Une équipe de recherche a mis en évidence un marqueur génétique lié à l’apparition des troubles du langage. Cette découverte permettrait le développement d’un diagnostic plus précoce de ces pathologies, afin d’accompagner plus rapidement les enfants touchés.

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    Les apprentissages de base comme la lecture, l'écriture et le calcul ne sont pas à la portée de tous. Certains enfants, bien que normalement intelligents, présentent des troubles de l'apprentissage et ont du mal à accomplir certaines tâches utiles dans la vie quotidienne. Les difficultés de langage sont les plus courantes. L'Organisation mondiale de la santéOrganisation mondiale de la santé (OMS) estime que 8 à 10 % des enfants souffrent de dyslexie, un mal caractérisé par un problème d'identification des lettres, des syllabes et des mots.

    La dyslexie réduit les compétences en lecture et en expression orale. Elle peut entraîner une marginalisation sociale de ceux qui en sont victimes. Il est donc primordial de la repérer le plus tôt possible, afin d'encadrer précocement les enfants dyslexiques. Et pourquoi ne pas la détecter dans les gènes ? Les travaux de chercheurs américains de l'université de Yale vont dans ce sens. Leur étude, publiée dans la revue American Journal of Human Genetics, a permis d'identifier un marqueur génétique impliqué dans ce handicap.

    Parmi les troubles de l'apprentissage les plus courants, on trouve la dyslexie (lecture), la dyscalculie (calcul) et la dysorthographie (expression écrite). © John-Morgan, Flickr, cc by 2.0
     
    Parmi les troubles de l'apprentissage les plus courants, on trouve la dyslexie (lecture), la dyscalculie (calcul) et la dysorthographie (expression écrite). © John-Morgan, Flickr, cc by 2.0

    De nombreuses publications scientifiques ont mis en évidence certains facteurs génétiques en cause dans la dyslexie et le retard de langage. Une région du chromosomechromosome 6 s'est révélée particulièrement intéressante. Elle contient notamment deux gènes, appelés DCDC2 et KIAA039, qui semblent jouer un rôle crucial dans l'évolution de ces pathologiespathologies. De nombreuses variantes mutées de ces gènes ont en effet été impliquées dans les troubles de l’apprentissage.

    Un fragment d'ADN impliqué dans la dyslexie

    Une étude précédente, réalisée par la même équipe, avait caractérisé une mutation particulière du gène DCDC2, très fréquemment associée avec un problème d'apprentissage. Dans ce cas, le gène contenait un petit fragment d'ADN spécifique qu'ils ont nommé READ1 (pour Regulatory Element Associated with Dyslexia 1). Afin de comprendre le rôle joué par READ1, les chercheurs ont analysé les données de plus de 10.000 enfants nés en 1991 et 1992.

    Leurs résultats montrent que le fragment READ1 interagit avec une protéineprotéine responsable de la modulationmodulation de l'expression de DCDC2. Par ce biais, READ1 influe sur la synthèse de la protéine DCDC2. D'autre part, READ1 nuance également l'expression du gène KIAA0319. Pour résumer, ces travaux montrent que le facteur génétique READ1 est capable de moduler l'expression de deux gènes impliqués dans la dyslexie. Selon Jeffrey R. Gruen, directeur de cette étude « les personnes qui possèdent le facteur READ1 ont un risque significativement accru d'être atteints de dyslexie ou de troubles du langage ».

    De nombreuses études sont nécessaires pour comprendre les mécanismes biologiques qui se cachent derrière le développement de ces troubles de l'apprentissage. Cette recherche a permis d'identifier un facteur génétique impliqué dans la dyslexie. Elle aiderait à diagnostiquer plus tôt cette pathologie chez les enfants.