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    Leo Kanner, un pédopsychiatre autrichien exilé aux États-Unis depuis 20 ans, publie en 1943 un article scientifique dans lequel il définit l'autisme infantileautisme infantile. Quelques mois après, il est concurrencé par un ancien compatriote, Hans Asperger, qui apporte lui aussi une définition de l'autisme précoce.

    Vers une meilleure définition de l'autisme infantile. © Agsandrew, Fotolia
    Vers une meilleure définition de l'autisme infantile. © Agsandrew, Fotolia
    Leo Kanner a travaillé avec 11 enfants atteints de troubles du développement qu'il résumera sous un seul terme : l'autisme. © <em>John Hopkins University</em>, Wikipédia, DP
    Leo Kanner a travaillé avec 11 enfants atteints de troubles du développement qu'il résumera sous un seul terme : l'autisme. © John Hopkins University, Wikipédia, DP

    Avec Leo Kanner, une meilleure définition de l'autisme

    Le nom est resté dans l'Histoire. Leo Kanner (1894-1981), psychiatre formé à l'école allemande, rejoint les États-Unis en janvier 1924. Commençant sa carrière américaine comme médecin assistant à l'hôpital d'Yankton, dans le Dakota du Sud, il intègre la Henry Phipps Psychiatric Clinic, rattachée à la célèbre John Hopkins University de Baltimore, en 1928. Il est recruté par le psychiatre suisse renommé Adolf Meyer, avec qui il collabore de nombreuses années.

    L'année 1930 marque un tournant. Il crée le premier service de psychiatrie infantile dans un hôpital universitaire. Grâce à des publications, Leo Kanner se forge une solide réputation dans le milieu. Mais il connaît l'apogée de sa carrière en 1943, en sortant un article nommé Austistic disturbance of affective contact, dans le journal Nervous Child.

    À partir des cas particuliers de 11 enfants qu'il côtoie depuis 1938, le psychiatre sort de la tradition classique et comprend que les différents troubles de l'intelligenceintelligence et du comportement que présentent ses jeunes patients sont les symptômessymptômes d'un même désordre neurologique. Il se réapproprie le terme d'« autisme », notion inventée en 1911 par le psychiatre suisse Eugene Bleuler pour désigner une des manifestations secondaires à la schizophrénieschizophrénie chez le jeune adulte. Dans cette nouvelle appellation, il détache la schizophrénie de ces troubles du comportement et met en évidence une origine précoce. En 1944, le terme d'« autisme infantile précoce » est même créé, qui deviendra ultérieurement l'« autisme de Kanner ». La psychiatrie infantile prend un nouveau tournant.

    Hans Asperger, l’autre père de la notion d’autisme

    Dans la première moitié du XXe siècle, la psychiatrie germanophone est à la pointe. Si Leo Kanner a choisi les universités américaines, d'autres sont restés poursuivre leurs travaux sur le Vieux Continent. Le Viennois Hans Asperger fait partie de ceux-là. Travaillant auprès des enfants depuis 1926, il compte parmi ses patients quatre petits garçons particuliers, qu'il définit comme dotés « d'un manque d'empathieempathie, d'une faible capacité à se créer des amis, d'une conversation unidirectionnelle, d'une intense préoccupation pour un sujet particulier, et de mouvements maladroits ».

    Ces écrits, intitulés Die « Autistischen Psychopathen » im Kindesalter (que l'on traduit par « Les psychopathies autistiques dans l'enfance ») ont été publiés en 1944 dans la revue allemande Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten mais rédigés en 1943, très proches dans le temps de ceux de Leo Kramer.

    Malheureusement, ces travaux rédigés en langue allemande sont restés dans l'ombre durant de nombreuses années, jusqu'à ce que la Britannique Lorna Wing, spécialiste de l'autisme, ne mentionne cette recherche en 1981, lui donnant davantage de visibilité. Depuis, elle a pris de l'importance et constitue même, avec l'article de Leo Kanner, l'un des socles pour définir la notion d'autisme infantile.

    De manière plutôt ironique, il semblerait que durant son enfance, Hans Asperger présentait les mêmes troubles que ceux qu'il a décrits quelques années plus tard, et que l'on regroupe désormais sous le nom de « syndrome d'Aspergersyndrome d'Asperger ».