Depuis quelques années, la biodiversité fait régulièrement la Une des médias. Elle serait en train de s’effondrer. En 40 ans, l’effectif des populations de vertébrés sauvages a décliné de 60 %, d’après le WWF. Au point d’affirmer que l’humanité provoque la 6e extinction de masse ? Gilles Bœuf, président du conseil scientifique de l’Agence française pour la Biodiversité, dévoile ses arguments sur la question.


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    Chaque année, des milliers d'espèces disparaissent à cause des activités humaines. Néanmoins, la biodiversité connue est de 2 millions d'espèces, et on l'estime à 20 millions ! Dès lors, peut-on réellement parler d'une sixième extinction de masse ? Selon Gilles Bœuf, pas encore... Mais, « on pourrait la vivre demain ». Pour l'instant, « on vit un effondrementeffondrement du nombre d'individus dans les populations vivantes », c'est-à-dire que les espèces ne s'éteignent pas, mais sont en bonne voie pour y parvenir.

    Par exemple, la population des lions a diminué de 40 %. Si cela continue dans ce sens, les lionslions pourraient être en état d'extinction fonctionnelle, ce qui signifie d'une part qu'il ne resterait plus assez d'individus pour que l'espèce remplisse son rôle au sein de son écosystème. D'autre part, le terme d'extinction fonctionnelle fait référence à la capacité de reproduction : en dessous d'un certain nombre d'individus, une espèce ne dispose plus de la diversité génétiquegénétique suffisante pour se reproduire correctement. C'est ainsi que la consanguinitéconsanguinité tue.

    Les cartes se rabattent

    « L'écosystème fonctionne avec tout le monde », rappelle Gilles Bœuf. De ce fait, les extinctions d'espèces ressemblent au célèbre jeu des dominos. Une extinction en provoque une autre, qui entraîne la suivante, etc. Et ce funeste processus peut être particulièrement rapide, notamment dans le cas des espèces « clé de voûte », qui sont des piliers pour un écosystème donné. Le jeu change alors, les dominos sont troqués pour le château de cartes.

    « Ça va coûter beaucoup, beaucoup de souffrance d'abord et puis beaucoup d'argentargent », soupire notre interlocuteur. De toute façon... Il est de notoriété publique que l'argent pousse sur les arbres, et que contrairement aux fruits et légumes, il n'a pas besoin d'être pollinisé par des insectes en voie de disparition. Dans sa prochaine interview, Gilles Bœuf développera ses idées pour réconcilier l'économie avec le respect de la biodiversité.

    Voir aussi

    Comment mesurer et comprendre la biodiversité, avec Gilles Bœuf