Considérée encore de nos jours comme l'une des plus grandes crises financières et économiques, la crise de 1929 a eu pour conséquence la mise en œuvre d'une politique économique et sociale interventionniste : le New Deal


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    Les années 1920 sont une période de faste aux États-Unis : l'économie est florissante et les industriels investissent massivement dans les usines. Toutefois, les salaires stagnent et l'embauche de nouveaux personnels n'est pas une priorité. Ce paradoxe porteporte les germesgermes de la crise à venir : la consommation des ménages stagne, les Américains sont incapables de s'offrir ces nouveaux produits de consommation. La demande ralentit, la production est forcément de freiner la cadence dès 1927. Pour autant, la consommation est encouragée par le recours massif au crédit qui stimule artificiellement la production. La spéculation boursière offre une perspective de profits rapides sans augmentation réelle de la valeur des entreprises. Cette bulle spéculative éclate en octobre 1929 entraînant toute l'économie américaine dans une crise sans précédent.

    Un contexte inédit avec la crise de 1929

    Le jeudi noir du 24 octobre 1929 laisse exsangue les États-Unis. Cette crise financière se propage à l'ensemble de la société emportée par la chute brutale des actions à Wall Street et les faillites en cascade des banques américaines. L'effondrementeffondrement de la production et la chute brutale de la demande ont pour conséquence un chômage de masse inédit : les employés se retrouvent du jour au lendemain sans activité. Le point de bascule est atteint. L'économie américaine entre dans une période de dépression marquée par la déflation et une chute brutale et durable des prix. C'est le début d'un cercle pervers de décroissance. 

    Foule devant la bourse américaine. © Wikimedia Commons, domaine public
    Foule devant la bourse américaine. © Wikimedia Commons, domaine public

    Pour répondre à cette crise, le président américain, Herbert Hoover, met en œuvre toute une série de mesures résolument libérales. Les mesures les plus fortes sont un abaissement des dépenses publiques et des salaires. Or, cette mesure va aggraver la crise. En effet, une baisse des salaires implique une chute des revenus des ménages et donc de leur pouvoir d'achat. Cela accentue la baisse de la consommation et de la demande. Le pays s'enfonce un peu plus dans la crise.

    L’expérience du New Deal : la mise en œuvre d’une politique interventionniste face à l’échec de la politique libérale

    En novembre 1932, Franklin Roosevelt est élu président des États-Unis avec une conviction : l'État a un rôle central à jouer pour relancer l'économie, le marché ne peut à lui seul réguler la crise. Il va alors impulser une nouvelle dynamique, bien éloignée de l'approche libérale américaine, avec une promesse : en cent jours, il peut faire repartir l'économie américaine. Son action est basée sur une intervention accrue de l'État dans les politiques économiques et sociales du pays. C'est ce que l'on appelle l’interventionnisme. L'État devient un acteur central de la régulation de l'économie. Le Président s'entoure alors d'une équipe de conseillers renouvelés, appelée Brain Trust, pour mettre en œuvre son New Deal (Nouvelle donne). 

    Le président Franklin Roosevelt et six autres hommes dans le cabinet en 1933. © Wikimedia Commons, domaine public
    Le président Franklin Roosevelt et six autres hommes dans le cabinet en 1933. © Wikimedia Commons, domaine public

    L'objectif premier du Président est d'injecter de l'argent dans l'économie américaine afin de relancer la consommation et donc la production pour enclencher le cercle vertueux de la croissance. Pour cela, plusieurs mesures sont adoptées  : 

    • des investissements étatiques massifs dans une politique de grands travaux : constructionconstruction de routes, barrages, reboisement. La priorité est de permettre aux chômeurs de retrouver du travail et donc un salaire ;
    • des garanties sur la viabilité des banques pour redonner confiance dans le système bancaire grâce au soutien de la Réserve fédérale. Sur décision présidentielle, Roosevelt fait fermer la totalité des banques le 6 mars 1933 et ce, jusqu'à la loi du 9 mars 1933. L'Emergency Banking Act permet d'assainir le marché bancaire américain ;
    • un soutien apporté aux agriculteurs avec l'Agricultural Adjustment Act (12 mai 1933) et l'augmentation des prix des produits agricoles grâce à la mise en place de quotas qui permettent d'éviter la surproduction. Les agriculteurs sont invités à réduire la superficie de leurs cultures en échange de quoi, l'Etat s'engage à bloquer un prix plancherplancher sur les produits ;
    • l'augmentation des salaires, la définition d'un salaire horaire minimum et la diminution de la durée du travail à 40 heures par semaine avec le National Industry Recovery Act (NIRA) le 16 juin 1933 ;
    • la dévaluation du dollar pour en diminuer la valeur et rendre l'économie plus compétitive (30 janvier 1934).

    Ces mesures permettent de redonner confiance aux Américains et de relancer l'économie. Pourtant, Roosevelt fait face à de nombreuses critiques. D'une part, la frange la plus conservatrice lui reproche de rompre avec la tradition libérale si chère à l'esprit américain. D'autre part, la frange la plus à gauche lui reproche de ne pas aller suffisamment loin dans ses mesures, notamment pour protéger les ouvriers. En réponse à cette dernière critique, Roosevelt s'engage plus avant dans l'interventionnisme étatique. En août 1935, sont posées les bases d'un système d'assurance chômage et retraite avec le Social Security Act. C'est la naissance de l'État-providence (Welfare State). Toutefois, ces lois doivent faire face à de fortes résistancesrésistances, notamment de la part de la Cour suprême qui cherche à les abroger. 

    Mais, Franklin Roosevelt est largement réélu lors des élections de 1936 avec 28 millions de voix et parvient à consolider ces acquis sociaux et les mesures de relance de l'économie. Après une période de retour à la crise entre 1937 et 1938, la préparation à l'entrée en guerre des États-Unis va définitivement relancer l'économie. Le Congrès accorde au Président les budgets militaires pour armer le pays et le préparer à prendre part au conflit qui s'amorce en Europe.