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Alain Bouquet

Alain Bouquet

Docteur es sciences - DR CNRS - Cosmologie

Le plus difficile n’est pas de transmettre une connaissance, mais de transmettre la manière dont elle a été acquise : « La science n’est en aucun cas un ensemble de réponses; elle est un système pour obtenir des réponses. » dit le biochimiste Robert Shapiro. Annoncer des résultats sans la méthode qui les a fourni est pire qu’inutile. C’est donc tout l’intérêt de sites comme Futura-Sciences de ne pas donner seulement des réponses mais de susciter  des questions et des débats.

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Biographie

Docteur ès Sciences, Directeur de Recherche au CNRS, je travaille au laboratoire AstrophysiqueAstrophysique et CosmologieCosmologie (Université Paris 7, CNRS, CEA & Observatoire de Paris), où mon domaine de recherche concerne essentiellement la matière noirematière noire en cosmologie.

Après avoir étudié les théories supersymétriques de grande unification en physiquephysique des particules, je me suis intéressé à leurs conséquences astrophysiques et cosmologiques, en particulier celles résultant de l'existence d'une nouvelle particule stable, neutre, massive, et interagissant faiblement, le « neutralinoneutralino ». En perturbant le transport d'énergieénergie dans le SoleilSoleil, il aurait pu expliquer le déficit observé des neutrinosneutrinos solaires (en réalité la cause réside dans les neutrinos eux-mêmes), ou constituer la matière noire.

Parallèlement, l'alternative que la matière noire soit, dans la GalaxieGalaxie tout au moins, formée de très petites étoilesétoiles, les « machos » parut séduisante, et j'ai participé à deux programmes (ErosEros et Agape) visant à les détecter par un effet d'amplification gravitationnelle de la lumièrelumière des étoiles d'arrière-plan. Ces observations ont conclu que les « machos » ne pouvaient jouer qu'un rôle mineur. Les méthodes de détection utilisées pouvaient être aisément transposées à la recherche automatique de supernovaesupernovae, et je me suis brièvement passionné pour la question, avant de revenir aujourd'hui aux questions de cosmologie.

Je me suis toujours intéressé aux questions de diffusiondiffusion des connaissances et à la place des scientifiques dans la société, et je suis ainsi intervenu dans des lycées, des maisons de la culture, des médiathèques ou des barsbars des sciences. J'ai aussi écrit des articles de vulgarisation, traduit de nombreux livres et même écrit quelques uns (« Comment le Soleil brille-t-il ? », « Doit-on croire au big bangbig bang ? », « Pourquoi n'y a-t-il pas d'étoiles vertes ? » aux Éditions du Pommier,

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« Matière noire et autres cachotteries de l'Univers » avec Emmanuel Monnier pour Dunod).

Enfin, j'ai été pendant deux ans directeur du musée Curie, à Paris, où les questions des visiteurs m'ont poussé à plonger dans l'histoire fascinante de la radioactivitéradioactivité et dans ses conséquences multiples.

Quelques livres :

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Quelques livres dont certains aux Editions Le Pommier
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Ces deux ouvrages ont été traduits par Alain Bouquet.

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métier

L’un des atouts du métier de chercheur est que les journées ne sont jamais les mêmes. Les périodes d’activité intense sont séparées par des périodes en apparence plus calmes, mais l’activité ne s’arrête jamais totalement (la famille a parfois un peu de mal à le concevoir). Dans une période calme, je commence par lire mon courrier (qui n’est quasiment plus qu’électronique) et répondre aux messages urgents, puis je passe sur ArXiv (http://xxx.arxiv.org) voir les articles les plus récents, j’en sélectionne quelques uns pour les lire et en parler aux collègues, autour d’un café ou lors de la réunion hebdomadaire de groupe (la semaine est ponctuée par les réunions d’équipe, les réunions de groupe, les réunions de laboratoire, les séminaires, et maintenant les téléconférences avec les collaborateurs étrangers). Je me plonge ensuite dans le travail concret de la journée : il y a quelques années, c’était par exemple récupérer les données enregistrées pendant la nuit au Chili par le télescope et lancer l’analyse de recherche de supernovae, examiner les candidats, éliminer les fausses alertes, étudier de plus près ceux qui étaient provisoirement retenus, puis les ajouter à l’échantillon et passer au niveau suivant d’analyse pour examiner les propriétés de cet échantillon, le comparer à d’autres, traquer les erreurs systématiques et les biais de sélection. À certaines périodes, je me se rendais plusieurs semaines sur place (en « run » ou en « shift »). Aujourd’hui, je suis plus théoricien qu’expérimentateur ou observateur, et je consacre surtout beaucoup plus de temps à des tâches de communication scientifique, privilège du senior. Pendant ce temps, mes collègues instrumentalistes vont sur un banc optique résoudre un problème de bruit parasite qui a perturbé la mise au point d’un capteur, ou tentent de convaincre l’électronicien du labo de redessiner complètement une puce pour gagner un dixième pour cent de précision sur une mesure. Quand je suis responsable de chercheurs plus jeunes (stagiaires, doctorants ou post-doctorants), je dois leur consacrer du temps, discuter avec eux, les aider à progresser, mais aussi comprendre ce qu’ils ont obtenu : après tout, ce sont eux qui font le gros du travail de recherche ! Les questions administratives occupent un temps de plus en plus important pour  remplir de multiples dossiers auprès des différents organismes locaux, nationaux et internationaux qui peuvent soutenir nos projets de recherche, les défendre en commission, gérer les moyens matériels et surtout humains alloués, et enfin rendre des comptes sur leur utilisation. Ayant la chance d’appartenir au CNRS, je n’ai pas de charge obligatoire d’enseignement (les universitaires ont une charge d’enseignement très lourde, surtout les premières années, et des responsabilités administratives également importantes). Pendant de nombreuses années j’ai cependant assuré bénévolement des cours de cosmologie : cela demande un gros travail de préparation, mais cela permet également de beaucoup mieux comprendre son propre travail, et cela ouvre amplement l’esprit. Et il est toujours bénéfique de se frotter aux questions et aux critiques des étudiants ! Et puis il y a des périodes plus intenses où une idée qui a jailli au cours d’une discussion d’équipe paraît si prometteuse qu’on s’y lance jour et nuit, ou presque, et où plus rien d’autre n’a d’importance. Ou, plus fréquent hélas, des moments où un dossier ou un article doit être prêt avant une date limite dangereusement proche, et où on y passe les journées, les soirées et les week-ends. Mais jamais on ne fait deux fois vraiment la même chose !