Des missiles thermobariques auraient été utilisés en Ukraine par l'armée russe. L'utilisation de ces armes est très encadrée par la Convention de Genève en raison de leur puissance destructrice. Pourquoi sont-elles si redoutables ?


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    En Ukraine, des images montrant des véhicules à lance-roquettes multiple TOS-1A à proximité de zones urbaines ont fait frémir les experts militaires. Autrement appelé Buratino, le TOS-1A repose sur une structure de char soviétique T-72. C'est ce qui se trouve dans ses 24 tubes de 220 mm de diamètre qui est inquiétant. Le lanceurlanceur est bardé de roquettes dotées d'une charge thermobarique. Par la létalité et la destruction qu'il entraîne, ce type d'armement est l'ultime armement avant les missilesmissiles tactiques dotés de têtes nucléaires. Il s'agit clairement de ce qu'on appelle des armes de destruction massive. Oksana Markarova, l'ambassadrice d'Ukraine aux États-Unis, a accusé la Russie d'avoir employé en Ukraine au moins une fois ces munitions thermobariques. Selon elle, leur utilisation dans ces conditions vient violer la Convention de Genève. Ces armes auraient potentiellement bombardé des zones résidentielles de Kharkiv, la seconde plus grande ville au nord-est de l'Ukraine à proximité de la frontière russe.

    Les munitions thermobariques sont connues sous d'autres noms comme : explosifs carburant-airair, bombes aérosolsaérosols et bombes à vide. Lorsqu'elle arrive à proximité de sa cible, l'ogive fait détonner une charge qui vaporise un liquideliquide. Celui-ci vient se mélanger à l'air. C'est après cela qu'un second explosif vient comprimer et embraser l'air avec une température pouvant atteindre 3.000 °C. Cela a pour effet de générer une surpression pratiquement deux fois plus puissante et plus longue que celle générée par une ogive conventionnelle. Contrairement à cette dernière, une grosse dépression intervient immédiatement pour causer encore plus de dégâts.

    Vidéo montrant un Buratino chargé d’armes thermobariques à proximité de Marioupol, la principale ville portuaire de la mer d’Azov. © Twitter

    Un puissant effet de blast mortifère

    Les mursmurs et bâtiments n'assurent pas vraiment de protection. Ils viennent même amplifier les effets de l'explosion en générant d'importantes ondes de choc. Ces armes thermobariques ne sont pas des nouveautés. Elles ont été employées par l'armée russe à Grozny, en Tchétchénie, avec les résultats que l'on connaît. Pour le coup, les TOS-1A ne sont pas opérés par l'artillerie, mais par des unités spéciales NBC, c'est-à-dire spécialisées dans les armes nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques.

    Rien que leur présence est intimidante, au point d'en faire une arme suffisamment dissuasive pour gagner du terrain sans trop d'effort. Leur emploi potentiel, depuis le 24 février, date du début de l'invasion russe de l'Ukraine, vient alimenter une liste d'actes pouvant s'apparenter à des crimes de guerre. Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale, a annoncé qu'il ouvrait une enquête sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité qui auraient eu lieu sur le territoire depuis le début des hostilités, c'est-à-dire dès 2014 avec la guerre dans le Donbass.