Des chercheurs américains affirment que la pratique de jeux vidéo violents induit une diminution de l’activation de certaines régions du cerveau associées aux fonctions cognitives et au contrôle émotionnel. De quoi relancer un débat vieux de plusieurs années maintenant.

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    Les détracteurs des jeux vidéo semblent détenir un argument supplémentaire. Jusque-là, les différentes études citaient les avantages ou les inconvénients, certaines mettant en avant l'amélioration des capacités motrices et visuelles, quand d'autres insistaient sur l'augmentation des comportements violents sans en démontrer l'origine cérébrale.

    C'est désormais chose faite. Lors du congrès annuel de la Société de radiologie d’Amérique du Nord, le Dr Matthews et ses collègues chercheurs de l'université d’Indiana ont fait part de leurs travaux appuyant l'idée que la pratique de jeux vidéojeux vidéo violents modifie l'activité de quelques régions du cerveau, entraînant une inhibition des émotions et une augmentation de l'agressivité.

    Quand la mort ne fait plus peur

    Comment en sont-ils arrivés à de telles conclusions ? L'expérience a consisté à soumettre à un examen d'IRM fonctionnel 28 garçons âgés de 18 à 29 ans, non adeptes des jeux vidéo. Séparés en deux groupes égaux, les individus du premier devaient passer 10 heures derrière leur manette à tirer sur des créatures virtuelles et étaient chargés de s'abstenir lors de la seconde semaine. Quant à ceux du second groupe, toute activité vidéoludique leur était interdite. Les images d'IRM ont été récoltées en trois étapes : avant l'étude, après la première semaine puis après la seconde.

    Les IRM fonctionnels permettent de mesurer l'activité cérébrale de manière indirecte, en mesurant les flux sanguins. © Washington Irving, Wikipédia DP

    Les IRM fonctionnels permettent de mesurer l'activité cérébrale de manière indirecte, en mesurant les flux sanguins. © Washington Irving, Wikipédia DP

    Les différences entre les deux lots n'apparaissent qu'après les sept premiers jours de traitement. Lorsque les chercheurs ont stimulé des régions cérébrales précises comme le cortex préfrontal dorsolatéral, connu pour moduler les émotions et l'inhibition, ils ont constaté une diminution de l'activation de ces zones par rapport au niveau basalbasal. Cela se traduit par une moins grande émotivité à l'évocation d'un mot ou d'un comportement violent. Après une semaine sans toucher à la manette, ces régions avaient retrouvé leur activité basale.

    Le Dr. Matthews se satisfait grandement de cette découverte. « Nos résultats peuvent être l'explication à ces études comportementales montrant une augmentation de l'agressivité après la pratique de jeux vidéo violents. On détient enfin une explication physiologique à ce qui avait été démontré précédemment. » Leur projet désormais consiste à vérifier si l'antidoteantidote ne réside pas dans l'utilisation de jeux vidéo prosociaux.