Si un nombre croissant d’études montrent les bienfaits de la méditation, cette pratique peine encore à se répandre dans l’enseignement français. En revanche, elle est déjà bien présente aux États-Unis, dans les écoles, les collèges et aussi les prisons ! Éric Georgeault et Hélène Walter sont allés y recueillir des témoignages à retrouver dans leur film Happy, au cinéma à partir du 30 octobre. Qu’en ont-ils appris ?
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La méditation de pleine conscience, mindfulness en anglais, souhaite nous apprendre à nous concentrer sur le moment présent. Pratique entièrement laïque, elle a été fondée par Jon Kabat-Zinn en 1979, lorsqu'il créa le programme Mindfulness-Based StressStress Reduction (MBSR). En retirant les aspects religieux à la méditation, le professeur a impulsé sa popularisation.
Depuis, les études s'enchaînent et démontrent qu'elle réduit le stress et l’anxiété, mais aussi notre perception de la douleur, et constituerait une alternative aux antidépresseurs. En agissant au niveau de nos réseaux cérébraux, la méditation de pleine conscience s'octroie de multiples vertus. « Et si on commence dès le plus jeune âge, cela permettra d'avoir des générations qui vont se guérir avant nous. Les enseignants témoignent que cela aide les élèves, et que cela les aide, eux, personnellement. Mais surtout, tu le vois sur le visage des enfants, et cela, c'est plus que des mots » explique Hélène Walter. « Les enfants ont une tendance naturelle à rentrer dans la méditation, dans l'instant présent. Arrêter de penser et juste ressentir, sans jugement. Ce sens-là, on le perd adulte, parce qu'on est tout le temps repris par nos pensées. Mais les enfants n'ont pas besoin d'apprendre cette focalisation sur l'instant présent, ils ont juste besoin de ne pas l'oublier » rajoute Éric Georgeault.
La méditation de pleine conscience à l'école
Une fois adulte, se focaliser sur l'instant présent est en effet plus complexe. Outre la multitude de nos préoccupations quotidiennes, il semble que nous soyons programmés pour anticiper l’avenir et s'y projeter, comme l'expose Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à l'université Paris-VI, dans Psychologies. « Un adulte aurait entre 30 et 60.000 pensées par jour, dont 80 % sont négatives. L'intérêt de la méditation, c'est aussi de prendre conscience de ça. De pouvoir se demander ce qui dicte notre vie, est-ce nos pensées ou nous ? Si c'est nous, alors le travail commence. Plus tu pratiques, et plus tu comprends que tu n'es pas tes pensées ni tes émotions. La méditation permet de mieux se connaître, et d'arrêter de réagir à son émotionnel » témoigne Eric. « Si j'avais pu avoir de la méditation durant ma scolarité, je me connaîtrais mieux, je galérerais moins adulte. Cela aurait été merveilleux ! » confie Hélène.
Qui plus est, la méditation de pleine conscience étant une pratique laïque accessible aux néophytes, elle peut se répandre dans n'importe quel établissement scolaire. Et les jeunes sont « hyper réceptifs », même si « dans une classe, il y a souvent deux ou trois élèves qui n'auront pas envie de jouer le jeu. Mais ce qui est surprenant c'est qu'à la fin du programme, ce sont souvent eux qui en retirent le plus. » se réjouit Hélène. Ces programmes de mindfulness contiennent différents exercices. Par exemple, on en trouve un sur la gratitude, où chaque participant se livre sur ce qui le rend reconnaissant. « Chacun dévoile son intimité et cela met tout le monde au même niveau. Les moqueries cessent. Et on voit des résultats sur la relation à l'autre qui sont merveilleux » complète Éric.
Et la méditation en prison
Le film Happy, qui sortira le 30 octobre au cinéma, n'est pas exclusivement consacré aux établissements scolaires. « On a aussi filmé dans une prison où la méditation est enseignée aux jeunes délinquants mineurs, ainsi qu'un homme qui enseigne la méditation à des SDF, précise le coauteur du documentaire. Les prisonniers ont été énormément apaisés. Le but de leurs séances est l'accessibilité à leurs propres émotions. Elles sont prodiguées par d'anciens prisonniers qui ont monté une association pour enseigner la méditation à des jeunes en difficulté, que ce soit dans la rue, en prison, ou autre. Au début, cela se passe sous forme de jeux. On leur demande s'ils sont capables de se concentrer sans bouger, et les jeunes se rendent compte qu'ils en sont incapables. Du coup, ils jouent le jeu. Ne serait-ce que fermer les yeuxyeux, ils n'y arrivent pas. Ils sont submergés par leurs pensées, leurs émotions, leur avenir. Donc la première démarche est de revenir à l'instant présent pour arrêter de penser et de stresser ».
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