Le LSD est une drogue psychoactive des plus puissantes. Ainsi, des chercheurs de l'université de Caroline du Nord, ont voulu comprendre pourquoi les effets hallucinogènes de cette substance pouvaient durer jusqu'à 15 heures, en étudiant les mécanismes moléculaires responsables de son activité au niveau des récepteurs de la sérotonine.


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    Il y a toujours eu un mystère autour du LSD (acideacide lysergique diéthylamide). Le plus souvent, les consommateurs de cette substance rapportent des expériences sensorielles ou des effets visuels modifiés, appelés « trip », incluant des couleurscouleurs intensifiées, le mouvementmouvement d'objets fixes ainsi qu'une distorsion des formes, des sons et du temps. Les effets de cette moléculemolécule, agissent à des doses d'un à deux microgrammes (µg) par kilo de poids corporel ; ils commencent à apparaître généralement dans les 30 minutes qui suit l'ingestion et peuvent durer jusqu'à 15 heures, selon la dose. Mais alors, pourquoi cette drogue est si puissante ? 

    Une étude menée par Bryan Roth, professeur de pharmacologie à l'université de Caroline du Nord, s'est intéressée aux mécanismes moléculaires responsables de l'activité du LSD au niveau des récepteurs de la sérotonine, pour comprendre pourquoi les effets psychoactifs du LSD duraient si longtemps. Les résultats ont été publiés dans la revue Cell

    La molécule de LSD se coince dans les récepteurs de la sérotonine 

    Pour ce faire, les chercheurs postdoctoraux Daniel Wacker et Sheng Wang ont mené des expériences pour capturer des images d'une molécule de LSD liée au récepteur 5-HT2B de la sérotonine, grâce à la cristallographiecristallographie aux rayons Xrayons X, une méthode qui crée des images capables d'afficher comment les atomesatomes d'une molécule sont arrangés.

    Ainsi, ils ont découvert que la molécule de LSD était coincée dans la poche de liaison du récepteur à un angle inattendu. De plus, une partie du récepteur s'est repliée sur la molécule « comme un couvercle », piégeant alors la substance à l'intérieur. Cette action explique pourquoi les effets du LSD peuvent mettre des heures à disparaître.

    Enfin, lorsque le « trip » se termine, le couvercle va se déplacer et libérer certaines des molécules de LSD des récepteurs. Les cellules du cerveau vont alors, tôt ou tard, répondre aux molécules de LSD restantes en attirant les récepteurs et le LSD à l'intérieur des cellules, où ils seront décomposés.

    Ce schéma montre le « couvercle » en bleu foncé constitué d'une boucle de protéine, empêchant le LSD de sortir du récepteur de la sérotonine 5-HT2B. Il s'écarte parfois, laissant ainsi la drogue s'échapper. © Cell 
    Ce schéma montre le « couvercle » en bleu foncé constitué d'une boucle de protéine, empêchant le LSD de sortir du récepteur de la sérotonine 5-HT2B. Il s'écarte parfois, laissant ainsi la drogue s'échapper. © Cell 

    Ouvrir la voie à de nouveaux médicaments psychiatriques 

    Il y a eu récemment un regain d'intérêt pour l'utilisation du LSD pour traiter potentiellement, la toxicomanie, les céphalées en grappe (maux de tête récurrents très douloureux) mais aussi l'anxiété. Cette molécule est également un membre semi-synthétique d'une classe plus large d'ergolines reconnues depuis longtemps comme thérapeutiques pour de nombreux troubles tels que les migraines, les hémorragies post-partum ou la maladie de Parkinson

    Les chercheurs soulignent que la compréhension du mécanisme qui entraîne les actions puissantes et durables de cette substance dans le corps peut aider l'industrie pharmaceutique à concevoir des médicaments psychiatriques plus efficaces et avec moins d'effets secondaires.