Etrange objet... Ce cube de dix centimètres de côté fait apparaître une image en trois dimensions, comme si elle flottait au milieu de la boîte. Encore expérimental, le procédé d'affichage repose sur des travaux... de 1908.

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    Le prototype affiche une image difficilement lisible. Mais elle est bien là... © NICT

    Le prototype affiche une image difficilement lisible. Mais elle est bien là... © NICT

    Curiosité du salon Interaction 2009, qui s'est tenu à Vancouver, au Canada, le gCubik est un prototype réalisé au Japon par une équipe du National Institute of Information and Communications Technology (NICT). Ce boîtier cubique comporte un écran sur chacune de ses six faces.

    Avec une trentaine de points par ligne et par colonne, la résolution est des plus faibles. Il faut y regarder de près - mais pas trop - pour percevoir une image. Surprise : elle semble montrer un objet qui se trouverait à l'intérieur du cube ! Les six écrans restituant la même impression, on peut regarder l'objet de tous les côtés, par au-dessus et par au-dessous.

    La technique est celle dite de la photographiephotographie intégrale, assez subtile sur le plan théorique et complexe à mettre en œuvre. Elle a été présentée pour la première fois devant l'Académie des sciences en mars 1908 par le physicienphysicien français Gabriel Lippmann, qui, vingt ans plus tôt, avait inventé un procédé de photographie en couleurscouleurs. L'idée est de construire un réseau de minuscules lentilleslentilles sphériques dont chacune forme une image complète mais légèrement différente de sa voisine. Avec un peu de doigté, il est possible de restituer un effet de relief, l'œilœil n'accommodant pas sur le réseau de lentilles mais plus loin, comme si l'image regardée était derrière l'écran. L'effet diffère donc de celui d'un hologrammehologramme, où l'image tridimensionnelle apparaît devant l'écran.

    En avance sur les technologies de l'époque, l'idée n'a pu être concrétisée que bien plus tard. Elle est utilisée depuis des lustres sur ces supports variés, à la surface rugueuse, et présentant une image avec un effet de relief ou bien montrant deux images distinctes selon l'angle de vue (rappelons-nous de ces cartes affichant d'un côté des valeurs en francs et de l'autre leur conversion en euros). Le secret est un réseau lenticulaire, constitué de lentilles cylindriques en matière plastiquematière plastique.


    Le gCubik au salon Interaction 2009 de Vancouver. Ou comment tenir dans ses mains un objet virtuel...
    © NICT

    324 images par écran

    Depuis, la photographie intégrale fait de loin en loin l'objet d'expérimentations. L'équipe du NICT exploite ce principe depuis quelque temps et avait déjà montré en 2008 un gCubik à trois faces. Chaque écran de 3,5 pouces de diagonale, capable d'afficher une image classique de 640 x 480 pixels est surmonté d'un réseau de lentilles, dont le nombre est bien plus faible : 36 x 30 dans la version présentée à Vancouver (contre 32 x 24 sur le modèle montré en 2008). Chaque écran génère une série d'images différentes perceptibles selon l'angle de vue, de gauche à droite et de haut en bas, séparées par 6,7 degrés. Au total, un écran doit afficher 18 x 18 images...

    Les chercheurs ont perfectionné le gCubik avec des haut-parleurs et des capteurscapteurs d'accélération qui détectent les mouvementsmouvements de la boîte. Il est donc possible de faire remuer l'image de l'objet ou de provoquer une réaction (un son par exemple) quand le cube est tapoté par un doigt ou secoué par la main. L'un des concepteurs, Shunsuke Yoshida, affirme qu'il est techniquement possible d'améliorer considérablement la résolution. L'engin refera une apparition publique à Las VegasVegas au mois d'avril, au NAB Show, peut-être avec des améliorations supplémentaires...