Lorsque l'on pense aux phénomènes venteux les plus puissants et destructeurs de la Planète, deux phénomènes météo viennent immédiatement à l'esprit : les ouragans et les tornades. Mais un autre phénomène tout aussi violent est capable de créer une grande étendue de dégâts majeurs, il s'agit du derecho.


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    Moins connu, plus rare, le derecho est parfois tout aussi destructeur. Contrairement aux ouragans et tornades, le derecho produit des vents extrêmes sur une ligne droite : d'où son nom, qui signifie « tout droit » en espagnol. Les derechos sont rares en Europe, il s'en produit un tous les 2 à 4 ans en moyenne. En Amérique du Nord, la moyenne est par contre d'à peine 1 par an, contre une vingtaine de phénomènes cycloniques et environ 1 000 tornades.  Aux États-Unis, la vallée de l'Ohio est la zone la plus touchée.

    Une ligne orageuse d'au moins 400 kilomètres

    Un derecho est en fait une ligne d'orages très violents qui répond à plusieurs caractéristiques définies en 1981, puis précisées en 1987, comme l'explique l'observatoire Keraunos :

    • la ligne d'orages doit s'étendre sur au moins 400 kilomètres, sur une largeur d'au moins 100 kilomètres ;
    • une progression linéaire de cette zone d'orages ;
    • des rafales sous les orages d'au moins 90 km/h, dont au moins trois différentes d'au moins 120 km/h, elles-mêmes séparées d'au moins 64 kilomètres de distance ;
    • pas d'interruption de plus de 3 heures entre deux rafales convectives supérieures à 90 km/h. 

    Les cyclones (ouragans ou typhons) sont capables de produire des orages très violents, mais le derecho est un phénomène différent. Celui-ci est produit par un système convectif de méso-échelle (MCS) extratropical, soit un ensemble d'orages.

    L'arcus est un nuage que l'on aperçoit souvent en cas d'une ligne d'orages associée à un derecho. Ici, un arcus faisant partie d'une ligne de derecho en Illinois, États-Unis, juillet 2008. © Brittney Misialek
    L'arcus est un nuage que l'on aperçoit souvent en cas d'une ligne d'orages associée à un derecho. Ici, un arcus faisant partie d'une ligne de derecho en Illinois, États-Unis, juillet 2008. © Brittney Misialek

    Peut-on prévoir un derecho ?

    La prévision des orages classiques est déjà très difficile, mais celle des derechos l'est encore plus. Plus le contrastecontraste entre une arrivée d'airair humide sur un air sec est important, plus le risque est important. C'est justement cette différence de courants et de masses d'airmasses d'air qui est à l'origine d'une évaporation de l'humidité, qui elle-même refroidit l'air. Cet air plus froid est dense et s'écroule, un mécanisme qui cause l'apparition de puissantes rafales descendantes. Les orages se renforcent et se multiplient sur la même ligne.

    Un derecho, avec tous les éclairs des orages, avançant sur le <em>Midwest</em> américain en août 2020. © NOAA
    Un derecho, avec tous les éclairs des orages, avançant sur le Midwest américain en août 2020. © NOAA

    On parle alors de derecho lorsque ce phénomène se produit de manière multiple et sur de grandes distances. Sur les images radars, on aperçoit alors un bow echo ou « grain en arc », une ligne courbée d'orages avançant tous dans la même direction.

    Un derecho record en Europe

    Il existe des « supers derechos », les plus étendus et les plus extrêmes, dont celui survenu en Europe récemment peut faire partie. L'un des plus violents derechos de l'histoire de la météorologiemétéorologie européenne s'est produit le 18 août 2022. Qualifié « d'exceptionnel » par le CNRS, le phénomène s'est étendu sur 800 kilomètres entre la Corse, l'Italie, l'Autriche, la Slovénie et la Tchéquie. Des vents à 225 km/h ont été relevés à Marignana en Corse, un record absolu, 206 km/h à l'Ile Rousse et 158 km/h à Ajaccio.  

    Douze personnes sont décédées, dont 5 en Corse et plus de 100 autres personnes ont été blessées. L'intensité de ce derecho a certainement été accentuée par l'eau anormalement chaude de la Méditerranée lors de cet été 2022, comme l'a précisé le CNRS dans une étude dédiée à ce phénomène dévastateur.