Le roi Arthur est une inépuisable source d'inspiration pour de nombreux artistes, qui se nourrissent depuis des siècles des légendes qui l'entourent pour façonner le portrait d'un roi aux mille visages. Un roi qui fascine également les historiens : s'ils sont très peu à affirmer que son existence est avérée, ils ne sont pas bien plus à dire avec certitude que rien de tout cela n'est réel... Alors, vrai ou faux ?


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    « Mais comment voulez-vous que j'vous prouve que j'suis moi, ça devient débile, à la fin ! » Le roi Arthur - celui de Kaamelott - a peut-être de bonnes raisons de s'énerver, mais il n'en demeure pas moins qu'à ce jour, rien ne prouve que le légendaire roi de Bretagne a bien existé... ni que le mythe ne prend pas appui sur une part de réel !

    La première mention possible d'Arthur date du poème épique Y Goddodin, généralement attribué au barde gaélique Aneirin. Ce dernier y relate la bataille de Catraeth ayant eu lieu vers l'an 600. Arthur est loué pour son courage et son ardeur à la bataille. Mais il faudra attendre encore un peu avant qu'il ne réapparaisse dans la littérature grâce au moine Nennius, célèbre pour avoir compilé un ensemble de textes à la base de l'Historia Brittonum, ouvrage supposément du IXe siècle qui retrace l'histoire de Bretagne, à laquelle se mêlent des légendes. Il y est de nouveau question d'un mystérieux Arthur, chef de guerre chrétien ayant aidé les Bretons à combattre les envahisseurs saxons. Enfin, Arthur est de nouveau mentionné dans les Annales Cambriae, au Xe siècle, où il se distingue sur le champ de bataille par son acharnement au combat et la croix chrétienne qu'il porteporte pendant trois jours et trois nuits avant de remporter la victoire.

    Le roi Arthur entre dans la légende

    Les premiers éléments sont là, mais c'est à Geoffroy de Monmouth qu'Arthur doit son entrée dans la légende. En 1135 paraît l'Histoire des rois de Bretagne. Un tiers du texte est occupé par les aventures d'Arthur, présenté pour la première fois comme un souverain. C'est à cette occasion qu'apparaissent sa fameuse épée Caliburn (future Excalibur), l'île d'Avalon, Merlin ou encore Uther Pendragon, père d'Arthur. L'ouvrage est un immense succès, traverse les frontières et devient un des ouvrages les plus copiés du Moyen Âge ! Il est, par la suite, librement adapté en français par le trouvère normand Wace, qui en fait le Roman de Brut et est le premier à évoquer... la table ronde !

    Les chevaliers de la Table ronde ne feront leur apparition que dans les écrits de Chrétien de Troyes, au XII<sup>e</sup> siècle. © Ivan, Adobe Stock
    Les chevaliers de la Table ronde ne feront leur apparition que dans les écrits de Chrétien de Troyes, au XIIe siècle. © Ivan, Adobe Stock

    Mais ce sont deux auteurs qui vont créer la légende que l'on connaît aujourd'hui. Au début du XIIe siècle, le Français Chrétien de Troyes marque les débuts du roman de chevalerie en contant les aventures d'Arthur et des chevaliers de la Table Ronde. Les célèbres Dame du Lac, Lancelot, Perceval et Gauvain font leur apparition, lancés dans la quête du Graal. Côté britannique, Thomas Malory écrit le Morte d'Arthur, considéré comme le premier roman arthurien moderne et publié une dizaine d'années après sa mort, en 1485. Il y compile l'ensemble des éléments épars dans les textes arthuriens précédents pour reconstituer toute la légende, de l'avènement d'Arthur à la destruction de son royaume.

    Réalité ou fiction ?

    Par la suite, la légende connaîtra un regain de popularité à partir du XIXe siècle, avec l'avènement du médiévalisme chez les auteurs et les artistes de l'époque - en particulier les préraphaélites. Le cinéma fera le reste : aujourd'hui, on compte plus d'une trentaine d'adaptations ! Alors : réalité ou fiction ? Parmi toutes les images du roi Arthur, la plus réaliste reste celle du guerrier breton du VIe siècle. Le problème, c'est que cette époque - qui suit le départ des Romains de Grande-Bretagne - n'est pas surnommée « l'âge sombre » pour rien. Très peu de documents historiques ont été retrouvés, au point qu'il est difficile pour les chercheurs de détailler les événements de l'époque, encore aujourd'hui.

    La tour de Glastonbury (Somerset, Angleterre) est associée à l'île d'Avalon et abriterait la tombe du roi Arthur. © John, Adobe Stock
    La tour de Glastonbury (Somerset, Angleterre) est associée à l'île d'Avalon et abriterait la tombe du roi Arthur. © John, Adobe Stock

    Un flou qui servira la cause de nombreux rois britanniques, bien décidés à légitimer leur présence sur le trône par leurs hypothétiques liens du sang avec Arthur. Au point que dans les années 1230, le duc Richard de Cornouailles, neveu de Richard Cœur de LionLion, fera bâtir un château sur le site présumé du château de Tintagel, en Cornouailles, lieu où Arthur aurait été conçu par la belle Ygraine et celui qui prend les traits de son époux après avoir avalé une potion de Merlin, Uther Pendragon. Autre exemple : au XIIe siècle, la tombe du roi est « retrouvée » par les moines de la très puissante abbaye de Glastonbury, qui affirment que le lieu serait en fait la fameuse île d'Avalon ou repose Arthur, dans l'attente de revenir sur le trône.

    Désireux d'attirer toujours plus de fidèles et de dons, les moines affirment avoir exhumé une croix portant l'inscription latine « Hic jacet sepultus inclytus Rex Arthurus in insulainsula Avalonia », autrement dit : « Ci-gît enterré le glorieux roi Arthur dans l'île d'Avalon ». La croix se révélera être un faux, mais Glastonbury conserve encore aujourd'hui son statut de place forte de la légende arthurienne, où se rassemblent de nombreux passionnés pour célébrer ce roi qui fascine petits et grands depuis plus de mille ans.