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    Les perspectives thérapeutiques ouvertes pas l'utilisation des cellules souchescellules souches humaines ont déclenché dans le monde un débat portant tant sur les intérêts respectifs que sur les enjeux éthiques de chacune de ces stratégies. Malheureusement, ces deux dimensions de la discussion sont souvent mal séparées.

    Les partisans des cellules embryonnaires s'évertuent parfois à diminuer les mérites possibles des cellules de tissus différenciés alors que ceux qui, pour des raisons religieuses ou éthiques, sont choqués par la destruction d'embryonsembryons humains pour isoler des cellules ES, ont tendance à parer la solution alternative de toutes les vertus Bien évidemment, une telle idéologisation d'un débat scientifique l'obscurcit. L'objectivité oblige à reconnaître que personne ne peut à ce jour affirmer que les promesses de la médecine régénératrice cellulaire seront réellement tenues, si oui quand et à l'aide de quelles techniques. Les cellules souches embryonnairescellules souches embryonnaires humaines sont réellement multipotentes et ont un important potentiel prolifératif. L'aptitude de ces cellules à se transformer en tissu cardiaque (26), hématologique (27) ou nerveux (28,29) a été maintenant confirmée. Cependant, on ne sait toujours pas, aujourd'hui maîtriser leur différenciation complète en une population homogène qui puisse être transplantée chez des patients. La fonction de ces cellules différenciées ex vivoex vivo est incertaine, de même que leur durée de vie. Par exemple, des cellules insulino-secrétrices obtenues à partir de cellules ES murines se sont révélées, in vivoin vivo, n'avoir que moins de 5% des capacités normales de production d'insulineinsuline (30). La persistance de cellules indifférenciées dans une population greffée fait courir de graves risques de développement tumoraltumoral car les cellules ES, y compris humaines, provoquent in vivo des tératomestératomes (31).

    Micrographie d'un tératome montrant des tissus issus de trois couches germinales : mésoderme (immature cartilage - coin gauche supérieur de l'image), endoderme (glandes gastro-intestinales - Centre-bas de l'image) et ectoderme (épiderme - à droite sur l'image). Coloration à l'hématoxyline et à l'éosine.© Nephron - CC BY-SA 3.0

    Micrographie d'un tératome montrant des tissus issus de trois couches germinales : mésoderme (immature cartilage - coin gauche supérieur de l'image), endoderme (glandes gastro-intestinales - Centre-bas de l'image) et ectoderme (épiderme - à droite sur l'image). Coloration à l'hématoxyline et à l'éosine. © Nephron - CC BY-SA 3.0

    Les cellules souches de tissus différenciés, parfaitement immuno-compatibles avec la personne dont elles proviennent, ont certainement un potentiel tumorigène moindre. Elles ont déjà, pour certaines cellules progénitrices de la peau, du sang, du cerveaucerveau, du pancréaspancréas endocrineendocrine, des myoblastes(32) et des hépatocytes, été utilisées en clinique. Cependant, leur capacité proliférative peut être extrêmement limitée, comme dans le cas des cellules souches hématopoïétiques. Leur nombre diminue vraisemblablement avec l'âge(10), alors que les traitements intéresseraient, le plus souvent, des personnes âgées. Enfin, leur plasticité réelle est très certainement inférieure à celle des cellules ES, quoiqu'en partie compensée par la multiplicité de leurs origines possibles. Dans le cas des cellules souches neurales adultes, la preuve définitive de leur potentiel thérapeutique dans différents modèles de maladies neurologiquesmaladies neurologiques, reste à apporter(33,34). Aussi, sur le plan purement scientifique, semble-t-il raisonnable de développer simultanément les deux approches, même si tout le monde ne peut qu'espérer que, in fine, le succès de l'utilisation des cellules progénitrices adultes rende caduquecaduque l'emploi, à bien des titres (éthique, religieux et technique) plus problématique, de cellules nécessitant la destruction, voire la création à cette fin d'embryons humains.