Siats meekerorum était un théropode géant qui régnait en maître sur l’Amérique du Nord d’il y a 98 millions d’années. Une découverte qui permet de mieux combler le vide laissé entre les allosaures du Jurassique et les tyrannosaures de la fin du Crétacé dans cette région du monde.

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    Cette représentation d'artiste donne une idée de l'apparence de Siats meekekorum, un théropode carnivore de très grande taille qui vivait en Amérique du Nord il y a 98 millions d'années. © Julia Lacerda

    Cette représentation d'artiste donne une idée de l'apparence de Siats meekekorum, un théropode carnivore de très grande taille qui vivait en Amérique du Nord il y a 98 millions d'années. © Julia Lacerda

    Il y a des histoires qui sont difficiles à réécrire : celles pour lesquelles on ne dispose d'aucun spectateur. Que dire alors de celles des dinosaures ? Si les fossiles parlent, et permettent aux paléontologuespaléontologues d'imaginer des scénarios sur les écosystèmes en place à cette époque, il reste encore de nombreux trous dans la trame qui demandent à être comblés. Par exemple, la découverte de nombreux squelettes de la fin du Jurassique, à l'époque des allosaures, des apatosaures et des stégosaures, nous donne une idée de la vie en ces temps reculés. De même à la fin du Crétacé supérieur, à l'ère du tyrannosaure. Mais entre les deux ?

    Bien qu'un pan de cette histoire vienne d'être révélé récemment par la mise au jour de Lythronax argestes, vieux de 80 millions d'années, les questions sont loin d'être résolues. C'est pourquoi Lindsay Zanno, de l'université d’État de Caroline du Nord, et Peter Makovicky, du muséum Field d’histoire naturelle de Chicago, sont allés fouiller dans des couches géologiques vieilles de 98 millions d'années. Et ont fait des découvertes intéressantes. Notamment les restes d'un théropode carnivorecarnivore géant probablement au sommet de la chaîne alimentairechaîne alimentaire à l'époque.

    Ce superprédateur, nommé Siats meekekorum, est décrit plus en détail dans la revue Nature Communications.

    Lindsay Zanno, de l'équipe des découvreurs, expose dans sa main l'une des vertèbres de <em>Siats</em> extirpées d'une terre vieille de 98 millions d'années. © NCSU

    Lindsay Zanno, de l'équipe des découvreurs, expose dans sa main l'une des vertèbres de Siats extirpées d'une terre vieille de 98 millions d'années. © NCSU

    Un géant légèrement moins grand que le tyrannosaure

    Seules quelques vertèbres du dosdos et de la queue du théropode, ainsi que des fragments de hanche et de fémurfémur ont pour l'heure été exhumés des flancs de colline de l'Utah, depuis 2008. Mais cela permet aux scientifiques de se faire une idée plus précise de l'animal mis au jour.

    Les premières analyses permettent de le classer dans la famille des néovénatoridés, que l'on n'avait jamais retrouvés dans cette région du monde, et que l'on regroupe dans le cladeclade des allosauroïdes. La place laissée vacante après leur disparition de la région il y a 85 millions d'années a été reprise par des tyrannosauridés, plus petits à l'époque, mais parmi lesquels le dinosauredinosaure éponyme s'est imposé comme le plus grand carnivore de la région.

    Quelle vie a connu Siats meekerorum ?

    Car bien que Siats ait été imposant, les estimations le mettent en concurrence avec Acrocanthosaurus pour la place de deuxième plus gros théropode d'Amérique du Nord. Le squelette exhumé là semble être celui d'un individu juvénile, qui devait mesurer aux alentours de 10 m de long, et peser environ 4 t malgré tout. Les auteurs supposent que les adultes atteignaient les 5 t, alors que Tyrannosaurus rex tutoyait quant à lui les 7 t.

    De par ce gabarit, il devient légitime de penser que ce superprédateur régnait en maître et figurait au sommet de la chaîne alimentaire. Mais à quoi ressemblait l'écosystème de son époque ? Sur les mêmes flancs de collines, les auteurs précisent avoir extrait de la roche d'autres fossiles appartenant à au moins trois dinosaures de la même époque, qui vont pouvoir les aiguiller pour répondre à cette question. Les recherches se poursuivent en ce sens et les paléontologues espèrent avoir une idée plus claire dans les cinq années à venir.