Beaucoup s'en doutaient. Mais un scientifique l'avait démontré en 2007 : les hommes, dans toutes les cultures et depuis des temps immémoriaux, ont un penchant pour les femmes à la taille fine. Mais au fait, pourquoi ?


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    L'attractivité physiquephysique entre êtres humains était sa spécialité. Pour approfondir son sujet, Devendra Singh, professeur au Département de psychologie de l'université du Texas, à Austin, décédé en 2010, s'était plongé dans la littérature mondiale, à commencer par celle des Britanniques des seizième, dix-septième et dix-huitième siècles. Le travail, publié en 2007 dans Proceedings of the Royal society B, a été effectué sur une base de donnéesbase de données compilant 345.000 œuvres, y compris américaine mais celles-ci n'ont pas été retenues.

    Lui et son équipe avaient déjà exploré les écrits indiens du premier siècle et la culture chinoise du quatrième siècle. Pourquoi éviter les États-Unis ainsi que le temps présent ? Parce que l'influence occidentale est devenue trop forte, brouillant les cultures et empêchant de distinguer facilement ce qui vient de l'occident de ce qui est commun à toute l'humanité.

    Même au temps des pharaons

    Dans cette vaste base de données, les scientifiques ont cherché les associations entre les noms de certaines parties du corps (taille, hanche, seins, fesses...) avec des qualificatifs comme « fin » ou « dodu ».

    Le résultat, selon les auteurs, est sans appel. Dans toutes les œuvres étudiées, le seul point commun lié à la beauté féminine vue par les hommes est la finesse de la taille. Encore plus loin dans le temps, ajoutent les chercheurs, les commentaires sur le physique de Nefertari, qui fut la favorite de Ramsès II il y a 4.000 ans, font explicitement référence à sa taille mince. À propos des autres parties du corps considérées comme sexuellement attractives, les avis divergent selon les époques. Les seins de taille généreuse sont-ils beaux ? Voilà, par exemple, un critère qui ne recueille pas l'unanimité...

    L'attirance des humains mâles pour la sveltesse de leurs compagnes potentielles ne serait donc nullement un phénomène culturel ni liée à une mode passagère. Les auteurs rapportent cependant une observation contraire : en 1998, une enquête effectuée chez les Matsigenka, un peuple tribal du Pérou, consistant à demander à des hommes de choisir parmi des silhouettes féminines, avaient indiqué une nette préférence pour les formes replètes. Interrogés sur leur choix, certains expliquaient que les femmes minces semblaient avoir souffert de fièvres ou de diarrhées.

    La taille étroite de l'Aphrodite Callipyge, dite Vénus callipyge, serait un signe universel de beauté féminine. © Musée national, Naples
    La taille étroite de l'Aphrodite Callipyge, dite Vénus callipyge, serait un signe universel de beauté féminine. © Musée national, Naples

    Indicateur d'hormones

    Si l'on met de côté cette exception andine, il reste à expliquer la quasi-universalité de l'attractivité des tailles de guêpe. Les auteurs en appellent au subconscient et à des réflexes mis en place par l'évolution. Les hommes rechercheraient chez la femme des signes de bonne santé et de fertilité. Le ventre plat serait un marqueur de bonne forme et de hauts niveaux d'hormones sexuelles, comme les œstrogènesœstrogènes. De la même manière, une théorie voisine explique l'attirance pour les silhouettes bien symétriques comme une préférence inconsciente pour des gènesgènes en bon ordre.

    Voilà au passage, disent les auteurs de l'équipe, ce qui explique la mode des corsets aux dix-septième et dix-huitième siècles. Mais ils sont alors contraints de ne pas considérer comme significatives les formes plantureuses exhibées dans les peintures de la Renaissance, comme chez Rubens.

    Au Pérou ou à la Renaissance, les hommes font donc parfois mentir cette règle. Après tout, cette étude démontre qu'elle ne vient que du subconscient. Il reste donc aux mâles leur humanité pour décider de l'appliquer ou non. S'ils le faisaient systématiquement depuis les débuts d'Homo sapiens, seules les fluettes auraient survécu. La présence constante de formes rondes dans la gente féminine indique le contraire !