L’agonie du pont de glace reliant la plaque Wilkins en Antarctique s’est terminée lundi sous l’œil du satellite de l’Esa Envisat, bouleversant l’aspect de la région.

au sommaire


    Depuis longtemps, la plaque (ou plate-forme) Wilkins, une vaste étendue de banquise le long de la péninsule Antarctique (à l'ouest) fondait lentement mais sûrement. Sa dislocation était inévitable. L'évènement s'est brusquement produit samedi 4 avril, lorsque cette langue de glace qui faisait encore 100 kilomètres de large voici un demi-siècle, mais qui s'était réduite à 500 mètres sous l'effet du réchauffement climatiqueréchauffement climatique, s'est effondrée.

    La langue de glace telle qu'elle apparaissait le 26 novembre 2008. Crédit Esa
    La langue de glace telle qu'elle apparaissait le 26 novembre 2008. Crédit Esa

    « Au cours des mois passés, nous avons vu cette formation de glace plus que millénaire se déformer et sa partie la plus étroite agir en tant que charnière témoigne Angelika Humbert, de l'institut de géophysique de l'université de Münster (Allemagne). Rien que l'année dernière, elle a perdu 1.800 km², soit environ 14% de sa surface, la laissant en situation fragile. En octobre et novembre des crevasses se sont développées, résultant vraisemblablement de la perte de 1.200 km² le long de la face nord au cours des mois de juin et juillet 2008 ».

    Situation au 23 mars 2009. Crédit Esa
    Situation au 23 mars 2009. Crédit Esa
    Situation au 2 avril 2009. Crédit Esa
    Situation au 2 avril 2009. Crédit Esa

    Selon les géophysiciens, l'effondrementeffondrement de ce rempart naturel pourrait laisser libre cours aux courants marins, lesquels viendraient éroder beaucoup plus rapidement la plaque Wilkins, favorisant encore la fontefonte de la banquise. « A mon avis, nous allons perdre davantage de glace, mais il en restera au sud », pense David Vaughan, glaciologue au British Antarctic Survey.

    Situation au 5 avril, quelques heures avant la rupture. Crédit Esa

    Situation au 5 avril, quelques heures avant la rupture. Crédit Esa
    Même jour, la rupture sest produite. Crédit Esa

    Même jour, la rupture sest produite. Crédit Esa

    Un endroit particulièrement sensible au réchauffement

    La péninsule Antarctique est l'endroit où le réchauffement climatique est le plus rapide au monde. Récemment encore, on pensait au contraire que l'Antarctide se refroidissait, par suite d'erreurs de lecture de relevés locaux et le manque d'études in situ, dû aux conditions climatiques particulièrement sévères.

    Depuis les années 1950, la température moyenne de l'Antarctide a augmenté de 0,5°C en moyenne, mais le réchauffement a atteint 3° pour la péninsule, une valeur considérée comme catastrophique.

    La fonte de la totalité des glaces du continent antarctique provoquerait une élévation du niveau océanique global de 57 mètres, menaçant ou même rayant de la carte de nombreuses villes côtières et ruinant l'économie de nombreux pays. Ce scénario est bien sûr exclus mais la fonte d'une toute petite partie de ces glaces menacerait directement de nombreuses grandes métropoles côtières et entraînerait le déplacement de millions de personnes.