Si l'on en croit un document classé « confidentiel défense », mis en ligne par Greenpeace et le réseau Sortir du Nucléaire le 17 mai, le réacteur de Flamanville n'offrirait pas de garantie suffisante en matière de sécurité. En effet, contrairement à ce qu'affirmait Areva, sa structure pourrait ne pas résister à la chute d'un avion de ligne…

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    Greenpeace a mis en ligne un document classé confidentiel défense et avance que le réacteur EPR  pourrait ne pas résister à une attaque de type 11 Septembre. <br />Le groupe Areva dément<br /> (Crédits : Image & Process, AREVA NP )

    Greenpeace a mis en ligne un document classé confidentiel défense et avance que le réacteur EPR pourrait ne pas résister à une attaque de type 11 Septembre.
    Le groupe Areva dément
    (Crédits : Image & Process, AREVA NP )

    Un document classé confidentiel défense mis en ligne

    L'affaire a éclaté le 16 mai dernier, lorsque le porteporte-parole du réseau Sortir du Nucléaire, Stéphane Lhomme, a été interpellé par une brigade de la DST. Pour quel motif ? Détention illégale d'un document classé « confidentiel défense » portant sur la capacité du futur réacteur EPR à résister à une attaque terroriste de type 11 septembre 2001- crash d'un avion civil sur la structure. Après plus de quatorze heures de garde à vue, de recherche et de perquisitions, le porte-parole a été relâché mais, considérant qu'il s'agissait d'une atteinte au droit à l'information des citoyens français, Greenpeace et le réseau Sortir du Nucléaire ont choisi de mettre en ligne le document recherché par la DST : « nous nous élevons pour que cessent les attaques contre le droit à l'information des citoyens dans notre pays et la répression des opposants. C'est aujourd'hui ceux qui dissimulent les informations qui devraient être poursuivis. » Ce faisant, les membres de ces associations à l'origine de la démarche encourent tout de même 75.000 euros d'amende et 5 ans de prison...

    En l'espace d'une journée, le document a été téléchargé par plusieurs milliers d'internautes. Aujourd'hui, il est relayé par 40 sites InternetInternet ; parmi eux, des associations écologiques, des personnalités politiques des Verts, mais également les Editions Le Souffle d'Or et Yves Michel, ainsi que la Présidente de la sous-commission des Droits de l'Homme au Parlement Européen, Helène Flautre.

    L'EPR résisterait-il à la chute d'un avion commercial ? <br />(Crédits : NASA)

    L'EPR résisterait-il à la chute d'un avion commercial ?
    (Crédits : NASA)

    L'expertise du document

    Pour analyser le document, Greenpeace a fait appel à un expert britannique indépendant, John Large. Celui-ci a présenté son rapport le 19 mai. Le constat est sévère : « Ce document est secret, non parce qu'il révèle des détails hautement sensibles pour la sécurité, mais parce qu'il manifeste un manque presque total de préparation pour se prémunir contre une attaque terroriste. »

    Selon John Large, le projet du réacteur EPR avait été conçu pour respecter les recommandations américaines remontant à 1991 et consistant à protéger les réacteurs nucléaires contre la chute éventuelle d'un avion militaire. Si l'on en croit l'expert indépendant, le groupe Areva se serait contenté d'extrapoler les conséquences d'une chute d'avion commercial à partir de celles d'une chute d'avion militaire. Deux événements qui, selon lui, ne sont pas du tout du même ordre : le poids d'un avion civil et sa charge en kérosènekérosène peuvent être dix fois supérieurs à ceux d'un avion militaire.

    De son côté, Areva dément les accusations de Greenpeace.

    La diffusion de ce document confidentiel a relancé le débat relatif à la sécurité de l'EPR et a montré une nouvelle fois qu'Internet est un vecteur d'informations aussi souple que difficilement contrôlable...