimination, dans des projets de recherche de haute qualité scientifique et morale.

    En conclusion, les perspectives ouvertes par l'utilisation des cellules souches pluripotentescellules souches pluripotentes humaines sont considérables, tant sur le plan des connaissances que sur celui des applications médicales. Cependant, il est juste et honnête de dire qu'au plan médical, il ne s'agit encore que d'un espoir qui est loin d'avoir été définitivement validé.

    Pour l'avenir, la question est donc d'une part d'évaluer le champs thérapeutique réel d'utilisation des différents types de cellules souches, et d'autre part de décider de la légitimité morale des diverses techniques y recourant. Il sera alors essentiel de prendre une décision consciente et lucide dépassant sans les nier les interrogations éthiques soulevées.