Fini le selfie, place au « dronie ». Surfant sur la vague des minicaméras pour sportifs, les projets de drones autonomes, capables de filmer leur utilisateur en plein exploit, font fureur sur la toile. La start-up grenobloise Squadrone System veut se positionner sur ce créneau peut-être prometteur grâce à son projet de drone Hexo+, qu'elle développe avec le financement participatif sur Kickstarter.
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Pour les sportifs, la société Squadrone System a imaginé un drone volant, baptisé Hexo+, équipé d'une caméra et capable de les suivre de près grâce au signal émis par leur smartphone. © Squadrone System
Dans une grande maison sur les hauteurs de Grenoble, une dizaine de jeunes développeurs sont attablés derrière des ordinateurs. La campagne de levée de fonds sur la plateforme de financement participatif Kickstarter bat son plein. En 17 jours, la start-up grenobloise Squadrone System a levé plus de 1 million d'euros pour son projet de drone Hexo+, équipé d'une caméra GoPro et d'un GPS qui peut suivre son utilisateur en toute autonomie et filmer ses exploits sportifs.
À l'origine, la société ne comptait lever que 50.000 euros, un objectif atteint en... 37 minutes. « On ne s'attendait pas à aller si vite, reconnaît Antoine Level, 34 ans, cofondateur et président de la société. Au vu de l'engouement, on se rend compte qu'il y a une vraie tendance de fond. » Plus de 1.800 personnes ont précommandé le drone Hexo+ moyennant 600 dollars (440 euros), dont 70 % d'États-Uniens et 8 à 10 % de Français. La barre des 2.000 commandes devrait être franchie en fin de campagne le 15 juillet, alors même que le drone n'en est qu'au stade du prototype.
La vidéo de présentation de Hexo+ qui a été utilisée sur Kickstarter montre les possibilités ouvertes par le drone. © Hexoplus Aerial Filming, YouTube
L'engouement pour le drone se confirme
Le buzz a été alimenté par une efficace campagne de communication, menée par le Français Xavier de Le Rue, champion du monde de snowboard cross en 2003 et 2007. « Dans les sports d'action, il y a cette culture de l'image super innovante. On offre la possibilité d'avoir un angle que les gens n'ont jamais eu », raconte ce grand adepte de GoPro. La minicaméra embarquée, qui a réussi son entrée en Bourse fin juin, fait depuis quelques années la joie des skieurs, surfeurs, parachutistes et autres sportifs de l'extrême. GoPro a encore presque doublé son chiffre d'affaires (+87 %)) en 2013.
En alliant le succès de GoPro et la technologie du drone, Squadrone System investit donc un créneau porteur. L'association américaine des fabricants de drones (AUVSI) a récemment évoqué un potentiel de 82 milliards de dollars (60 milliards d'euros) de revenus en dix ans aux États-Unis. Depuis le lancement de la campagne de financement participatif, l'entreprise iséroise a ainsi reçu des dizaines de demandes de fonctionnalités supplémentaires. « Un sprinter nigérian veut l'utiliser pour améliorer sa gestuelle quand il court. Il y a même des gens qui aimeraient pouvoir s'en servir pour suivre leurs enfants quand ils vont à l'école », raconte Antoine Level. Quasiment au même moment qu'Hexo+, un drone similaire, baptisé Airdog, a été lancé sur Kickstarter par une startup lettonne et a récolté près de 600.000 dollars (440.000 euros) en un peu plus de 15 jours. La mode du « dronie », pour autoportrait avec un drone, a d'ailleurs commencé il y a quelques années déjà.
L'entreprise française Parrot a ainsi vendu 700.000 exemplaires de son AR Drone, véritable caméra volante pilotée grâce à un smartphone. Parrot doit sortir un nouveau modèle, le BeBop Drone, pour les fêtes de fin d'année et n'exclut pas de lui adjoindre une fonctionnalité de suivi par GPS similaire à l'Hexo+. « C'est une applicationapplication qui fait rêver, estime Yannick Levy, directeur Corporate Business Development chez Parrot. Le drone ludique grand public, c'est potentiellement ce qui va se développer le plus vite. » DJI (Chine) et 3D Robotics (États-Unis) investissent aussi ce créneau. « Le secteur a sa demande mais les technologies sont longues à développer et il y a un frein réglementaire important », souligne cependant Flavien Vottero, directeur d'études au cabinet Xerfi.
En France, les drones de loisirs sont assimilés à l'aéromodélisme, et doivent rester à moins de 150 m de hauteur et hors des zones urbaines. En mai, un lycéen de 18 ans a été condamné à 400 euros d'amende pour avoir réalisé un clip sur Nancy à l'aide d'un drone.