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    Un contour que sait dessiner les yeuxyeux fermés, le petit écolier corse. C'est d'abord, le Cap Corse, tel le vainqueur, le pouce coulé dans le schiste, haut perché, qu'il dessine, avec son versant Est peu accidenté, agrémenté de petites taches vertes symbolisants des activités agricoles telles que les cultures fourragères ou les petits vignobles et de petits ronds bien formés pour signaler Erbalungua et maisons caressées par la mer, Sisco et ses 17 hameaux, ou Rogliano et ses châteaux forts, tandis qu'il découpe le versant opposé en petites échancrures qui abritent maints petits ports - ou marina - au noms chantants - marines de Tollare, de Giottani , d'Albo, de Farinole, fidèles aux pêcheurs et navigateursnavigateurs qu'ont longtemps été les cap-corsins.

    Les îles lavezzi.© Bertomic, Pixabay, DP

    Les îles lavezzi. © Bertomic, Pixabay, DP

    Il n'oublie pas de noter le nom des ces villages qui ont su conserver leurs toitstoits de pierres plates aux couleurs gris vert de la mer où se côtoient avec bonheur habitations traditionnelles et "maisons d'Amérique" témoignant de la "fortune" de ses enfants revenus au "pays" après une vie passée aux Antilles ou au Venezuela.

    Puis, le petit écolier, décide de dessiner le pourtour de son île selon les connaissances géologiques qu'il a fraîchement acquises : d'abord la corse cristalline, la plus étendue puisqu'elle s'étend de Saint Florent à Solenzara, et la plus difficile à dessiner avec ses cotes farouches, accidentées, sculptées, creusées, sauvages, et si étrangement belles avec ses huit Golfes, ses Caps et ses Pointes, ses fonds de baies, ses plages bordées de figuiers de barbariefiguiers de barbarie, de bruyère ou de roseaux. Il sait que son crayon fermement maintenu sculpte des réalités aussi merveilleuses que les grottes de Scandola, le golfe de Porto, les Calanques de Piana, les Iles Sanguinaires ou la Pointe de Roccapina gardé par son LionLion de Granit...
    Atteignant l'extrême sud de île, l'enfant hésite, il voudrait tracer mais ne le peut - sinon en faisant un dessin en coupe - les somptueuses et éblouissantes falaises de Bonifacio avec ses grottes et ses riasrias qui nous rappellent certains paysages normands comme les plis -également calcairescalcaires - des collines de Saint Florent nous rappellent la Provence.

    Image du site Futura Sciences

    Mais son travail de dentellier continue au fur et a mesure qu'il dessine les îles de Cavallo et des Lavezzi , les contours du Golfe de Manza, la Baie de rêve de Santa Guilia, le Golfe de Porto-Vecchio semblant jaloux de sa beauté... Qu'il est délicat d'essayer de tracer avec fidélité les nombreuses petites plages et criques aux parfums de vacances qui scintillent tout le long de la cote se prélassant entre Palombaggia à Pinarello. Viennent ensuite la Cote des Nacres et les environs de la dynamique station de Solenzara, limite entre la cote cristalline et la cote schisteuse, qui emprunte son nom ensoleillé (sole=soleil) a cette rivière si fière de prendre ses origines sous le regard des Aiguilles de Bavella, joyau de l'Alta Rocca.

    Enfin, notre petit géographe peut délier son poignet pour dessiner entre Solenzara et Bastia les contours de la seule grande plaine de corse qui s'étire sur une centaines de kilomètres de terres alluviales et sableuses aux allures de Camargue avec ses lagunes et ses étangs (d'Urbino, de Diana, de Biguglia) naguère fief du moustiquemoustique anophèleanophèle.

    Les Calanques Photo Desjobert

    Les Calanques Photo Desjobert

    C'est La lutte anti-moustique associée a la création d'un réseau hydraulique capable d'irriguer 23000 hectares de terres qui ont permis a cette terre longtemps délaissée aux seuls marécages de renaître sous forme de vastes vignobles ou vergers d'agrumes ainsi qu'à ses villages autrefois hameaux tel Ghisonaccia - capitale de la plaine - de développer leur économie a travers l'agricultureagriculture et le tourisme. Juste retour des choses ! En effet c'est sur cette cote -dite orientale - que se situe, à l'embouchure du Tavignano, et comme en témoignent les nombreux vestiges, Aleria, la capitale de la Corse Antique (env.565 av.J.C).

    Regardant son dessin avec fierté, l'enfant voulant y mettre des couleurs, hésite et y renonce tant sa palette lui parait insuffisante pour rendre compte de la richesse, de la multiplicité, du caractère mais aussi de la légèreté et de la transparencetransparence des contours de son île, de ses terres et de ses eaux....