Des chercheurs américains ont développé un algorithme capable de déceler les traits psychopathes à travers la position de la tête des individus lors des interrogatoires. Une méthode qui vient corroborer d’autres études sur les indices de comportements non verbaux associés aux personnalités déviantes.


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    À quoi reconnaît-on un psychopathe ? À la posture de sa tête durant un interrogatoire, selon des chercheurs américains de l'université du Nouveau-Mexique. Ces derniers ont mis au point une intelligence artificielleintelligence artificielle capable d'interpréter les mouvements de la tête des individus durant un interrogatoire médico-légal. Les chercheurs ont passé au crible les enregistrements vidéo d'entretiens menés en prison auprès de 507 détenus masculins âgés de 18 à 62 ans. Les traits psychopathes ont été caractérisés à l'aide d'un test nommé Liste de contrôle de la psychopathie révisée du docteur Hare (PCL-R), qui permet d'évaluer les tendances psychopathes ou asociales d'un individu. Cette méthode, qui fait référence dans le domaine médico-scientifique, est notamment utilisée pour diagnostiquer les psychopathes dans les prisons ou les hôpitaux psychiatriques.

    Les individus psychopathes ont tendance à regarder la caméra directement et à moins pencher la tête

    L'algorithme a ainsi mis en évidence une « forte corrélation » entre les traits psychopathes et certains indices non verbaux, comme le fait de garder une tête plus stationnaire lors des entretiens. « On observe notamment que les individus psychopathes ont tendance à regarder la caméra directement et fixement, et ont moins tendance à pencher la tête », notent les auteurs dans leur étude parue dans le Journal of Research in Personality. « Les personnes ayant un comportement antisocial diversifié, grave et persistant présentent une orientation plus rigide et plus ciblée de leur tête pendant les interrogatoires », poursuivent-ils.

    Grâce à une analyse informatique d’image, les chercheurs ont trouvé une corrélation forte entre la position de la tête lors des interrogatoires et les traits psychopathes. © Aparna R. Gullapalli et al., <em>Journal of Research in Personality</em>, 2021
    Grâce à une analyse informatique d’image, les chercheurs ont trouvé une corrélation forte entre la position de la tête lors des interrogatoires et les traits psychopathes. © Aparna R. Gullapalli et al., Journal of Research in Personality, 2021

    Mouvement des yeux, clignements d’œil et expression faciale

    Ce n'est pas la première fois que des chercheurs tentent de déceler la psychopathie à travers des indices non verbaux. Dès l'an 900 avant J.-C., on avait remarqué que les personnes douées pour la tromperie présentaient une agitation excessive, rappelle l'étude. D'autres recherches ont associé les comportements psychopathes à la variation des mouvementsmouvements oculairesoculaires, les clignements de l'œil, ou les gestes de la main. Un psychiatre américain a également soutenu pouvoir détecter la psychopathie à travers certaines microexpressions faciales.

    Mais l'analyse, comme la quantificationquantification de ces signaux, est souvent suggestive et soumise à des biais d'interprétation. L'utilisation de l'intelligence artificielle permettrait donc une approche et un diagnostic plus fiable, avancent les auteurs. L'analyse vidéo a par exemple été utilisée pour déceler les tendances dépressives et suicidaires chez des individus en fonction de la modulation de leur voix.

    Le saviez-vous ?

    Malgré la croyance populaire, tous les psychopathes ne sont pas des assassins en puissance. Les symptômes de la psychopathie comprennent le manque de conscience ou de culpabilité, le manque d'empathie, l'égocentrisme, le mensonge pathologique, les violations répétées des normes sociales, la victimisation et la tendance à blâmer autrui ou encore l’intolérance à la frustration. Ils s’accompagnent d’une forte irritabilité et de passages à l’acte violents et impulsifs, ce qui explique que l’on trouve de nombreux individus psychopathes en prison. Une étude britannique a ainsi montré que 7,7% de détenus au Royaume-Uni étaient diagnostiqués psychopathes.

    « Beaucoup d'informations sont présentes dans le langage corporel et la dynamique interpersonnelle lors des entretiens cliniques, atteste Kent Kiehl, professeur de psychologie à l'université du Nouveau-Mexique et principal auteur de l'étude. Le décodage de ces entretiens peut fournir des détails utiles sur les différences de comportement individuel des détenus ». Bon, attention de ne pas en tirer des conclusions hâtives lors de votre prochain dîner de famille si vous remarquez que votre frangin vous fixe étrangement sans bouger la tête. Il a peut-être un torticolis.