Les bactéries de notre intestin agissent-elles sur le métabolisme du fer, élément essentiel à la bonne santé de notre organisme ? La réponse semble être oui. Pour la première fois, des chercheurs ont montré comment ces bactéries modifient les capacités de distribution et de stockage du fer dans les cellules intestinales. Le microbiote intestinal (constitué des micro-organismes peuplant notre intestin) peut ainsi être considéré comme un nouveau régulateur de l’absorption intestinale du fer.

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    Escherichia Coli est une entérobactérie, un hôte normal du tube digestif dont certaines formes sont pathogènes. Grâce au microbiote, les cellules intestinales peuvent stocker du fer et réguler son transfert vers l'organisme. © Inserm

    Escherichia Coli est une entérobactérie, un hôte normal du tube digestif dont certaines formes sont pathogènes. Grâce au microbiote, les cellules intestinales peuvent stocker du fer et réguler son transfert vers l'organisme. © Inserm

    Le ferfer est un élément vital dont l'organisme ne peut pas se passer. Sa régulation et son bon contrôle dans l'organisme sont garants d'une bonne santé. Si un déficit en fer est délétère, une surcharge présente également un risque pour la santé. Actuellement, de nombreuses questions sociétales sont soulevées, notamment celle de l'efficacité et de la nécessité de supplémenter des régimes en fer chez l'Homme.

    Dans l'intestin, les bactéries (constituant le microbiote) et les cellules intestinales vivent en symbiose et ont chacune besoin du fer pour survivre. La porteporte d'entrée unique du fer alimentaire dans l'organisme est l'intestin. Quand l'organisme en a besoin, son absorption est favorisée par les cellules intestinales et, quand les besoins baissent, ces cellules diminuent leurs capacités d'absorption. Ces mécanismes fins de régulation répondent en outre à une hormone, l'hepcidine, découverte il y a quelques années par une équipe de l'Inserm.

    Muqueuse intestinale humaine vue au microscope électronique à balayage (grossissement : x 8.750). Des bactéries et des débris tapissent les cellules de cette muqueuse. © Biophoto Associates, BSIP

    Muqueuse intestinale humaine vue au microscope électronique à balayage (grossissement : x 8.750). Des bactéries et des débris tapissent les cellules de cette muqueuse. © Biophoto Associates, BSIP

    Le microbiote augmente la capacité à distribuer et stocker le fer

    Des chercheurs de l'Inra et de l'Inserm, en collaboration avec le CNRS, se sont intéressés à l'effet du microbiote sur l'absorption intestinale du fer, et ce, indépendamment des effets hormonaux. Pour cela, ils ont comparé des animaux (des rongeursrongeurs) dépourvus de microbiote intestinal (animaux dits « axéniques ») avec d'autres dont le microbiote est contrôlé.

    En l'absence du microbiote, les cellules intestinales présentent des stocks de fer très faibles et les systèmes de transport vers l'organisme sont très peu abondants. En revanche, dès que le microbiote s'installe dans l'intestin, les cellules intestinales acquièrent une très grande capacité de stockage du fer (sous la forme de ferritine) et favorisent son transport vers l'organisme (augmentation de la ferroportine).

    Ainsi, en présence de bactéries du microbiote, il y a une adaptation des cellules intestinales quant à leur capacité à distribuer et stocker le fer. La mise en évidence de cette nouvelle voie de contrôle du métabolismemétabolisme du fer va conduire à mieux administrer les apports en fer et devrait permettre de mieux comprendre les anomaliesanomalies du fer dans les maladies impliquant des déséquilibres du microbiote appelés « dysbioses ».

    Ces travaux ont été publiés en ligne dans The Faseb Journal le 15 septembre 2015.