A l’occasion de la 35e conférence internationale sur la physique des hautes énergies à Paris, les physiciens du Fermilab ont annoncé qu’ils pensaient désormais avoir exclu de façon claire une bande de valeurs possibles pour la masse du boson de Higgs. Si ce dernier existe, il est devenu plus probable qu’il soit léger et décrit par une théorie supersymétrique.


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    Une rumeur faisant état, non de la découverte du boson de Higgs au Tevatron mais d'indications de son existence, avait circulé dans la blogosphèreblogosphère il y a quelques semaines, avant d'être fermement démentie par le Fermilab. Toutefois, tous le monde attendait d'en savoir plus en ce qui concerne les dernières analyses des données accumulées depuis 2001 dans les détecteurs CDF et DZero. Depuis cette époque, c'est plus de 500.000 milliards de collisions de protons et d'antiprotons qui ont eu lieu dans ces détecteurs et la chasse à cette particule mythique (dernière pièce manquante au modèle standard et qui est censée expliquer l'origine des masses des particules) avait été poursuivie avec acharnement.

    Des informations devaient être dévoilées dans le cadre des séminaires de l'ICHEP 2010 qui se tient en juillet à Paris. L'International Conference on High Energy Physics, ou conférence internationale sur la physiquephysique des hautes énergiesénergies, est une conférence biannuelle, créée il y a plus de 60 ans, qui est accueillie pour la seconde fois à Paris, du 22 au 28 juillet 2010. Environ 1.000 physiciensphysiciens des particules élémentairesparticules élémentaires venant des quatre coins du globe s'y retrouvent pour faire le point sur les dernières avancées de leur discipline.

    Effectivement, le 26 juillet, Ben Kilminster donnait un séminaire en fin d'après midi, accompagné d'un article publié sur le site du Fermilab, dans lequel on apprenait que la combinaison des données enregistrées par les deux détecteurs du Tevatron excluait maintenant de façon assez précise une masse pour le boson de Higgs comprise entre 158 et 175 GeVGeV. Rappelons que les physiciens des particules ont l'habitude de parler des masses en terme de leur équivalent en énergie et que 100 GeV/c2 représentent environ 107 fois la masse d'un proton.

    La masse du boson de Higgs devrait être comprise entre 114 et 185 GeV. Selon les chercheurs travaillant avec les détecteurs du Tevatron, la bande orange pour la masse du boson de Higgs est aujourd'hui exclue par les expériences. Crédit : Fermilab.
    La masse du boson de Higgs devrait être comprise entre 114 et 185 GeV. Selon les chercheurs travaillant avec les détecteurs du Tevatron, la bande orange pour la masse du boson de Higgs est aujourd'hui exclue par les expériences. Crédit : Fermilab.

    L'exclusion d'une bande de masse similaire avait déjà été annoncée par le Fermilab il y a quelques temps puis une rétractation avait été publiée. Cependant, l'augmentation de la luminositéluminosité du Tevatron ayant contribué à ce que le double de données ait été obtenu par rapport à celles disponibles il y a un an et demi, les analyses de ces dernières étant devenues plus pointues et plus fiables, la nouvelle bande est probablement plus solidesolide. Pas de chance pour le grand mathématicienmathématicien Alain Connes qui vient peut-être de voir son dernier espoir de confirmer expérimentalement sa prédiction d'une masse du boson de Higgs à 170 GeV s'envoler. Elle découlait de sa théorie unifiant les forces à l'aide de la géométrie non-commutative dont il est le découvreur.

    Un Higgs supersymétrique ?

    On a des raisons théoriques et expérimentales de penser que la masse du Higgs doit être comprise entre 114 et 185 GeV, c'est donc une part non négligeable des masses dites lourdes pour ce boson qui vient d'être exclue. Il devient plus probable que le Higgs soit léger, c'est-à-dire avec une masse en dessous de 130 GeV environ. Ce serait à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

    En effet, un Higgs léger est exactement ce à quoi on doit s'attendre si la physique au-delà du modèle standard est décrite par de la supersymétrie et l'on devrait alors voir un supermonde de particules dans les années qui viennent au LHCLHC, expliquant la nature de la matière noirematière noire et bien d'autres choses encore. Malheureusement, un Higgs léger est difficile à produire et à détecter, ce qui repousserait au moins à 2012 l'annonce de sa découverte.

    Probablement à l'origine de la rumeur, on note cependant que Ben Kilminster mentionne en passant quelques candidats pour un boson de Higgs léger observés dans les détecteurs. Mais la signature est si faible qu'elle ne peut encore être prise au sérieux. Il va falloir s'armer de patience....A moins que deux chercheurs français du Laboratoire de Physique Théorique d'Orsay, Julien Baglio et Abdelhak Djouadi, n'aient raison quand ils mettent en doute les calculs utilisés pour exclure un Higgs lourd. Dans ce cas, sa découverte pourrait arriver plus tôt que prévu et peut-être redonner vie à la théorie d'Alain Connes.