Nous ne les voyons pas. Pourtant, ils vivent la tête enfoncée dans les pores de notre visage. Ce sont des acariens un peu spéciaux. Qui font toute leur vie en notre compagnie. À tel point, nous préviennent aujourd’hui des chercheurs, qu’ils pourraient en venir à fusionner avec notre peau !


au sommaire


    Demodex folliculorum. C'est un petit acarien très commun. En forme de ver. De seulement 0,3 millimètre de long. Et il vit... sur notre peau ! Dans nos pores, plus exactement. Il se nourrit du sébum libéré par nos cellules. C'est là aussi qu'il s'accouple. Sur notre visage. Pendant la nuit. De drôles de petites choses que des chercheurs de l’université de Reading (Royaume-Uni) sont allés voir de plus près. Pour la première fois, ils ont séquencé leur génome.

    Ce qu'ils ont découvert n'est pas très ragoûtant. Selon les biologistes, ces acariensacariens auraient commencé à évoluer du statut de parasites externes à celui de symbiote interne. Comprenez que Demodex folliculorum est, ni plus ni moins, qu'en train de fusionner avec notre peau ! Il présente déjà plus de cellules lorsqu'il est jeune que plus tard dans sa vie. Une première étape de franchie sur la route de la symbiose, selon les chercheurs.

    Les biologistes révèlent plus largement que le mode de vie de ces acariens - complètement isolés et sans compétitions et sans menaces extérieures - fait qu'ils ont progressivement perdu des gènes. Ils sont ainsi devenus extrêmement simples. Leurs minuscules pattes ne sont animées que par trois muscles unicellulaires. Ils présentent des appendices buccaux extra-saillants. Et les chercheurs ne leur ont trouvé qu'un nombre infime de protéines. Le strict minimum pour survivre. Bien moins que tous leurs cousins. Le tout pour s'adapter à une vie presque entière - deux semaines seulement, mais tout de même... - passée dans les pores de notre peau.

    Une vue au microscope de <em>Demodex folliculorum</em>, la tête enfoncée dans un pore de notre peau. © Université de Reading
    Une vue au microscope de Demodex folliculorum, la tête enfoncée dans un pore de notre peau. © Université de Reading

    Demodex folliculorum, pas si nuisible que ça ?

    C'est parce qu'il a perdu pas mal de ses gènes que Demodex folliculorum vit la nuit. Parce qu'il manque aujourd'hui de protections contre les UV du soleil. Et qu'il a même perdu le gène qui fait que les animaux sont généralement réveillés par la lumièrelumière du jour. En fait, il n'est pas non plus capable de secréter de la mélatonine, une hormone qui, chez nous, régule le sommeilsommeil. Mais elle aide les petits invertébrésinvertébrés à se déplacer et à se reproduire. Demodex folliculorum utilise celle sécrétée par notre peau à la tombée du jour.

    Les chercheurs rapportent aussi que ce drôle d'acarien doit se muer en acrobate pour s'accoupler. Ses organes reproducteurs, en effet, se sont déplacés vers l'avant et le dessus de son corps. Le pénispénis du mâle dépasse de son dosdos vers le haut. Ce qui pousse les deux partenaires à s'accrocher à nos poils pour copuler.

    Sachez en revanche que Demodex folliculorum ne serait finalement pas à blâmer pour nos affections cutanées. Les chercheurs l'ont longtemps cru parce qu'ils pensaient que l'acarien ne disposait pas d'anusanus. Et devait donc stocker ses excréments tout au long de sa vie. Pour les relâcher d'un bloc à sa mort. Provoquant une inflammationinflammation de notre peau. Au contraire, les biologistes estiment désormais que la longue histoire qui existe entre Demodex folliculorum et les humains suggère qu'il pourrait jouer un rôle bénéfique pour nous. Pourquoi pas tout simplement le rôle de nettoyeur de pores ?