Selon des chercheurs de l’Inserm, les acariens aggraveraient l’asthme sévère en provoquant la prolifération des cellules musculaires lisses des bronches. Les asthmatiques doivent donc éviter ces petites bêtes.


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    Les asthmatiques sévères doivent éviter les acariens, qu'ils soient allergiques ou non. C'est le message que souhaitent faire passer des chercheurs de l'Inserm à l'issue de leurs travaux sur les liens entre acariensacariens, cellules épithéliales des bronches et cellules musculairescellules musculaires lisses. Ces scientifiques viennent en effet de montrer que ces micro-arachnidesarachnides accroissent indirectement la prolifération des cellules musculaires lisses des bronches chez les asthmatiques sévères. Or cette prolifération participe au remodelage bronchique et elle est corrélée à la sévérité de la maladie.

    En entamant ces travaux, les chercheurs avaient déjà pas mal d'informations : ils savaient par exemple que l'exposition aux acariens stimule les cellules épithéliales de la paroi des bronches chez les allergiques et les non allergiques. Ces cellules se mettent à sécréter différents facteurs, notamment des facteurs impliqués dans l'inflammation. Ils savaient également que les asthmatiques sévères présentent un remodelage spécifique des cellules musculaires lisses de leurs bronches, qui accroît la contraction et réduit le diamètre de ces conduits respiratoires.

    Les cellules musculaires lisses prolifèrent au contact des acariens

    Leur nouvelle étude fait le lien entre ces deux phénomènes : elle montre que, chez les personnes atteintes d'asthme sévèreasthme sévère (c'est-à-dire résistant aux traitements), les cellules musculaires lisses prolifèrent en cas d'activation des cellules épithéliales. Ces dernières libèrent en effet différents facteurs d'inflammation parmi lesquels des leucotriènes qui sont très fortement interceptés par les cellules musculaires lisses car elles surexpriment le récepteur à ces moléculesmolécules« Un phénomène tout à fait spécifique des asthmatiques sévères, qu'ils soient allergiques ou non », insiste Patrick Berger, de l'unité 1045 Inserm à l'université de Bordeaux, dernier auteur de ces travaux.

    Les asthmatiques sévères non allergiques représentent près de 10 % des asthmatiques. Eux aussi doivent se méfier des acariens. © <em>NHLBI</em>, Wikimedia Commons, DP
    Les asthmatiques sévères non allergiques représentent près de 10 % des asthmatiques. Eux aussi doivent se méfier des acariens. © NHLBI, Wikimedia Commons, DP

    Les chercheurs ont démontré ce phénomène grâce à différentes expériences, notamment en utilisant des cellules épithéliales et des cellules musculaires lisses prélevées par fibroscopie à des asthmatiques sévères et à des individus sains. Ces cellules ont été placées en culture et mises en contact avec des acariens.

    Le montelukast : un médicament déjà sur le marché

    Cette mise en contact a déclenché le processus décrit plus haut et a conduit à la prolifération des cellules musculaires lisses. « Les acariens ne sont pas la cause de tout : il est clairement démontré que les cellules musculaires lisses des patients asthmatiques sévères sont déjà remodelées en l'absence de ces micro-arachnides. Mais ces travaux montrent que les acariens représentent une contribution supplémentaire au remodelage », clarifie Patrick Berger.

    Or un médicament qui bloque les récepteurs aux leucotriènes existe déjà sur le marché : le montelukast. Il est recommandé en cas d'asthme léger à modéré, pour améliorer le contrôle de la maladie. Mais rien n'indiquait jusque-là qu'il pouvait empêcher le remodelage des cellules musculaires lisses chez des patients atteints de formes sévères. « Des travaux conduits chez la souris le suggèrent, mais cela n'a pas encore été étudié chez l'Homme. Pourtant, ce médicament pourrait permettre de bloquer le surplus de remodelage lié aux leucotriènes, admet le chercheur. En attendant, cette étude montre que les mesures pratiques recommandées aux allergiques, comme l'éviction des moquettesmoquettes, des doubles rideaux, l'utilisation de housses anti-acariens, sont également utiles chez les asthmatiques sévères non allergiques. Cette population de patients qui représente près de 10 % des asthmatiques paye le plus lourd tribut à la maladie en nombre d'hospitalisations et de décès, environ 1.000 par an en France. »