Une nouvelle espèce pour le moins originale a été découverte aux États-Unis, à même un campus universitaire : un minuscule acarien, adapté à un sol pauvre en matière nutritive et doté d'une poche pour capturer ses proies unicellulaires.

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    Les acariens découverts à l'université d'État de l'Ohio par Samuel Bolton, à deux mètres sous terre en face de son laboratoire, sont une heureuse surprise pour cet étudiant en entomologie. « Il était évident qu'il s'agissait au moins d'une nouvelle espèce, voire d'un nouveau genre », rapporte-t-il.

    Critères morphologiques à l'appui : les poils de l'abdomenabdomen du mini-acarien ne présentent pas de ramifications et sont nettement moins sophistiqués que ceux d'autres acariens. Et surtout, son corps allongé rappelle celui d'un ver, plutôt que celui d'un arachnide, le groupe auquel il appartient avec les araignées et les scorpions. Cette particularité corporelle lui permet de recourir à ses membres locomoteurs, mais Samuel Bolton ajoute qu'« il peut se contracter et se distendre comme des vers » également.

    Seul un microscope électronique à balayage permet d'obtenir les détails morphologiques de cette nouvelle espèce d'acariens,<em> Osperalycus tenerphagus</em>, longue d'environ 700 micromètres (0,7 mm). © <em>US Department of Agriculture</em>, <em>Agricultural Research Service</em>, <em>Electron and Confocal Microscopy Unit</em> (Beltsville, Maryland, États-Unis)

    Seul un microscope électronique à balayage permet d'obtenir les détails morphologiques de cette nouvelle espèce d'acariens, Osperalycus tenerphagus, longue d'environ 700 micromètres (0,7 mm). © US Department of Agriculture, Agricultural Research Service, Electron and Confocal Microscopy Unit (Beltsville, Maryland, États-Unis)

    Acariens avantagés pour vivre en milieu difficile

    Détaillées en accès libre dans le Journal of Natural History, les trouvailles sur cet acarien atypique ne s'arrêtent pas là. Au microscope électronique à balayagemicroscope électronique à balayage, la vingtaine d'individus congelés possèdent une petite poche à l'avant de la bouche qui serait utile à leur alimentation. Pour le scientifique, « l'animal semble parfaitement adapté pour ramasser quelque chose et le mettre dans son récipient, l'éclater, puis en aspirer le contenu fluide ». Ce n'est pas sans rappeler au chercheur le comportement alimentaire d'autres acariens, capables d'insérer dans une poche une proie, de type bactériebactérie ou champignon unicellulaire, sans la rompre, avant d'en filtrer le contenu.

    Le comportement alimentaire de ces acariens serait hérité de leurs ancêtres qui vivaient dans un environnement fournissant peu de ressources, hormis des micro-organismesmicro-organismes. Un atout qui de nos jours leur permet de vivre, contrairement à d'autres espèces d'acariens, dans une terre pauvre en matièrematière organique mais pourvue de bactéries et de levureslevures.

    En toute logique, le jeune chercheur a nommé sa découverte Osperalycus tenerphagus, à partir de mots latins signifiant « bouche », « bourse », et « nourriture tendre ». L'acarien mis au jour rejoint les quatre autres espèces d'acariens de la famille des Nematalycidae, appelés « acariens dragons » pour leur aspect longiforme.