Le trivium forme, avec le quadrivium, la base des enseignements au Moyen Âge. Cet enseignement est issu des arts libéraux, hérités de l'Antiquité.


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    Au Haut Moyen Âge, l'éducation est largement dominée par les monastères, puis s'est progressivement déplacée vers les écoles cathédrales. Ces dernières évoluent et s'institutionnalisent pour former les universités. Que ce soit dans le cadre des monastères, des écoles cathédrales ou des universités, le système éducatif repose sur l'enseignement des arts libéraux. Les arts libéraux regroupent l'ensemble des disciplines intellectuelles jugées indispensables depuis l'Antiquité pour acquérir un solide socle de culture. Pour saint Augustin, l'acquisition des connaissances issues des arts libéraux est une condition indispensable pour accéder à l'étude des textes sacrés et des questions religieuses : la théologie. En effet, il est indispensable de comprendre ces textes pour pouvoir les étudier et les interpréter.

    Les arts libéraux sont composés de deux catégories d'enseignement complémentaire : le trivium et le quadrivium.

    <em>Les Sept arts libéraux </em>par Francesco Pesellino. © Wikimédia Commons, domaine public
    Les Sept arts libéraux par Francesco Pesellino. © Wikimédia Commons, domaine public

      Quels enseignements contient le trivium ?

      Le trivium est donc la première étape de ce cycle d'enseignement et comprend trois matièresmatières : 

      • la grammaire ;
      • la rhétorique ;
      • la dialectique ;

      Lorsque les universités se forment, le trivium devient de fait l'enseignement fondamental de la faculté des Arts et permet par la suite de poursuivre ses études à la faculté de théologie ou de droit. 

      La grammaire reste la base incontournable de l'enseignement. Elle enseigne la structure et la syntaxe de la langue latine, qui est considérée comme la langue de référence. Les élèves apprennent à lire, écrire et parler correctement le latin en étudiant les règles de grammaire, de syntaxe et de conjugaison.

      La rhétorique, quant à elle, est l'art de la persuasion. Elle permet d'acquérir les techniques de maîtrise de la langue pour convaincre un oratoire. Les élèves apprennent à construire des arguments solides et persuasifs, à organiser des discours et à utiliser des techniques de persuasion, telles que la répétition et l'émotion. Les étudiants travaillent notamment sur des auteurs comme Cicéron.

       Marcus Tullius Cicero. Sculpture par Bertel Thorvaldsen (vers 1799-1800), copie d'un original romain. Buste exposé au <em>Thorvaldsens Museum</em> à Copenhague, au Danemark. © Wikimédia Commons, domaine public
      Marcus Tullius Cicero. Sculpture par Bertel Thorvaldsen (vers 1799-1800), copie d'un original romain. Buste exposé au Thorvaldsens Museum à Copenhague, au Danemark. © Wikimédia Commons, domaine public

      Enfin, la dialectique est l'art de la logique. Elle permet aux élèves de comprendre comment évaluer les arguments et les raisonnements d'un texte ou d'un discours. Les élèves apprennent à reconnaître les faiblesses des arguments et à les réfuter en utilisant la logique et la raison. Cette démarche est redécouverte au XIe siècle et se construit tout au long du XIIe siècle. Elle est alors enseignée à partir d'un corpus qui date de l'Antiquité.

      Le trivium est enseigné par des maîtres, figures médiévales de l'enseignant, connus sous le nom de « magistri ». Ces maîtres sont généralement des clercs, bien souvent hommes d'Église. Ils vivent grâce au financement de leurs élèves.

      Comment est enseigné le trivium ?

      Les maîtres s'appuient sur des deux méthodes d'enseignement principales : 

      • la lectio ;
      • la disputatio.

      La lectio est ce que l'on pourrait appeler la lecture suivie. Elle est à la base de l'enseignement du trivium. Elle repose sur les Écritures saintes et consiste en un commentaire de paragraphe en paragraphe. Le niveau d'approfondissement de l'analyse dépend du niveau des étudiants : l'explication du texte peut être donnée par le maître ou réalisée par les étudiants eux-mêmes.

      Un second exercice s'impose progressivement au XIIIe siècle : la disputatio. Cet exercice suit des étapes bien spécifiques qui permettent d'organiser l'apprentissage des étudiants mais également de valoriser le maître. La disputatio peut se faire dans le cadre de l'école, dans ce cas, seuls les étudiants y assistent. Elle peut également être ordinaire et rassembler plusieurs maîtres ou encore de quolibet qui est une disputatio publique qui a lieu deux fois par an et permet à n'importe qui de poser une question sur n'importe quoi au maître.

      Dans le cadre de son enseignement, le maître choisit un sujet sur lequel il pose une question. Pour répondre à cette question, il va donner deux arguments : l'un pour, l'un contre. Les étudiants vont alors s'emparer de ces arguments pour réaliser une joute verbale, puis le maître apporte sa solution. Ces échanges doivent permettre d'utiliser la logique et la raison particulièrement efficace dans l'apprentissage de la rhétorique et de la dialectique.

      Cet enseignement du trivium perdure dans le cadre de la formation des universités. Si la rhétorique est quelque peu délaissée, la grammaire et la logique y occupent toujours une place fondamentale. Progressivement, se met en place un système de grades et d'examens : le diplôme de bachelier vient sanctionner le cursus au sein de la Faculté des Arts et permet aux étudiants de poursuivre leur cursus à la Faculté de Théologie.