Les plantes médicinales seront-elles bientôt interdites ? Si les rumeurs vont bon train, la réalité est moins tranchée ! Quelques explications semblent nécessaires sur ce sujet polémique.

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    La camomille ne sera pas interdite à la consommation ! © Jean Tosti, Wikimedia, GFDL GNU 1.2

    La camomille ne sera pas interdite à la consommation ! © Jean Tosti, Wikimedia, GFDL GNU 1.2

    Depuis quelques semaines, des rumeurs se répandent sur la toile, affirmant qu'une nouvelle loi allait interdire la commercialisation et l'usage des plantes médicinales, dès le 30 avril 2011. Pourtant, un nouveau projet de loi européen sur le sujet étant introuvable sur le site de la Commission européenne, on peut s'interroger sur la véracité de cette information.

    Appelée Traditional Herbal Medicinal Product Directive, la directive européenne, citée par les multiples pétitions alarmistes, existe réellement, mais avait été adoptée en 2004 (sous la référence 2004/24/CE). Elle visait à encadrer de façon plus règlementée les autorisations de mise sur le marché des « médicaments à base de plantes », sans toutefois demander de nouveaux tests prouvant leur efficacité. En effet, selon les textes, « l'ancienneté du médicament [à base de plantes] permet de réduire la nécessité de réaliser des essais cliniques puisque son efficacité est plausible du fait de l'ancienneté de l'usage et de l'expérience ».

    Les tisanes ne seront pas interdites !

    Pour s'assurer de l'innocuité et de l'efficacité des plantes médicinales, la directive prévoit alors que celles-ci aient été utilisées depuis plus de trente ans, dont plus de quinze ans au sein de l'Union européenne. Il suffit alors aux producteurs ou aux distributeurs de ces plantes de le prouver... avant le 30 avril 2011 ! Un coup dur probable pour les petits producteurs qui n'ont pas les moyens nécessaires pour effectuer ces démarches, mais qui auront toutefois la possibilité de les vendre, non comme « médicament », mais comme « complément alimentaire » (qui sont eux contrôlés par l'Autorité européenne de sécurité des aliments, l'Efsa).

    La verveine et la camomille de nos tisanes seront donc toujours en vente, de même que les 148 plantes médicinales inscrites à la pharmacopée (disponibles hors pharmacies). Les plantes considérées comme potentiellement dangereuses, celles-là mêmes concernées par la directive, sont d'ailleurs déjà vendues uniquement par les pharmacienspharmaciens.

    Car les plantes médicinales possèdent pour la plupart des moléculesmolécules actives, qui peuvent avoir des effets thérapeutiques intéressants (les molécules contenues dans les médicaments sont d'ailleurs pour la plupart issues de plantes). Mais malgré leur utilisation millénaire, qui peut leur donner une légitimité aux yeuxyeux des consommateurs, cela ne les exempt pas d'effets secondaires possibles, potentiellement dangereux (leur recherche est d'ailleurs obligatoire pour les médicaments).

    Une FAQ de la Commission européenne (en anglais) répond aux questions sur la réglementation des plantes médicinales.