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C'est intéressant d'instaurer ce dialogue entre les scientifiques et le public. Il doit échapper à tout formalisme et briser les distances pour laisser apparaître les motivations profondes. C'est déjà le cas dans Futura-Sciences, il faut rester sur cette ligne… Bernard Francou Novembre 2003
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Biographie
J'ai choisi une formation universitaire un peu éclatée (agrégation, thèse d'Etat) en Sciences de la TerreTerre (géomorphologiegéomorphologie), avec au menu la géographie, la géologiegéologie et la géophysique. Je suis né en montagne (Briançon, Hautes-Alpes, France), j'ai vécu assez longtemps à basse altitude sur des boucliers ou des bassins sédimentairesbassins sédimentaires, au Canada d'abord, puis en Afrique et en France, avant de me fixer entre 4000 m et 6000 m d'altitude dans les Andes surtout et en Himalaya.
J'ai d'abord travaillé une quinzaine d'années au CNRS comme géomorphologue en me concentrant sur l'étude de l'érosion dans la haute montagne périglaciaire. Les produits de l'érosion y sont peu exportés en dehors des cirques élevés depuis 10 000 ans, aussi on peut dire « à quelle vitessevitesse ça va » et reconstruire toute la chaîne sédimentaire passée et actuelle. J'ai fait cela en des lieux que j'ai instrumentés et suivis pendant plusieurs années, surtout dans les Alpes françaises entre 2500 m et 3000 m et les Andes du Pérou et de Bolivie entre 4700 m et 5500 m. Quantifier les dépôts qui se mettent en place sous les parois rocheuses et appartenant à la famille des éboulis, comprendre leur fonctionnement actuel sous l'effet du gelgel et de la neige, montrer en quoi ils évoluent différemment des modèles réduits que l'on a reproduits en laboratoire, tout cela a été mon premier « job » et a réussi à me passionner pendant une dizaine d'années. Les résultats ont été publiés dans diverses revues, entre autres PermafrostPermafrost and Periglacial Processes (John Wiley ed.)) et quelques libres à plusieurs auteurs.
Mais au début des années 1990, sentant venir le changement climatiquechangement climatique, je me suis tourné vers les glaciersglaciers car ce sont d'excellents marqueurs du climatclimat : en effet, quand l'atmosphèreatmosphère se réchauffe, l'eau change de phase, passant du solidesolide au liquideliquide, ce qui ne passe pas inaperçu ! Mon travail est entré dès lors de plein pied dans la sphère du changement climatique global, avec comme cible et ancrage les glaciers de montagne, et en particulier ceux qui se trouvent dans la haute montagne tropicale, Andes de Bolivie, du Pérou et d'Equateur et l'Himalaya (Inde).
- Pourquoi là, et pas ailleurs ?
D'abord parce que les glaciers alpins et d'autres massifs de l'hémisphère nordhémisphère nord sont suivis depuis des décennies dans le cadre de programmes internationaux, en France, en Suisse, en Autriche, en Norvège, etc..., tandis très peu de glaciers de l'hémisphère sudhémisphère sud et de la bande tropicale ont fait l'objet d'études détaillées. Ensuite, parce que ces glaciers sont de petite taille et très sensibles au changement climatique : changement actuel lié au réchauffement de l'atmosphère sous pratiquement toutes les latitudeslatitudes, mais aussi changements passés qu'il est tentant d'aller documenter en forant des carottescarottes à haute altitude et en les analysant en laboratoire
Je côtoie ainsi au Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique et l'Environnement (CNRS), qui m'héberge à Grenoble, des chercheurs travaillant dans les Alpes, en AntarctiqueAntarctique ou au Groenland.
Je pratique l'alpinisme par goût et je me souviens de m'être baladé avec des instruments de mesure dans des endroits rares, comme l'arête ouest de l'EverestEverest en hiverhiver jusqu'à près de 8000 m. Par nécessité aussi car mon activité principale consiste à mettre en place des réseaux de mesure permanents sur des glaciers à haute altitude (4000-6000 m) pour en faire des observatoires permanents de recherche sur l'environnement. Je participe aussi à des carottagescarottages profonds sur des sommets dépassant les 6000 mètres, lesquels visent à reconstruire les climats depuis 10 000 à 20 000 ans et à évaluer le réchauffement actuel par rapport aux fluctuations du passé. C'est d'ailleurs grâce à un projet de forage au sommet du Chimborazo (6268 m) que j'ai eu le plaisir d'être associé en 2000 aux Prix Rolex à l'Esprit d'Entreprise .
En dehors de faire ma trace dans la neige dans des endroits solitaires et de voir le monde d'en haut, j'ai le plaisir aussi de participer à la formation d'équipes scientifiques dans les pays du Sud, en nouant des collaborations et en dirigeant des travaux. C'est d'ailleurs l'une des raisons d'être de l'IRDIRD, mon institut de rattachement. Je crois en effet que la science dans des domaines aussi sensibles politiquement que le climat et la ressource en eau ne peut se faire en dehors d'une coopération active au niveau international incluant les pays du Sud.
Le climat n'est-il pas l'affaire de tous ? Et la haute montagne n'est-elle pas un lieu privilégié où est stockée une bonne part des réserves d'eau potable de la planète ?
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