La roquette de mer, qui vit en bord de mer au Canada, semble avoir l’esprit de famille : elle sait si les plantes qui poussent autour d’elle sont ses parentes ou des inconnues. Si elle se sent entourée d’étrangers, elle renforce ses racines !

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    La roquette de mer vit sur les plages près de l’océan mais aussi au bord des Grands Lacs, au Canada. Et elle aime vivre en famille…Crédit : Nova Scotia Museum

    La roquette de mer vit sur les plages près de l’océan mais aussi au bord des Grands Lacs, au Canada. Et elle aime vivre en famille…Crédit : Nova Scotia Museum

    Bien connue chez les animaux sociaux, la reconnaissance mutuelle entre individus génétiquement proches était seulement soupçonnée chez les végétaux. Une équipe canadienne vient d'en démontrer la réalité chez une petite plante grasse qui vit sur les plages d'Amérique du Nord, le caquillier édentulé ou roquette de mer.

    Cakile edentula, de son nom latin, possède des fruits en deux parties, l'une se détache et part au loin tandis que l'autre germe sur place. Grâce à ce double mode d'essaimage, on retrouve cette plante sous forme d'individus isolés, de population familiales ou encore de groupes réunissant des individus d'origines différentes. On avait déjà remarqué que les populations de roquettes de mer réunissant une même famille semblaient en meilleure santé.

    La vie sociale secrète des plantes

    En faisant pousser ces plantes soit au milieu d'individus ayant les mêmes parents, soit au sein d'un groupe généalogiquement disparate, Susan Dudley et Amanda File (McMaster University, Ontario, Canada) ont noté une différence notable. Les racines des plantes élevées au milieu d'étrangers se développent nettement plus. Leur travail vient d'être publié dans les Biology Letters.

    « Le fait que les plantes ont une vie sociale secrète est bien connu des écologistes » rapporte Susan Dudley. D'autres études avaient déjà mis en évidence une relation entre la croissance des racines et le génotypegénotype des plantes voisines. Mais l'expérience de l'équipe canadienne en apporte la preuve directe.

    Cette observation soulève plusieurs questions. Sur l'avantage de cette reconnaissance, l'hypothèse est que les plantes vivant en famille limitent leur dépenses énergétiques nécessaires pour faire face à la compétition du voisinage, en l'occurrence le développement du système racinaire.

    Mais comment font-elles pour reconnaître la parenté de leurs voisins ? Les scientifiques pensent que des marqueurs chimiques, par exemple des protéinesprotéines, pourraient être présents dans le sol et servir de signal de reconnaissance. Reste à le vérifier...