Une expérience conduite à la fois sur des souris et des hommes indique que la perception et la préférence des substances odorantes ne sont pas conditionnées uniquement par notre vécu ou notre culture, mais aussi par leur nature chimique.

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    Souris sylvestre. Source Commons

    Souris sylvestre. Source Commons

    Nous avons tous observé que les odeurs peuvent influencer profondément notre comportement. Un aliment dangereux ou avarié peut nous envoyer un signal olfactif d'alerte. Mais d'autres odeurs peuvent aussi ouvrir notre appétit, voire piloter notre attirance ou notre sensualité.

    Une base culturelle est indissociable de ces comportements. Ainsi, l'odeur du camembert est alléchante pour beaucoup de Français alors qu'elle se montre franchement répugnante pour certaines autres cultures. On pourrait citer ainsi de nombreux exemples. Mais ces effets ne sont-ils pas aussi déterminés par les propriétés physico-chimistesphysico-chimistes des moléculesmolécules odorantes, et variables selon l'espèceespèce animale qui les perçoit ?

    Nathalie Mandairon et Moustafa Bensafi, chercheurs du CNRS au laboratoire Neurosciences sensorielles, comportement et cognition de l'université de Lyon 1, viennent d'effectuer une série d'expériences dont ils publient les résultats dans la revue PloS One du 16 janvier dernier.

    Rongeurs et humains aiment-ils les mêmes parfums ?

    Le test consistait à estimer le niveau d'appréciation d'une série de plus de 1.565 molécules odorantes différentes à des hommes ainsi qu'à des souris. Tandis qu'il était demandé aux testeurs humains d'exprimer leurs préférences selon une échelle allant de 1 à 10, la satisfaction des souris mises en présence de différentes sources odorantes était évaluée en fonction du temps mis à l'explorer.

    Les résultats sont nets : hommes et souris sont attirés ou repoussés par les mêmes odeurs. Quelques coïncidences peuvent étonner. Ainsi, le géraniol, à l'odeur florale et couramment utilisé en parfumerie pour créer des nuances fruitées, est la plus appréciée des deux espèces à la fois, tandis que le gaïacol (odeur de brûlé) est parmi les plus évitées.

    Il est ainsi établi que les souris et les hommes répondent à l'identique à la plupart des odeurs, ce qui réduit la part de la culture et de l'apprentissage dans la valeur qui leur sont attribuées. L'hypothèse selon laquelle une partie des circuits neuronaux sont programmés de manière comparable pour tous les mammifèresmammifères est aussi confortée.

    Il découle de ces recherches que le comportement des souris face à des odeurs se révèle capable de prédire les préférences olfactives humaines, ce qui laisse envisager diverses applicationsapplications dans l'industrie alimentaire, entre autres.