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    L'intelligence artificielleintelligence artificielle (IA) représente un enjeu majeur pour les décennies à venir car il s'agit d'atteindre un niveau crédible pour les applications et les usages qui s'annoncent. Des avancées significatives ont été obtenues ces dernières années dans le domaine de la vie artificielle, mais nous sommes encore loin des entités algorithmiquesalgorithmiques autonomes qui permettraient une véritable utilisation à large échelle.

    L'intelligence artificielle est un enjeu majeur. Ici, un cyborg. © Tatiana Shepeleva, Shutterstock
    L'intelligence artificielle est un enjeu majeur. Ici, un cyborg. © Tatiana Shepeleva, Shutterstock

    Au sein de l'Interactive Media Lab., nous étudions plus précisément l'intelligence artificielle des créatures virtuelles que nous avons présentées à la page précédente de ce dossier.

    Exemple d'intelligence artificielle : une interface pour le projet Eva (<em>Evolutionary Virtual Agent</em>) sous la forme d'une IA futuriste inspirée par le courant cyberpunk. © DR
    Exemple d'intelligence artificielle : une interface pour le projet Eva (Evolutionary Virtual Agent) sous la forme d'une IA futuriste inspirée par le courant cyberpunk. © DR

    Histoire de l'intelligence artificielle (IA)

    L'histoire de l’intelligence artificielle est aussi ancienne que celle de l'ordinateurordinateur. Néanmoins, on peut dater le début de ce domaine de recherche par les publications du logicien Alan TuringAlan Turing au début des années 1950 puis la création « officielle » du champ de recherche en 1956 lors de la conférence organisée par quelques pionniers dont John McCarthy, Claude Shannon et Marvin Minsky.

    Le domaine de l'IA a ensuite connu une enfance chahutée, faite d'une succession de périodes d'engouement et d'espoirs disproportionnées, suivies de douloureuses périodes de remise en question. Malgré des avancées pourtant significatives, les résultats en matière d'intelligence artificielle ont toujours été, en effet, en deçà des prédictions, celles-ci relevant plus de fantasmes que d'objectifs de recherche.


    L'intelligence artificielle vise à mimer le fonctionnement du cerveau humain, ou du moins sa logique lorsqu’il s’agit de prendre des décisions. Futura-Sciences est parti à la rencontre de Jean-Claude Heudin, directeur du laboratoire de recherche de l’IIM (Institut de l’internet et du multimédia) afin de mieux comprendre d’où vient ce concept. © Futura

    Aujourd'hui encore, certaines concrétisations dans les domaines de l'intelligence artificielle distribuée, de la vie artificielle et de l'évolution artificielle suscitent à nouveau des prédictions techno-prophétiques. On y parle par exemple de « singularité technologique », sorte de « trou noir » hypothétique au-delà duquel la civilisation humaine serait dépassée par celle des machines, portée par des IA aux capacités surhumaines. Même si cette prédiction est intéressante intellectuellement, elle relève plus de l'expérience de pensée que d'une perspective crédible ou d'un programme de recherche sérieux.

    Une nouvelle intelligence artificielle

    Après la période dite « classique » et les différents courants de recherche qui lui ont succédé, il est aujourd'hui temps d'aborder sereinement le projet ambitieux d'une « nouvelle » intelligence artificielle. Il faut probablement pour cela abandonner les fantasmes d'IA capables de rivaliser voire de supplanter l'intellect humain.

    L'intelligence « machinique » - j'emprunte ce terme au roman d'Harry Harrison et Marvin Minsky Le problème de Turing - sera certainement au bout du compte assez différente et complémentaire de l'intelligence humaine. D'un côté, nous avons un système organique complexe produit par plusieurs millénaires d'évolution, dont les décisions sont largement influencées par l'émotion et l'instinct. De l'autre, nous aurons des IA aux capacités de calcul, de logique, et d'accès à l'information sans précédent. Ces IA devront néanmoins intégrer certains aspects émotionnels et notre langage pour être capables de dialoguer et nous seconder efficacement dans nos activités quotidiennes.

    Une simple structure en colonne met en évidence la complexité des interconnexions dans un réseau de neurones naturel. Même si aujourd’hui on connaît mieux les propriétés des neurones, cette connaissance se révèle finalement assez peu utile pour expliquer les propriétés globales que sont la pensée, la conscience et l’intelligence. © DR
    Une simple structure en colonne met en évidence la complexité des interconnexions dans un réseau de neurones naturel. Même si aujourd’hui on connaît mieux les propriétés des neurones, cette connaissance se révèle finalement assez peu utile pour expliquer les propriétés globales que sont la pensée, la conscience et l’intelligence. © DR

    Pistes de recherche sur l'intelligence

    Si nous voulons avancer dans cette voie, il semble nécessaire de prendre conscience de l'extraordinaire complexité de l'intelligence humaine. Pour ce faire, les sciences de la complexité nous ont donné, ces dernières années, de nouvelles pistes de recherche prometteuses. Ainsi, l'intelligence humaine doit être considérée, en première approche, comme une propriété qui émerge de l'un des réseaux parmi les plus complexes que l'on connaisse, le cerveau humain et ses milliards de cellules nerveuses interconnectées. L'ancien dicton « le tout est plus que la somme de ses parties » semble trouver dans l'intelligence artificielle une parfaite illustration.

    À la démarche réductionniste classique en science, il faut donc associer des approches complémentaires si l'on veut maintenant progresser. L'une d'entre elles consiste à procéder par synthèse plutôt que par réduction. Au lieu de découper un système en ses éléments les plus simples, il s'agit d'étudier les conditions propices à l'émergenceémergence des propriétés globales à partir d'un ensemble d'agents en interaction. Depuis de nombreuses années, on étudie dans les laboratoires les réseaux de neurones formelsneurones formels avec des résultats intéressants mais qui ne permettent pas d'envisager la synthèse d'une véritable intelligence. Il ne suffit donc pas d'envisager une approche au niveau cellulaire, mais également d'autres niveaux de complexité.