A pale blue dot : cette photo iconique de la Terre, apparaissant comme un « point bleu pâle », acquise par Voyager 1 en 1990, alors à proximité de Saturne, a marqué les esprits. Pour la première fois, notre planète était vue de très loin. Depuis cette date, plusieurs missions spatiales ont pris un tel cliché mais l'émotion de l'époque n'est plus là. Il y a quelques jours, un des deux CubeSat en route pour Mars en compagnie d'Insight a photographié ensemble la Terre et la Lune, depuis un million de kilomètres. Que de chemin parcouru depuis 1990 dans la miniaturisation des composants spatiaux...

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    Un point bleu pâle. La célèbre photographiephotographie de la planète Terre que Carl SaganCarl Sagan avait demandée à l'équipe de la sonde Voyager 1, en février 1990, est devenue une photo iconique de cette époque. Il y a quelques jours, ce cliché a de nouveau été reproduit par un CubesatCubesat mais depuis une distance bien moins éloignée de la Terre que celle à laquelle se trouvait alors Voyager 1Voyager 1. Un million de kilomètres contre quelque 6,4 milliards de kilomètres. Ce cliché est néanmoins inédit. Non pas par la présence de la Lune mais par le fait qu'il a été réalisé par un Cubesat depuis une distance record pour ce type de très petit satellite, habituellement cantonné à l'orbite basse à moins de 800 kilomètres du sol.

    Cette photo a été prise le 9 mai par MarCO-B, un des deux Cubesat de la mission Mars Cube One qui accompagnent la sonde InSight vers la planète Mars. Elle n'a évidemment aucun intérêt scientifique mais a tout de même une utilité. Elle fait partie d'une série de tests pour évaluer l'état général du CubeSat et s'assurer notamment du bon fonctionnement de l'antenne à gain élevé qui a été déployée après le décollage.

    Un cliché inédit de la Terre et la Lune, acquis depuis une distance plus de un million de kilomètres par un de deux CubeSat MarCO. © Nasa/JPL-Caltech

    Un cliché inédit de la Terre et la Lune, acquis depuis une distance plus de un million de kilomètres par un de deux CubeSat MarCO. © Nasa/JPL-Caltech

    La mission martienne des deux MarCO

    Les deux CubeSat MarCO ont été lancés le 5 mai, en même temps que la sonde InSight avec à son bord le sismomètre français Seis à destination de Mars. Depuis leur départ de la Terre, ils suivront InSight tout au long de son voyage martien. S'ils parviennent à atteindre la planète, ils seront utilisés pour relayer la télémesure et les données d'InSight lors de son entrée dans l'atmosphèreatmosphère martienne et pendant sa descente jusqu'à son atterrissage.

    Le rôle des deux CubeSat est secondaire pour cette tâche. Le relais de données sera principalement assuré par la sonde Mars Reconnaissance Orbiter de la Nasa (MROMRO), voire le TGO de l'Agence spatiale européenneAgence spatiale européenne en cas de nécessité.

    Le cliché iconique de Voyager 1 montrant la Terre vue depuis une distance de 6,4 milliards de kilomètres. Les rayures sur l'image s'expliquent par la lumière du Soleil qui s'est éparpillée à l'intérieur de la caméra. © Nasa, JPL

    Le cliché iconique de Voyager 1 montrant la Terre vue depuis une distance de 6,4 milliards de kilomètres. Les rayures sur l'image s'expliquent par la lumière du Soleil qui s'est éparpillée à l'intérieur de la caméra. © Nasa, JPL

    Ces deux MarCO sont avant tout des précurseurs, chargés de démontrer que des missions futures pourront apporter avec elles leur propre relais de communications. Pour comprendre le défi technique, il faut savoir que le MRO est un satellite d'une envergure de plus de 13 mètres et d'une masse au lancement de plus de 2 tonnes, dont 134 kgkg d'instruments.

    Or, les MarCO sont des CubeSat de six unités de 13,5 kg ayant chacun la forme d'un parallélépipède de 36,6 cm × 24,3 cm × 11,8 cm. Cette différence de taille explique la nécessité de tester les technologies miniaturisées au maximum, dont les antennes, les systèmes de communication et les propulseurspropulseurs.