Contrairement aux idées reçues, consommer un verre d’alcool par jour ne protégerait pas du risque de décès toutes causes confondues. Des chercheurs canadiens mettent en évidence les nombreux biais des précédentes études sur le sujet.


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    Une croyance populaire suggère que boire un verre de vin par jour (rouge de préférence) est bon pour la santé et prolonge la duréedurée de vie. Cette idée continue d'être controversée, les études n'offrant pas de consensus sur le sujet. Ainsi, les études d'observation tendaient plutôt à montrer que les personnes classées comme « buveurs modérés » avaient une espérance de vie plus longue et étaient moins susceptibles de mourir d'une maladie cardiaque que celles classées comme « abstinentes ». Toutefois, de nombreuses preuves montrent que l'association positive entre une dose modérée d'alcoolalcool et un risque de mortalité diminué pourrait être due à des biais systématiques qui affectent les études.

    Une histoire de biais

    Par exemple, ne pas différencier les abstinents depuis toujours des anciens buveurs pourrait constituer un biais car leurs états de santé pourraient être différents, entraînant des risques de mortalité toutes causes confondues mais non liés à la consommation d'alcool. « Les buveurs légers et modérés sont systématiquement en meilleure santé que les abstinents actuels en ce qui concerne une série d'indicateurs de santé peu susceptibles d'être associés à la consommation d'alcool, tels que l'hygiène dentaire, les habitudes d'exercice, le régime alimentaire, le poids et le revenu », écrivent les auteurs d'une nouvelle étude publiée dans la revue JAMA Network Open.

    L'utilisation de buveurs occasionnels comme groupe de référence a également engendré des effets protecteurs non significatifs de la consommation d'alcool à faible volumevolume, par rapport à l'utilisation de non-buveurs comme groupe de référence.

    Deux précédentes méta-analyses réalisées par la même équipe de chercheurs ont montré que, lorsque les variables confusionnelles et les biais potentiels étaient pris en compte, les faibles niveaux de consommation d'alcool n'étaient pas associés à une réduction du risque de mortalité.

    À quantités égales, le risque de mortalité lié à la consommation d'alcool est plus élevé pour les femmes que pour les hommes. © Yakobchuk Olena, Adobe Stock
    À quantités égales, le risque de mortalité lié à la consommation d'alcool est plus élevé pour les femmes que pour les hommes. © Yakobchuk Olena, Adobe Stock

    Alcool : pas de diminution du risque de mortalité

    La présente méta-analyse de 107 études de cohortes (entre janvier 1980 et juillet 2021) a inclus plus de 4,8 millions de participants. Après ajustement des principales caractéristiques de l'étude telles que l'âge médian et le sexe des cohortes de l'étude, les chercheurs ont obtenu des résultats plus cohérents. Ils indiquent qu'une faible consommation d'alcool (entre 1,3 g et 25 g d'éthanol par jour, soit deux verresverres de vin ou deux canettes de bière par jour au maximum) ou une consommation occasionnelle d'alcool (entre 0 et 1,3 g d'éthanol par jour, soit moins d'un verre par semaine) n'est pas associée à une réduction du risque de mortalité toutes causes confondues, par rapport aux abstinents depuis toujours. Toutefois, le risque de mortalité toutes causes confondues était significativement plus élevé chez les femmes qui consommaient plus de 25 g d'éthanol par jour et chez les hommes qui buvaient plus de 45 g d'éthanol par jour, par rapport aux personnes ne buvant pas d'alcool.

    Les chercheurs avouent quelques limites à leur recherche, notamment en ce qui concerne la mesure imparfaite de la consommation d'alcool dans les études incluses. En effet, la consommation d'alcool autodéclarée est bien souvent sous-évaluée par les participants et elle n'a été évaluée qu'à un seul moment dans le temps. Par ailleurs, l'influence des différents types d'alcools aurait pu être ajoutée à l'analyse.