Le syndrome de Rett est une maladie génétique rare qui s'accompagne de troubles respiratoires graves et récurrents. En travaillant sur des souris, des chercheurs du CNRS (1) ont identifié la mutation génétique responsable de ces troubles et la façon dont elle agit. Ces travaux permettent d'envisager un traitement pharmacologique de la maladie.

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    Tissus neuronaux d'une souris normale (en haut) et d'une souris mutante (en bas). Les points vert clair représentent les marqueurs biologiques de la noradrénaline, substance régulatrice du rythme de la respiration. Ils sont moins nombreux à droite, ce qui

    Tissus neuronaux d'une souris normale (en haut) et d'une souris mutante (en bas). Les points vert clair représentent les marqueurs biologiques de la noradrénaline, substance régulatrice du rythme de la respiration. Ils sont moins nombreux à droite, ce qui

    Le syndrome de Rett, maladie rare d'origine génétique impliquant le gène Mepc2, concerne essentiellement des filles (1 cas sur 15 000) : après une gestationgestation sans problème et une première année de vie apparemment normale au cours de laquelle l'enfant commence à marcher et à parler, une phase de régression s'installe. Le patient présente, entre autres symptômes, des troubles respiratoires récurrents : sa respiration est anormalement variable, avec des périodes d'hypo- et d'hyperventilation et des arrêts respiratoires inquiétants. Son espérance de vieespérance de vie se réduit à 40 ans environ.

    Pour reproduire les symptômes de la maladie, les chercheurs ont travaillé sur des souris mutantes dont le gène Mecp2 est inactif. Ces souris présentent des troubles respiratoires qui évoluent de la même façon que chez les patients atteints du syndrome de Rett. Ils apparaissent quelques semaines après la naissance et s'aggravent rapidement : les arrêts respiratoires sont de plus en plus longs et de plus en plus fréquents. Ils causent la mort précoce de la souris vers l'âge de deux mois, alors que sa duréedurée de vie normale est de deux à trois ans.

    Les chercheurs ont étudié l'effet de l'inactivation du gène Mecp2. Cette opération altère les neuronesneurones contenant des bioamines, situés dans le bulbe rachidien (au-dessus de la moelle, sous le cerveaucerveau). Les bioamines sont des substances chimiques qui modulent la transmission de l'information d'un neurone à l'autre, jusqu'aux motoneuronesmotoneurones (situés dans la moelle), commandant les muscles impliqués dans la respiration. Plus précisément, ce sont les neurones contenant de la noradrénalinenoradrénaline (une bioamine) qui sont touchés en premier : leur nombre diminue. Les neurones à sérotoninesérotonine (une autre bioamine) diminuent également, mais à un stade plus avancé de la maladie.

    Des expériences in vitroin vitro ont montré qu'en ajoutant de la noradrénaline dans le milieu de culture des tissus nerveux, on restaurait un rythme normal de respiration. Ce résultat permet d'envisager un traitement pharmacologique, ciblé sur les neurones à noradrénaline. Les possibilités de traitement sont actuellement à l'étude chez la souris.

    Ces travaux ont été soutenus par le CNRS et l'INSERM, mais aussi par le Ministère de la Recherche, le National Institute for Health (americain), l'Université d'Aix Marseille 2, la région PACA et les associations caritatives françaises et américaines pour le développement des recherches sur le syndrome de Rett (AFSR et RSRF).

    Notes :
    (1) Du Groupe d'étude des réseaux moteurs (CNRS/Université Aix Marseille 2), en collaboration avec des chercheurs de l'INSERM (à la Faculté de Médecine de la Timone/Université Aix Marseille 2) et de l'Université de Chicago (Department of organismal biology and anatomy).

    Références :
    Mecp2 deficiency disrupts norepinephrine and respiratory systems in mice. Jean-Charles Viemari, Jean-Christophe Roux, Andrew K. Tryba, Véronique Saywell, Henri Burnet, Fernando Pena, Sébastien Zanella, Michelle Bévengut, Magali Barthelemy-Requin, Laura B.K.Herzing,5 Anne Moncla, Josette Mancini, Jan-Marino Ramirez, Laurent Villard, and Gérard Hilaire. The Journal of Neuroscience, December 14, 2005, 25(50):11521-11530

    Contacts :

    Contact chercheur CNRS
    Gérard Hilaire
    T 04 91 75 75
    [email protected]

    Contact presse CNRS
    Claire Le Poulennec
    T 01 44 96 49 88
    [email protected]