Kairuku grebneffi est le plus grand manchot connu. Il mesurait environ 1,30 mètre. La description de cette nouvelle espèce vient d'être réalisée à partir d'ossements découverts pour certains il y a plus de trente ans, en Nouvelle-Zélande. Voilà qui permet aussi de faire le point sur la classification de ces oiseaux.

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    Les manchots, appelés penguins en anglais, ne doivent pas être confondus avec les pingouins. En français, le mot désigne en général les Alcidés, une famille qui regroupe notamment le macareux, le guillemot, le petit pingouin et feu le grand pingouin (exterminé au dix-neuvième siècle). © Chris Gaskin, université d'Otago

    Les manchots, appelés penguins en anglais, ne doivent pas être confondus avec les pingouins. En français, le mot désigne en général les Alcidés, une famille qui regroupe notamment le macareux, le guillemot, le petit pingouin et feu le grand pingouin (exterminé au dix-neuvième siècle). © Chris Gaskin, université d'Otago

    La Nouvelle-Zélande est depuis toujours une terre d'accueil pour les manchots. Aussi bien vivants que fossiles. Des ossements déterrés dans les années 1970 et 1990 ont été analysés récemment et deux nouvelles espèces de ces oiseaux ont ainsi été nommées. L'une d'entre elles est le plus grand manchot connu.

    Ces deux espèces appartiennent à un nouveau genre : Kairuku, qui signifie « plongeur qui revient avec de la nourriture » en maori. Il s'agit de K. waitaki et K. grebneffi. Ces animaux vivaient sur l'île il y a environ 27 millions d'années, pendant l'Oligocène. À cette époque, la Nouvelle-Zélande était davantage recouverte par la mer et les îlots émergentsémergents constituaient un habitat de choix pour ces oiseaux, à l'abri des prédateurs, et entouré de réserves nutritives abondantes.

    Kairuku grebneffi, le plus grand manchot connu

    L'identification de ces espèces a été rendue possible grâce notamment à trois squelettes presque complets, retrouvés lors d'expéditions initialement destinées à la recherche de fossiles de dauphins et de baleines, sur l'île du sud de la Nouvelle-Zélande. Ces squelettes ont permis de déterminer l'anatomieanatomie générale de ces manchots, unique par rapport à toutes les espèces déjà décrites.

    Les manchots empereurs (<em>Aptenodytes forsteri</em>) sont les plus grands manchots vivants. © Sandwichgirl, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Les manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) sont les plus grands manchots vivants. © Sandwichgirl, Flickr, cc by nc nd 2.0

    Leurs nageoires étaient très longues, et proportionnellement au reste du corps, plus longues que celles des espèces vivantes. Les membres postérieurs étaient robustes et surtout, ces oiseaux étaient très grands. K. grebneffi aurait mesuré environ 1,30 mètre, ce qui fait de lui le plus grand manchot connu, dépassant de plusieurs centimètres le manchot empereur, comme l'indiquent les auteurs dans la revue Journal of Vertebrate Paleontology.

    Autant de caractéristiques physiquesphysiques adaptées à la nage profonde et lointaine. Pourtant, le genre Kairuku est désormais éteint - depuis 24 millions d'années environ - et les chercheurs ne savent pas encore pourquoi. Le réchauffement climatique est une cause possible. Le retrait de la mer, augmentant la compétition interspécifique, en est une autre. Enfin la prédation accrue des baleines et des dauphins semble actuellement la plus plausible des hypothèses. 

    Classification dépoussiérée

    Cette découverte vient étoffer les connaissances de ce groupe et porteporte à plus de 50 le nombre d'espèces éteintes. Elle met également de l'ordre dans la classification des manchots dont les premiers fossiles ont été découverts par Thomas Huxley en 1859. Il avait alors nommé une première espèce Palaeeudyptes antarcticus, et les différents fragments trouvés par la suite avaient été attribués un peu hâtivement à cette espèce ou à deux autres, P. marplesi et Palaeeudyptes sp. (non nommée).

    Les auteurs ont donc fait le tri, en attribuant notamment à certaines espèces des ossements qui avaient été assignés à d'autres, par erreur. Due à la faiblesse de l'holotypeholotype de P. antarcticus décrit à partir d'un seul os, cette récente classification, qui sépare les espèces des genres Palaeeudyptes et Kairuku, reste néanmoins peu robuste et d'autres fossiles seront nécessaires pour la stabiliser.