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Une étape importante a été franchie dans la construction de l'EPR d'Olkiluoto. © bbcwolrdservice, Flickr, cc by nc 2.0
Au début du mois, la boucle primaire de l'EPR de Olkiluoto a été mise en place par les ouvriers d'Areva, responsable de la constructionconstruction du site. L'occasion de faire le point sur les spécificités de l'EPR (European Pressurized Reactor), ce réacteur de troisième génération conçu par Areva et déjà construit, en construction ou en projet dans quatre pays.
La Chine, l'Inde, la France et donc, la Finlande, ont déjà opté pour l'EPR. En France cependant, l'avenir des deux réacteurs de troisième génération, celui de Penly et celui de Flamanville, fait l'objet d'importantes discussions. Quant au projet de réacteurs indiens dans la ville de Jaitapur, il est pour l'instant gelé suite à l'accident de Fukushima et a suscité de vives protestations - allant jusqu'à la mort d'un manifestant - de la population locale.
Le réacteur le plus puissant
Qu'a l'EPR de si avantageux ? D'abord sa puissance, plus élevée que celle de tous les réacteurs nucléaires existants. Sa puissance nette est en effet de 1.600 MW contre 1.495 pour les derniers réacteurs qui ont vu le jour en France (à Civaux dans la Vienne).
Les ouvriers d'Areva viennent de terminer la mise en place de la boucle primaire de l'EPR d'Olkiluoto (OL3). © Areva
Mais qui dit plus de puissance dit aussi davantage de risque en cas d'accidentaccident et un tel progrès n'aurait pas pu voir le jour sans une amélioration de sécurité. C'est pour cette raison que l'EPR est considéré par ses promoteurs comme le réacteur le plus fiable et le plus écologique.
EPR : fiable et écologique mais controversé
Le plus fiable parce que la chaîne primaire, qui contient le cœur du réacteur - la partie sensible de la construction en cas d'accident - est davantage protégée. L'ensemble du circuit primaire (cuve, générateurgénérateur de vapeur, pressuriseur, pompe et tuyauterie) est en effet enfermé dans une enceinte double et étanche. Le but est d'éviter une fusion du cœur et le cas échéant, d'en limiter les dégâts. C'est notamment le rôle du compartiment conçu afin de recueillir les produits de fusion. Enfin, les quatre bâtiments auxiliaires, bien que jugés trop interconnectés par l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), contiennent les systèmes de sauvegardesauvegarde utilisés en cas d'accident et sont entièrement indépendants.
L'EPR est aussi écologique car le rendement énergétique est meilleur selon Areva qui parle d'une diminution de 7 à 15 % de la consommation d'uraniumuranium par KWh produit, d'une réduction des déchets à vie longue et d'une consommation d'eau moins importante.
Caractéristiques de l'EPR et chantiers à travers le monde. © ide.fr
Les EPR sont en retard
À Olkiluoto l'ensemble de la boucle primaire a donc été mis en place par les ouvriers. Selon Areva, cela veut dire que l'EPR est construit à 80 %. Sauf qu'il devrait déjà être en marche depuis deux ans et ne sera finalement livré qu'en 2012 pour une mise en service en 2013 voire 2014, soit un retard d'environ cinq ans.
À Flamanville, idem : un retard de quatre ans au moins et un coût qui a doublé, passant de 3 à 6 milliards d'euros environ selon les dernières prévisions. De plus, suite aux remontrances de l'ASN qui a décelé des écarts dans le gros œuvre, à Fukushima, au débat du nucléaire et aux récentes discussions autour du MoxMox ou de l'arrêt du chantier, l'EPR français n'a pas la cote.
L'étape déterminante de la chaîne primaire permet donc à Areva de se relancer. Si toutefois aucun autre retard ni aucune nouvelle hausse de coût ne viendra entacher cette réussite.