Les arts libéraux remontent à l'Antiquité et désignent les disciplines intellectuelles jugées fondamentales dans la formation de la pensée de l'individu. 


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    Les arts libéraux sont un ensemble de disciplines intellectuelles qui englobent la grammaire, la logique, la rhétorique, l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique.

    En quoi consistent les arts libéraux dans l'Antiquité ?

    Les arts libéraux constituent le socle de l'éducation intellectuelle. Ce sont des disciplines enseignées dans le second degré, ce qui correspond à l'enseignement supérieur actuel.  Les arts libéraux se répartissent en deux niveaux d'enseignement : 

    Le trivium comprend la grammaire, la logique (ancrée dans la dialectique) et la rhétorique. Trivium désigne en latin « le carrefour entre trois chemins ». Il consiste en une première approche des lettres. Cela implique la maîtrise de l'expression, du raisonnement et de la persuasion. Ainsi, ces disciplines forment les compétences fondamentales de la pensée critique et de l'éloquence, considérées comme essentielles dans la citoyenneté romaine.

    Le quadrivium se compose de l'arithmétique, de la géométrie, de l'astronomie et de la musique. Le terme désigne en latin « le lieu où aboutissent quatre chemins ». Ces domaines d'étude visent à développer la compréhension du monde naturel et des lois qui le régissent grâce à la maîtrise des nombres.

    Rose du transept Nord de la cathédrale Notre-Dame de Laon : la Rose des Arts libéraux. Les médaillons représentent les 7 arts libéraux, auxquels ont été ajoutées la Médecine et la Philosophie (médaillon central). Le vitrail date de 1200 à 1210, mais quatre médaillons ont été réalisés par Adolphe Charles Edouard Steinheil en 1865 : la Philosophie, la Rhétorique, la Musique, la Médecine. © <em>Wikimedia Commons</em>, Domaine public
    Rose du transept Nord de la cathédrale Notre-Dame de Laon : la Rose des Arts libéraux. Les médaillons représentent les 7 arts libéraux, auxquels ont été ajoutées la Médecine et la Philosophie (médaillon central). Le vitrail date de 1200 à 1210, mais quatre médaillons ont été réalisés par Adolphe Charles Edouard Steinheil en 1865 : la Philosophie, la Rhétorique, la Musique, la Médecine. © Wikimedia Commons, Domaine public

    L'acquisition des connaissances liées au trivium est une condition préalable pour accéder à l'enseignement du quadrivium. La maîtrise de ces disciplines permet aux étudiants d'accéder à des domaines plus complexes. En effet, l'argumentation, le raisonnement et la logique s'appliquent ensuite à une multitude de sujets.

    D’où viennent les arts libéraux ? 

    Les arts libéraux trouvent leurs origines dans la Grèce antique. En effet, les Grecs prônent l'idée d'une éducation complète, visant à former des individus cultivés et polyvalents. Le rapprochement entre les sciences qui composeront plus tard le quadrivium remonte au IVe siècle avant J.C. avec l'enseignement de Pythagore. Plus tard, Platon l'évoque dans une de ses œuvres clé, La République. Il en fait un élément central de l'éducation du philosophe-roi qui ne doit jamais cesser d'apprendre tout au long de sa vie. Puis, les débuts du régime de la République romaine démontrent la nécessité de parfaire l'éducation des hommes libres pour en faire des citoyens éclairés grâce aux disciplines que sont la grammaire, la logique et la rhétorique ainsi que l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique ont constitué le socle du système d'éducation. 

    Toutefois, les arts libéraux ne sont formalisés que tardivement : ils se structurent progressivement à la fin du IIIe siècle, vers 270, sous la plume de PorphyrePorphyre, disciple de Plotin et philosophe néoplatonicien. Il les évoque dans son ouvrage Sur le retour de l'âme. Puis, en 386, Augustin explore l'importance de l'éducation et de la formation des chrétiens. Il défend l'idée que les arts libéraux peuvent être utilisés pour renforcer la compréhension et l'interprétation des textes sacrés. Selon lui, l'étude des arts libéraux, notamment la grammaire, la logique et la rhétorique, peut aider à la compréhension des Saintes Écritures et à l'expression de la foi. En effet, Augustin considère que les arts libéraux sont un moyen d'exercer la raison et la pensée critique. Ce sont pour lui des outils nécessaires pour discerner la vérité et lutter contre les erreurs théologiques.

    Le <em>Quadrivium </em>: l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. © Domaine public
    Le Quadrivium : l'arithmétique, la géométrie, l'astronomie et la musique. © Domaine public

    Les arts libéraux dans le milieu monastique

    Le terme quadrivium en tant que tel est utilisé pour la première fois par Boèce au tout début du VIe siècle dans son ouvrage L'institution arithmétique. En revanche, le terme trivium est plus tardif : il n'apparaît qu'à la fin du VIe siècle. C'est Cassiodore qui le formalise dans son ouvrage Institutiones. En effet, le second livre de l'auteur, intitulé Institutiones saecularium litterarum, est consacré aux arts libéraux. Cassiodore le rédige à l'intention des moines de Vivarium, où il se retire à la fin de sa vie. Le contexte d'écriture de cet ouvrage explique l'importance prise par les arts libéraux dans le milieu monastique.

    En effet, les Saintes Écritures ne sauraient être comprises sans une parfaite maîtrise de la grammaire, des procédés rhétoriques et de l'utilisation de la dialectique. Certaines passages requièrent également la maîtrise des nombres et donc de l'arithmétique, de la géométrie, de l'astronomie et de la musique. Cassiodore complète donc son premier livre dédié à l'étude biblique par un second livre. Il y détaille comment maîtriser ces arts libéraux issus de la tradition antique dans le cadre de l'étude des sciences bibliques.

    Cette approche de l'éducation et des savoirs qui s'épanouit dans un premier temps dans les milieux monastiques pendant l'Antiquité tardive perdure sous d'autres formes au Moyen Âge. Pendant cette période, les arts libéraux continuent d'occuper une place centrale dans l'éducation.