Oui, la part des énergies renouvelables dans la production globale d’énergie peut être notablement augmentée en France. C’est ce que démontre Nathalie Saker, spécialiste du sujet et enseignant-chercheur à l'école d'ingénieur ESME-Sudria, qui a répondu aux questions de Futura.

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    L'objectif national annoncé lors de la COP 21 est de porter la part des énergies renouvelables à 32 % en France pour 2030. Est-ce possible ? Quel potentiel de ressources peut-on espérer ? Nous avons posé ces questions à Nathalie Saker, enseignant-chercheur à l'école d'ingénieurs ESME-Sudria, où elle est responsable du Master « Énergies renouvelables et Environnement ».

    Quel est le potentiel de la France en matièrematière d'énergies renouvelables ?

    La France a un bon potentiel pour l'éolien et le solaire. Pour l'énergie solaire, je prendrai le cas du sud-est, près de Marseille. Sur une installation photovoltaïque typique de 85 kW, la surface requise est de 4.000 m2 (en respectant une certaine distance entre les différents rangs de panneaux solaires), pour une production annuelle d'électricité d'environ 130 MWh. La part du solaire en France, qui est actuellement de 1,32 %, pourrait être notablement augmentée. Quant à l'éolien, le pays représente le deuxième gisement en Europe, après le Royaume-Uni.

    Ne faudrait-il pas de trop vastes surfaces ?

    Je comprends cette crainte, mais elle n'est pas raisonnée. Je vais citer quelques chiffres, obtenus avec le calculateur SAM (System Advisor Model) qui représente un logiciellogiciel développé par le NREL (National Renewable Energy Laboratory), aux États-Unis (et librement téléchargeable). Je reprends l'exemple de l'installation photovoltaïque dans le sud-est de la France où l'irradiationirradiation solaire représente environ 1.500 kWh/m2/an. Pour l'ensemble de la Métropole et pour l'installation photovoltaïque typique de 85 kW, il faut donc compter environ 47 m2 pour 1 kW de puissance photovoltaïque installée. Pour l'éolien, la puissance moyenne installée est d'environ 4 MW par km2. En sachant qu'en 2015, la production nationale d'électricité à partir de l'éolien se situait autour de 21 TWh.

    Sur l'île de La Réunion, le photovoltaïque au sol a appris à cohabiter avec les terres agricoles, rares et précieuses sur ce petit territoire. © Akuo Energy

    Sur l'île de La Réunion, le photovoltaïque au sol a appris à cohabiter avec les terres agricoles, rares et précieuses sur ce petit territoire. © Akuo Energy

    Comment se situent ces coûts par rapport au nucléaire ?

    Les centrales nucléaires françaises actuelles ont initialement été conçues pour une duréedurée de vie de 40 ans. Sur cette base, le prix de revient de l'électricité nucléaire en France est aujourd'hui de 49 euros le MWh. Or, elles ont actuellement une trentaine d'années. Le projet d'EDF est d'allonger leur durée de vie mais cela a un coût, qui est très élevé. S'il est intégré, le prix de revient atteindra 55 à 65 euros le MWh.

    Dans l'exemple de l'installation photovoltaïque dans le sud-est de la France, le prix de revient est de 80 euros le MWh. Je précise que ce dernier chiffre est calculé sans intégrer les subventions rapportées aux investissements liés aux énergies renouvelables. En conclusion, solaire et éolien peuvent clairement entrer en concurrence avec l'énergie nucléaire.

    Et les énergies marines ?

    Elles représentent aussi un bon potentiel en France. Pourtant, elles n'apportent aujourd'hui que 0,08 % de l'électricité produite au niveau national. À l'horizon de 2020, le gouvernement veut produire 3 % de l'énergie en France à partir des énergies marines (intégrant l'éolien offshore). Le plus gros potentiel est celui de l'hydrolienne : une hydrolienne de 10 mètres de hauteur pour une vitessevitesse d'eau de 10 km/h a une puissance équivalente à celle d'une éolienneéolienne terrestre d'une hauteur de 54 mètres pour 30 km/h de ventvent...

    Jusqu'où peut-on imaginer porter la part des énergies renouvelables en Métropole ?

    L'objectif en France est de parvenir à 32 % d'énergies renouvelables en 2030, de manière à réduire la dépendance à l'approvisionnement en uraniumuranium pour les centrales nucléairescentrales nucléaires. En 2015, l'hydraulique représentait 10 % de la production française, l'éolien 3,7 %, les biocarburantsbiocarburants 1,4 % et le solaire 1,3 %. L'objectif national à atteindre en matière d'énergies renouvelables est tout à fait réaliste.