La Grèce antique est caractérisée par le modèle de ce que l’on appelle la cité-État. Ces cités, désignées par le terme « polis » en grec, semblent apparaître dès le VIIIe siècle av. J.-C. et connaissent un développement important : elles dominent le paysage institutionnel grec entre le Ve et IVe siècle av. J.-C. 


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    Les cités grecques sont des entités politiques indépendantes, chacune ayant son propre régime politique, ses propres lois et sa propre culture. Toutes ne fonctionnent pas sur le modèle de la démocratie comme Athènes. Bien que ces cités aient souvent été en conflit les unes avec les autres, elles ont également établi des liens économiques, culturels et politiques qui ont contribué à la richesse et à la diversité de la Grèce antique. 

    La cité, une entité territoriale autonome

    Le terme « polis » désigne aussi bien le centre urbain que la zone rurale qui l'entoure. Il qualifie également le lieu où se déroule la vie politique et où les habitants peuvent se réfugier en cas de guerre ou d'invasion. La cité est ceinte par des remparts qui la protègent en cas d'attaques. Ces enceintes urbaines apparaissent dès le VIIIe siècle et se multiplient au début de la période classique, c'est-à-dire entre le Ve et IVe siècle. Ces murailles n'entourent plus uniquement l'acropole mais protègent la totalité de l'espace habité. 

    À l'intérieur de ces murailles, la vie s'organise autour de différents espaces : 

    • l'agora : c'est le lieu d'expression de la vie de la cité. On y fait du commerce, on échange et on y organise la vie politique ;
    • l'acropole : c'est le lieu réservé au sacré et aux divinités. Elle est la partie haute de la cité. 

    Ces espaces sont en lien permanent avec les campagnes environnantes : elles permettent de s'approvisionner et de nourrir les habitants. La cité est généralement reliée à un port, porteporte d'entrée sur l'espace maritime qui la connecte au monde méditerranéen.

    Ruines de l'ancienne Corinthe et du temple d'Apollon avec l'Agora en arrière-plan. © Wikimédia Commons, domaine public
    Ruines de l'ancienne Corinthe et du temple d'Apollon avec l'Agora en arrière-plan. © Wikimédia Commons, domaine public

    Les différentes formes de gouvernement dans les cités grecques 

    Contrairement aux idées reçues, toutes les cités grecques ne fonctionnent pas sur le modèle de la démocratie athénienne. Le monde grec est, aussi loin que peuvent remonter les sources, un « monde de rois ». Ce modèle évolue, et progressivement se développent de nouvelles formes de gouvernement.

    Si les cités ont des régimes politiques qui leur sont propres, on peut néanmoins distinguer trois grands types de gouvernement en Grèce antique :

    1. Monarchie : la monarchie est la forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par un roi. Cette forme de gouvernement héritée de la monarchie mycénienne décline progressivement et se transforme pendant la période archaïque. Le régime monarchique perdure sous de nouvelles formes. En effet, Sparte conserve une monarchie mais avec deux rois. Cette royauté double repose sur deux grandes familles, les Agiades et les Eurypontides. Les rois bénéficient du prestige des dieux mais restent soumis au contrôle des hommes. S'ils possèdent le pouvoir politique, judiciaire, militaire et de prêtrise, ils doivent composer avec l'assemblée de Spartiates de naissance libres ainsi qu'avec la Gérousia (aussi appelée Conseil des anciens) et les Éphores. Ces derniers symbolisent le caractère démocratique de la constitution spartiate. Cette survivance de la monarchie aux accents démocratiques permet d'éviter l'instauration de la tyrannie comme ce fut le cas à Athènes en 510 avant J.-C.
    2. Oligarchie : l'oligarchie est une forme de gouvernement où le pouvoir est détenu par une petite élite de citoyens (les aristocrates) qui domine la vie de la cité. Ce régime politique repose sur un système d'exclusion d'une majeure partie des citoyens. On retrouve ce régime à Corinthe ou ponctuellement à Athènes comme lors du coup d'État des Cinq-Mille en 411 av. J.-C. 
    3. Démocratie : la démocratie est une forme de gouvernement où le pouvoir est exercé par le peuple, c'est-à-dire l'ensemble de la population civique de la cité. Cette forme de gouvernement est, dans l'esprit collectif, indissociablement liée à Athènes. Elle est progressivement mise en place dans cette cité au tournant entre le VIe et le Ve siècle av. J.-C. 

    Il convient de noter que toutes les cités grecques n'ont pas adopté les mêmes formes de gouvernement. Certaines cités ont pratiqué une monarchie pendant toute leur histoire, tandis que d'autres ont adopté une forme de démocratie plus ou moins poussée. La variété des formes de gouvernement dans les cités grecques témoigne de la complexité de l'histoire politique de la Grèce antique.

    Le saviez-vous ?

    Les cités grecques les plus connues :

    • Athènes : célèbre pour son système démocratique qui a inspiré de nombreux autres États au fil des siècles, Athènes est également un centre culturel majeur. L’Acropole, le Parthénon, Socrate, Platon, Aristote sont autant de symboles de la richesse culturelle de la cité.

    • Sparte : connue pour son système politique oligarchique, cette cité grecque est réputée pour sa discipline militaire et son entraînement rigoureux. La société spartiate est organisée autour de la guerre et du militarisme, et les femmes ont un rôle important dans la formation des jeunes guerriers.

    • Corinthe : cité grecque prospère, connue pour son commerce et ses activités maritimes, Corinthe est également célèbre pour ses réalisations artistiques, notamment en matière de sculpture et de céramique.

    • Éphèse : située sur la côte ouest de l'Asie mineure (l'actuelle Turquie), la cité grecque Éphèse est un centre commercial important et abrite l'une des sept merveilles du monde antique, le temple d'Artémis.

    L’organisation politique d’une cité démocratique 

    Athènes est la démocratie dont le fonctionnement est le mieux connu grâce aux sources qui ont été conservées. Si une ébauche de la démocratie voit le jour avec Solon en 594-593 av. J.-C., ce n'est qu'à la chute de la tyrannie de Pisistrate et de ses fils en 509 que la démocratie se met véritablement en place. Les réformes de Clisthène puis de Périclès vont permettre à la démocratie de s'enraciner durablement comme mode de gouvernement privilégié.

    Buste de Périclès portant l'inscription « <em>Périclès, fils de Xanthippe, Athénien</em> ». Marbre, copie romaine d'après un original grec de 430 av. J.-C. environ. © Wikimédia Commons, domaine public
    Buste de Périclès portant l'inscription « Périclès, fils de Xanthippe, Athénien ». Marbre, copie romaine d'après un original grec de 430 av. J.-C. environ. © Wikimédia Commons, domaine public

    Le système démocratique s'organise autour de plusieurs instances dont les citoyens sont au cœur : 

    • L'assemblée du peuple ou ecclésia : c'est là que siègent les citoyens, où ils peuvent prendre la parole, voter ou encore présenter une contre-proposition de loi ;
    • Le conseil des 500 : ce sont des volontaires de plus de 30 ans tirés au sort pour représenter les tribus qui composent le corps civique athénien. Ce sont eux qui élaborent les propositions de lois votées par l'ecclésia ;
    • Le tribunal du peuple : ce sont là aussi des volontaires de plus de 30 ans tirés au sort. Ils sont chargés de juger les affaires civiles et criminelles, la légalité des décrets ou encore d'évaluer les magistrats ;
    • La magistrature militaire et civile dont les archontes sont hérités de la monarchie et les stratèges occupent une place de plus en plus importante ;
    • Le Sénat judiciaire est chargé quant à lui des affaires d'homicide contre un citoyen athénien.